Bruno Chevillon, contrebassiste français né en 1959, est un artiste dont l'approche de l'instrument est fondamentalement sculpturale et conceptuelle. Son parcours est marqué par une démarche interdisciplinaire, ayant obtenu un diplôme des Beaux-Arts avant de se consacrer pleinement à la musique. Après une formation classique, il s'est tourné vers l'étude du jazz et de l'improvisation libre, notamment en suivant la classe d'André Jaume au Conservatoire.
Cette formation artistique initiale a une implication profonde sur son style : elle le pousse à aborder la contrebasse comme une source de matières sonores, où la structure et la texture sont aussi importantes que la mélodie ou l'harmonie.
L'identité de Chevillon est intrinsèquement liée aux mouvements d'expérimentation musicale en France. Il est un membre actif et essentiel d'organisations telles que le GRIM et l'ARFI (Association à la Recherche d'un Folklore Imaginaire), où il a collaboré avec des musiciens clés comme Louis Sclavis. Son adhésion à ces structures confirme son engagement envers les formes non-traditionnelles du jazz et de la musique contemporaine.
Son travail en solo et son implication dans ce champ conceptuel le placent dans une tradition européenne où la contrebasse est un outil philosophique. Il ne se contente pas de fournir le soutien harmonique ou rythmique; il explore la résonance, le frottement, les harmoniques et les bruits intrinsèques de l'instrument. Ce faisant, il redéfinit les paramètres du son acoustique de la contrebasse, offrant un contraste frappant avec les contrebassistes américains de sa génération qui étaient principalement centrés sur l'évolution du Hard Bop.
Reconnu pour être un sideman brillant, Chevillon est particulièrement apprécié pour sa capacité à s'intégrer à des ensembles qui exigent une grande agilité improvisatrice. Il est un collaborateur fréquent des figures marquantes du jazz progressif européen. Ses travaux avec le saxophoniste et compositeur Michel Portal (notamment dans son quintet) et le guitariste Marc Ducret (avec des projets exigeants comme Métatonal ou Caravaggio) illustrent sa capacité à soutenir l'improvisation libre tout en conservant une conscience structurelle.
Chevillon est un artiste qui manipule la contrebasse pour créer un univers sonore textuel, prouvant que la basse peut être aussi une source d'abstraction poétique.
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