Souvenir, Norman Keenan (1916–1980) : Le Gardien du "New Testament" de Basie

Publié le 23 novembre 2025 à 08:56

En ce 23 novembre, nous célébrons la naissance d'un géant de la contrebasse, Norman Keenan (né en 1916 à Union, Caroline du Sud), dont la pulsation cardiaque a soutenu certaines des plus grandes institutions musicales du siècle dernier. Si le grand public connaît la voix de Frank Sinatra ou le piano de Count Basie, c'est bien la main droite de Norman Keenan qui leur offrait ce tapis rythmique inébranlable sur lequel ils pouvaient danser.   

La carrière de Keenan est une leçon d'histoire du jazz. Comme beaucoup de contrebassistes de son époque, il a débuté par le piano, acquérant une compréhension harmonique qui allait enrichir ses futures lignes de basse, avant d'adopter la contrebasse à l'âge de 15 ans. Sa carrière précoce le voit fréquenter le légendaire Minton's Playhouse à Harlem, véritable laboratoire où le bebop était en train de naître, prouvant qu'il était capable de tenir tête aux architectes de la musique moderne.   

Après avoir servi de pilier au célèbre club Village Vanguard pendant près de dix ans (1949-1957) et accompagné la star du calypso Harry Belafonte, Keenan rejoint en 1965 le Count Basie Orchestra. C'est là qu'il écrit sa légende. Succéder à Walter Page était une tâche impossible pour beaucoup, mais Keenan s'est imposé, formant avec le guitariste Freddie Green une section rythmique d'une cohésion surnaturelle.   

Il est le bassiste que l'on entend sur l'album mythique Sinatra at the Sands (1966). Écoutez attentivement "Fly Me To The Moon" : cette propulsion, cette énergie qui ne faiblit jamais, c'est Keenan. Il restera avec Basie jusqu'en 1974, participant même au film Blazing Saddles dans un caméo mémorable avec l'orchestre en plein désert. Norman Keenan nous a quittés en 1980, laissant derrière lui l'exemple parfait du "sideman" : efficace, élégant et indispensable.   

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