Aujourd'hui, Richard Bona, le bassiste de la World-Jazz (Né le 28 octobre 1967)

Publié le 28 octobre 2025 à 06:08

En ce 28 octobre, nous célébrons l'anniversaire de Richard Bona, un artiste dont le nom est devenu synonyme d'une musicalité transcendante et d'une maîtrise instrumentale qui force l'admiration. Né en 1967 à Minta, au Cameroun, Richard Bona est bien plus qu'un simple bassiste ; il est un chanteur à la voix céleste, un multi-instrumentiste accompli (guitare, percussions, balafon), un compositeur prolifique et un arrangeur de génie. Sa capacité à fusionner les rythmes complexes de ses racines camerounaises avec la sophistication harmonique du jazz et la chaleur de la pop mondiale en fait l'un des musiciens les plus respectés et les plus aimés de sa génération.

L'histoire de Richard Bona est celle d'un prodige musical. Né dans une famille de musiciens – son grand-père était percussionniste et griot, sa mère chanteuse – il est exposé à la musique dès son plus jeune âge. À seulement quatre ans, il apprend à jouer du balafon. Démontrant une oreille absolue et une capacité d'apprentissage phénoménale, il fabrique ses propres instruments, dont une guitare à 12 cordes faite de câbles de frein de vélo. Adolescent, il s'installe à Douala, la capitale économique, et devient rapidement le musicien de club le plus demandé de la ville.

Le véritable tournant se produit lorsqu'un expatrié français lui fait découvrir le jazz, et plus particulièrement un album qui changera sa vie : Portrait of Tracy de Jaco Pastorius. En entendant le son révolutionnaire de la basse fretless de Pastorius, Bona trouve sa voie. Il décortique la technique et l'harmonie du maître américain avec une rapidité stupéfiante, tout en y intégrant sa propre sensibilité mélodique africaine.

À 22 ans, il part pour l'Allemagne avant de s'installer à Paris. Il s'inscrit dans une école de musique pour apprendre formellement ce qu'il jouait déjà d'oreille et devient rapidement un musicien de session très prisé, accompagnant des artistes de renom comme Manu Dibango, Salif Keïta ou Jacques Higelin.

Mais c'est son déménagement à New York en 1995 qui le propulse sur la scène internationale. Il devient le protégé du grand saxophoniste Joe Zawinul (fondateur de Weather Report, le groupe de Jaco Pastorius), qui voit en lui un talent rare. Bona intègre le Zawinul Syndicate, un honneur qui le place directement dans la lignée des grands bassistes de jazz-fusion. Parallèlement, il devient un pilier de la scène new-yorkaise, jouant avec des géants tels que Harry Belafonte (dont il devient le directeur musical), Pat Metheny, Herbie Hancock, Chick Corea et Bobby McFerrin.

En 1999, Richard Bona lance sa carrière solo avec l'album Scenes from My Life. C'est une révélation. L'album met en valeur non seulement son jeu de basse fluide et lyrique, mais aussi sa voix de tête angélique, chantant principalement en Duala, sa langue maternelle. Des morceaux comme "Dipita" ou "Souwedi Na Wengue" révèlent un conteur d'histoires capable de créer des paysages sonores d'une beauté poignante.

Son jeu de basse, qu'il soit à la basse électrique (souvent une fretless) ou à la contrebasse, est un modèle de fluidité. Il combine une agilité rythmique africaine avec une connaissance harmonique profonde du jazz. Il n'utilise jamais la technique pour la technique ; chaque note, chaque glissando, chaque accord est au service de la mélodie et de l'émotion. Il est souvent comparé à Jaco Pastorius pour sa virtuosité et son son, mais Bona a su créer une voix totalement unique, plus douce, plus chantante, peut-être moins agressive mais tout aussi complexe.

Sa discographie solo (Munia, Tiki, Bonafied) est un voyage à travers les continents, une "world music" au sens le plus noble du terme. Il a reçu de nombreuses distinctions, dont une Victoire du Jazz en France et plusieurs nominations aux Grammy Awards. Sur scène, sa présence est magnétique, marquée par un calme souriant et une générosité évidente.

Aujourd'hui, Richard Bona est une icône mondiale. Il a réussi le pari de devenir un "bass hero" tout en étant un artiste pop accessible, un musicien de jazz respecté et un ambassadeur de la culture camerounaise. Joyeux anniversaire au "Ninja africain" de la basse, un musicien dont le talent semble infini.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.