Née le 23 octobre 1975, Jodi Proznick est une figure éminente de la scène jazz canadienne. Contrebassiste nommée aux prix Juno, compositrice, productrice et éducatrice, elle incarne l'excellence et la polyvalence. Sa carrière est définie non seulement par une maîtrise technique irréprochable, mais aussi par une narration musicale profonde et un engagement indéfectible envers l'éducation et la transmission, faisant d'elle l'une des voix les plus éloquentes de son instrument.
Élevée à Surrey, en Colombie-Britannique, Jodi Proznick a baigné dans la musique dès son plus jeune âge, guidée par son père, un éducateur musical primé. Son passage à la contrebasse est le fruit d'une anecdote amusante mais décisive : après une expérience malheureuse au hautbois, elle a accepté de jouer de la basse pour dépanner l'orchestre de son père, une décision pragmatique qui a finalement tracé le cours de sa vie.
Son talent a rapidement été reconnu. Après avoir remporté le General Motors Award of Excellence, elle a poursuivi ses études à la prestigieuse Université McGill. Des distinctions comme le prix "Sisters in Jazz" de l'IAJE l'ont rapidement positionnée comme une étoile montante de la scène jazz, bien avant qu'elle ne devienne une artiste confirmée.
Jodi Proznick est devenue l'une des contrebassistes les plus demandées au Canada. Sa discographie et ses collaborations sont impressionnantes, ayant joué et enregistré avec des sommités du jazz canadien et international telles que Michael Bublé, Sheila Jordan, Peter Bernstein, et le légendaire saxophoniste de Ray Charles, David "Fathead" Newman.
En plus de son travail en tant que sideman, elle mène avec succès ses propres projets. Son Jodi Proznick Quartet a été acclamé, tout comme le trio Triology et, plus récemment, The Ostara Project, un supergroupe entièrement féminin nommé aux prix Juno. Ses nombreuses récompenses, dont plusieurs National Jazz Awards en tant que bassiste de l'année et le Western Canadian Music Award en tant qu'artiste de jazz de l'année, témoignent de son statut d'excellence.
Le style de jeu de Jodi Proznick est souvent décrit comme ayant un "sens du groove contagieux" et jouant "avec le cœur". Son approche est lyrique et profondément connectée à la mélodie et à l'émotion de la musique, toujours au service de la pièce et de ses collaborateurs.
Cette approche communicative se reflète directement dans sa philosophie de l'enseignement. Pour elle, "la musique est un langage". Cette idée simple mais profonde est le fil conducteur qui relie toutes les facettes de sa carrière. En tant que musicienne, elle est une "interlocutrice" qui engage un dialogue avec ses partenaires sur scène. En tant que compositrice, elle est une "narratrice" qui articule ses expériences personnelles à travers le son. En tant qu'éducatrice, elle est une "linguiste" qui enseigne la grammaire et le vocabulaire du jazz pour que ses étudiants puissent à leur tour devenir des "locuteurs" fluides. Ses rôles à l'école de musique de l'Orchestre symphonique de Vancouver et dans diverses universités ne sont donc pas des activités annexes, mais des applications directes de sa conviction fondamentale dans le pouvoir communicatif de la musique.
L'album de Jodi Proznick Sun Songs, nommé aux Juno, est un exemple parfait de sa profondeur artistique. Le concept de l'album, né de deux événements de vie majeurs et opposés – la naissance de son fils et le diagnostic de démence précoce de sa mère – est un acte puissant de catharsis musicale. Elle y transforme des expériences profondément personnelles en déclarations musicales universelles, démontrant que la vulnérabilité peut être une "super-puissance" artistique.
L'héritage de Jodi Proznick est celui d'une artiste qui excelle non seulement dans son art, mais aussi dans sa capacité à créer des liens, à communiquer et à contribuer à sa communauté. Elle s'est imposée comme une figure centrale et inspirante du jazz moderne, une musicienne dont la voix, exprimée à travers les quatre cordes de sa contrebasse, résonne avec clarté, intelligence et une profonde humanité.
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