Joyeux anniversaire à Bootsy Collins, le Pharaon du Funk et Maître incontesté de la "Space Bass"

Publié le 26 octobre 2025 à 06:14

En ce 26 octobre, le monde du groove célèbre la naissance d'une véritable icône, un pilier dont les lignes de basse ont non seulement défini un genre, mais l'ont propulsé dans une autre galaxie : William Earl "Bootsy" Collins, né en 1951 à Cincinnati, Ohio. Plus qu'un simple musicien, Bootsy est une force de la nature, un personnage flamboyant dont l'influence sur le funk, la soul, le R&B et le hip-hop est tout simplement incommensurable.

Les débuts : L'école James Brown

L'histoire de Bootsy Collins ne peut être racontée sans évoquer son entrée fracassante sur la scène musicale. À la fin des années 1960, encore adolescent, il forme le groupe The Pacemakers avec son frère aîné Phelps "Catfish" Collins à la guitare. Leur talent est si brut et si évident que le Parrain de la Soul, James Brown, les recrute en bloc en 1969 pour devenir son nouveau groupe de scène, rebaptisé The J.B.'s (The James Brown's).

Ce qui suit est une période d'apprentissage intense et révolutionnaire. Bien que brève (environ 11 mois), la collaboration de Bootsy avec James Brown est explosive. C'est durant cette période que Bootsy développe sa théorie du "The One" (Le Un), cette emphase rythmique implacable sur le premier temps de la mesure, qui deviendra la pierre angulaire du funk. On peut entendre son jeu de basse jeune, mais déjà incroyablement percutant et précis, sur des classiques intemporels comme "Sex Machine", "Super Bad" et "Get Up (I Feel Like Being a) Sex Machine".

Cependant, la discipline de fer de James Brown entre vite en conflit avec l'esprit exubérant et psychédélique du jeune Bootsy. La légende raconte que le point de rupture fut atteint lorsque Bootsy, sous l'influence de LSD, aurait halluciné en voyant le manche de sa basse se transformer en serpent lors d'un concert. Quoi qu'il en soit, l'association prend fin, mais elle a forgé un musicien prêt à redéfinir les règles.

L'ère P-Funk : L'invasion galactique

Après son départ de l'organisation Brown, Bootsy retourne brièvement à Cincinnati avant d'être attiré par une autre force cosmique de la musique noire : George Clinton et son collectif Parliament-Funkadelic (P-Funk). Si James Brown a appris à Bootsy la discipline du "One", George Clinton lui offre la liberté totale.

Au sein de P-Funk, Bootsy Collins n'est plus seulement un bassiste ; il devient un personnage. Il adopte ses fameuses lunettes en forme d'étoile ("Bootsy" Star-Shaped Glasses), ses costumes extravagants et sa "Space Bass" (une basse customisée elle aussi en forme d'étoile). Il devient "Bootzilla", "Casper the Funky Ghost", un super-héros du groove.

Musicalement, c'est là qu'il perfectionne son son signature. Il popularise l'utilisation de l'enveloppe filter (ou auto-wah), notamment la pédale Mu-Tron III, qui donne à sa basse ce son "gla-gla" caoutchouteux et vocal si distinctif. Ses lignes de basse deviennent des mélodies à part entière, complexes mais toujours ancrées dans une pulsation irrésistible. Il est le moteur rythmique et mélodique derrière des albums monuments de P-Funk comme "Mothership Connection" et "One Nation Under a Groove".

Bootsy's Rubber Band : Le Funk en son nom

Parallèlement à son travail avec P-Funk, George Clinton encourage Bootsy à lancer son propre projet : Bootsy's Rubber Band. C'est là que Bootsy s'épanouit en tant que leader, chanteur (avec sa voix douce, presque murmurée) et compositeur.

Le premier album, "Stretchin' Out in Bootsy's Rubber Band" (1976), est un chef-d'œuvre. Le single "I'd Rather Be with You" devient un classique du "slow jam" funk. Les albums suivants, "Ahh... The Name Is Bootsy, Baby!" (1977) et "Bootsy? Player of the Year" (1978), consolident son statut de superstar. Des titres comme "Bootzilla" (qui devient son surnom) et "The Pinocchio Theory" (basée sur sa philosophie que "le funk te libère") sont des hymnes hédonistes et joyeux.

L'Héritage et l'Influence

L'influence de Bootsy Collins dépasse largement le cadre du funk des années 70. Dans les années 80 et 90, alors que le hip-hop émerge, les producteurs se tournent massivement vers ses lignes de basse. De Dr. Dre (sur "The Chronic") à Snoop Dogg, en passant par EPMD et Ice Cube, le son de Bootsy devient la fondation du G-Funk et d'une grande partie du rap West Coast.

Reconnu par ses pairs comme l'un des plus grands bassistes de tous les temps, il a collaboré avec une multitude d'artistes, de Deee-Lite ("Groove Is in the Heart") à Fatboy Slim, en passant par Buckethead (dans le groupe Praxis).

Intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 1997 avec Parliament-Funkadelic, Bootsy Collins n'est pas seulement un bassiste ; il est l'incarnation de la joie, de l'exubérance et du pouvoir libérateur de la musique. En ce 26 octobre, nous célébrons la naissance d'une galaxie de groove qui continue de faire danser le monde.

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