Portrait, Larry Graham, le géant de la funk fête ses 79 ans !

Publié le 14 août 2025 à 08:21

Peu de noms résonnent avec autant de force que celui de Larry Graham. Il n'est pas simplement un musicien émérite, mais un véritable révolutionnaire dont les contributions ont fondamentalement remodelé le rôle de la basse électrique dans la musique populaire. Son nom est aujourd'hui synonyme de funk, de groove et de la puissance percussive des fréquences graves. En cette période de célébration de son héritage durable, peut-être à l'occasion de son anniversaire, il est essentiel de se pencher sur la vie et la carrière de cet artiste qui a transformé un instrument d'accompagnement en une force motrice à part entière.

La contribution la plus emblématique de Larry Graham est sans conteste l'invention de la technique de la "slap bass", ou comme il préfère l'appeler, le "thumpin' and pluckin'". Cette approche novatrice a considérablement élargi la palette sonore et rythmique de la basse, la faisant passer d'un simple support harmonique à un instrument percussif de premier plan. Cet article explorera les dimensions techniques, historiques et personnelles de sa carrière, offrant des perspectives qui résonneront profondément avec les bassistes et les amateurs de musique.

Jeunesse et Genèse d'un Révolutionnaire de la Basse

Larry Graham Jr. est né le 14 août 1946 à Beaumont, Texas, et a grandi à Oakland, Californie. Ce contexte géographique est significatif, car la région de la Baie de San Francisco était un foyer d'innovation musicale dans les années 1960. Sa famille a joué un rôle déterminant dans son éveil musical. Sa mère, Dell Graham, était une pianiste et chanteuse, et son père, un guitariste de jazz. Cette exposition précoce à divers styles musicaux a jeté les bases d'une carrière riche et variée.

Les premières incursions musicales de Graham furent éclectiques. Dès l'âge de cinq ans, il s'adonnait aux claquettes, puis, deux ans plus tard, il commença le piano sous la tutelle de sa grand-mère. Son parcours scolaire le vit également jouer de la clarinette, du saxophone et de la batterie dans l'orchestre et la fanfare. Cette polyvalence instrumentale est essentielle pour comprendre son approche globale du rythme et de la mélodie.

Le tournant décisif vers la basse électrique survint à l'âge de 11 ans, lorsque son père lui offrit sa guitare personnelle, décidant de ne plus jouer lui-même. C'est ainsi que Larry commença sa carrière musicale professionnelle cette même année, jouant dans son premier groupe et enregistrant son premier disque à 13 ans. À 15 ans, il rejoignit le groupe de sa mère, The Dell Graham Trio, où il tenait la guitare, sa mère le piano, et Ruben Kerr la batterie. C'est à ce moment-là que la nécessité, mère de l'invention, allait le pousser vers une innovation sans précédent. Lorsque sa mère décida de transformer le trio en un duo, ne gardant que la basse et le piano, ils se retrouvèrent sans batteur. Larry, qui avait initialement loué une basse dans l'attente que l'orgue du club soit réparé pour reprendre la guitare, se retrouva contraint de compenser l'absence de percussions. Il a lui-même déclaré que cette technique est née "par nécessité" et qu'il n'essayait "pas d'inventer quelque chose de nouveau". Cette origine pragmatique de son innovation rend son histoire d'autant plus fascinante pour les bassistes, soulignant que des solutions créatives aux problèmes pratiques peuvent donner naissance à des techniques révolutionnaires.

La Naissance du "Thumpin' and Pluckin'" : Une Révolution Rythmique

La technique emblématique de Larry Graham, qu'il nomme "thumpin' and pluckin'", est née d'une contrainte simple mais profonde : l'absence de batteur dans le duo qu'il formait avec sa mère. Pour pallier ce manque, il a développé une méthode pour que sa basse puisse à la fois soutenir les lignes mélodiques et fournir les éléments percussifs essentiels à un groove complet.

Il a compensé l'absence de grosse caisse en "thumpant" (frappant) les cordes graves avec son pouce. Simultanément, il a simulé le son de la caisse claire en "pluckant" (tirant et relâchant brusquement) les cordes aiguës avec son index ou son majeur, créant un son claqué distinctif. Cette technique intègre également l'utilisation de notes étouffées ou "mortes" pour renforcer l'effet rythmique, ajoutant à la complexité du groove.

Il est important de noter que, bien que cette technique soit universellement connue sous le nom de "slap bass", Graham lui-même préfère l'appellation "thumpin' and pluckin'". Cette préférence souligne sa connexion personnelle avec le développement organique de la technique, qui n'était pas une tentative délibérée d'innovation, mais une solution pratique et temporaire à un problème.

Cette approche novatrice a radicalement transformé la palette sonore et les possibilités rythmiques de la basse électrique. Elle a élevé la basse d'un instrument de fond à une pièce maîtresse dynamique et percussive, capable de propulser le groove avec une force sans précédent. Il est pertinent de souligner que, si Larry Graham est largement reconnu pour avoir inventé le slap sur la basse électrique, la technique du "slapping" existait déjà chez les contrebassistes de jazz, de swing et de rockabilly au début du XXe siècle. Des figures comme Bill Black, le bassiste d'Elvis Presley, utilisaient une approche de slap axée sur le pouce à la contrebasse dans les années 1950. L'innovation de Graham a été d'adapter et de perfectionner ce concept percussif à la basse électrique, en reproduisant spécifiquement les motifs de la grosse caisse et de la caisse claire. Cette adaptation à l'instrument électrique, avec ses caractéristiques de sustain et d'attaque différentes, a créé un son distinct et a considérablement élargi son application. Cette nuance est cruciale pour un public de bassistes, car elle démontre que l'innovation s'appuie souvent sur des fondations existantes. Graham n'a pas inventé le jeu de basse percussif en soi, mais il a été le pionnier de son application et de son raffinement sur la basse électrique, la rendant essentielle aux nouveaux genres comme le funk.

Sly and the Family Stone : Forger le Modèle du Funk

L'entrée de Larry Graham dans Sly and the Family Stone en 1968 marqua un tournant décisif pour sa carrière et pour l'histoire de la musique. Ce groupe était révolutionnaire à bien des égards, étant le premier grand groupe de rock américain à présenter une formation intégrée racialement et mixte.

Le jeu de basse unique de Graham devint rapidement une pierre angulaire du son de Sly and the Family Stone. Son style "thumpin' and pluckin'" fut d'abord entendu par un public national sur leur premier album, A Whole New Thing (1967). Ses lignes de basse furent essentielles pour façonner le succès du groupe et définir le genre émergent du funk. Des titres emblématiques comme "Dance to the Music" (1968), "Everybody Is a Star", "Thank You (Falettinme Be Mice Elf Agin)" (1969) et "Everyday People" (1968) mirent en évidence son style novateur. L'album acclamé par la critique

Stand! (1969) combinait une sensibilité pop avec un commentaire social, tout en présentant son travail de basse innovant.

Il est important de comprendre que si Graham a développé sa technique au sein du duo de sa mère, c'est son passage au sein de Sly and the Family Stone (de 1967 à 1972) qui a propulsé son style "thumpin' and pluckin'" à une reconnaissance mondiale.7 La popularité étendue du groupe et leur son influent ont permis à des millions de personnes d'entendre et d'être touchées par ses lignes de basse innovantes. Cela démontre qu'une innovation géniale a souvent besoin d'une plateforme puissante pour atteindre une influence généralisée. La symbiose entre le talent individuel de Graham et l'opportunité offerte par Sly and the Family Stone fut parfaite, permettant à sa technique de devenir un élément fondamental du funk et d'inspirer d'innombrables futurs bassistes.

Le départ de Larry Graham du groupe en 1972 fut entouré de circonstances complexes. Des "nombreuses années de tension" existaient entre Graham et le leader Sly Stone. Des rumeurs firent état d'une bagarre après un concert et même de l'embauche d'un tueur à gages par Larry pour éliminer Sly. Graham et sa femme durent s'échapper par une fenêtre d'hôtel, Pat Rizzo leur offrant un refuge. Incapable de continuer à travailler avec Sly, Graham quitta immédiatement le groupe.

Ce départ ne fut pas une simple rupture de groupe, mais un tournant majeur pour la carrière de Graham. La friction intense et la sortie dramatique le forcèrent à tracer sa propre voie. Il arrive souvent que des conflits intenses dans les domaines créatifs agissent comme des catalyseurs pour de nouvelles orientations artistiques et une croissance personnelle. Plutôt que d'être étouffé, Graham saisit ce moment pour prendre le contrôle créatif et former son propre groupe. Cela démontre une résilience et un engagement inébranlable envers sa vision musicale. Son départ, bien que difficile, a finalement conduit à la création de Graham Central Station, lui permettant de développer davantage son son et son leadership.

Graham Central Station : Mener la Charge du Funk

Après son départ de Sly and the Family Stone en 1972, Larry Graham accepta initialement de produire un groupe nommé Hot Chocolate (à ne pas confondre avec le groupe pop britannique). Il rejoignit finalement le groupe et le renomma Graham Central Station en 1973. Le nom lui-même est un jeu de mots astucieux sur la gare Grand Central Station de Manhattan.

Le groupe Graham Central Station a repris les fondations du funk établies par Graham avec Sly et y a infusé des couches de soul, de blues et d'autres styles, créant une "vision kaléidoscopique du funk". Le groupe était structuré autour de la puissante voix de Patryce "Chocolate" Banks. Le leadership de Graham lui permit de développer pleinement son style de jeu "démentiel" et d'élargir son approche compositionnelle.

Leur premier album éponyme, Graham Central Station, fut lancé début 1974. Il contenait le succès "Can You Handle It?", qui atteignit la 9e place du classement Billboard Soul Singles et la 49e place du classement US Pop. Le titre "Hair", bien que non sorti en single, devint l'une des compositions les plus populaires de Graham, construite autour de sa ligne de basse sinueuse. Plus tard en 1974, Release Yourself produisit le succès "Feel the Need". Graham Central Station fut nominé pour un Grammy du meilleur nouvel artiste en 1974. Leur troisième album,

Ain’t No ‘Bout-A-Doubt It (1975), fut certifié or et comprenait le single "Your Love", classé dans le Top 40. Parmi les autres titres notables de cet album figurent "The Jam", "It's Alright", "Ole Smokey", "I Can't Stand the Rain" et "Water". D'autres albums suivirent, tels que Mirror (1976), Now Do U Wanta Dance (1977), My Radio Sure Sounds Good to Me (1978), et Star Walk (1979). "Earthquake" et "Now Do-U-Wanta Dance" furent des titres clés de Now Do U Wanta Dance. "Boogie Witcha, Baby" fut un succès de My Radio Sure Sounds Good to Me.

La formation de Graham Central Station permit à Larry Graham de dépasser les conflits internes de Sly and the Family Stone et de réaliser pleinement sa propre vision musicale. Cette transition ne fut pas seulement un changement de groupe, mais une étape délibérée vers un rôle de leader. Il élargit le son funk qu'il avait initié, en y incorporant des influences plus larges. Cela illustre le besoin d'autonomie d'un artiste pour évoluer et repousser les limites créatives. Graham Central Station devint ainsi un véhicule pour Graham afin de consolider son identité en tant que leader de groupe et producteur, et non plus seulement en tant que musicien de session, ancrant davantage son son signature dans le lexique du funk et prouvant la polyvalence de son "thumpin' and pluckin'" au-delà du contexte initial de Sly.

Dans les années 1990, Graham Central Station accueillit d'anciens membres de Sly and the Family Stone, Cynthia Robinson (trompette) et Jerry Martini (saxophone). Rose Stone a également collaboré avec lui. Cela témoigne d'une continuité des relations musicales et d'un héritage funk partagé. Graham Central Station sortit également un album japonais intitulé By Popular Demand. Ils publièrent aussi deux albums live dans les années 1990 : l'un enregistré au Japon en 1992 et l'autre à Londres en 1996. Leur dernier album à ce jour, GCS 2000, est sorti en 1999.

Ventures Solo et Collaborations Éclectiques

En 1979, Larry Graham lança sa carrière solo, se concentrant sur les ballades soul. Cette transition démontra sa polyvalence au-delà du funk énergique. Son album de 1980, One in a Million You, et son titre éponyme devinrent un succès du Top 10 et une ballade romantique très appréciée. Ce single atteignit la 9e place du Billboard Hot 100 et la 1ère place du classement US R&B.1Il reçut une autre nomination aux Grammy Awards pour la meilleure performance vocale R&B pour cet album.

D'autres succès et albums solo suivirent. Just Be My Lady (1981) produisit un autre single à succès du même nom.

Sooner or Later (1982) connut également une grande popularité, son titre éponyme atteignant la 27e place du classement R&B. Parmi ses autres albums solo, on compteVictory (1983) et Fired Up (1985), sorti au Japon.

Larry Graham a également marqué sa carrière par des collaborations notables avec des artistes variés. En 1987, il enregistra un duo avec Aretha Franklin, "If You Need My Love Tonight". Il s'associa au comédien/chanteur Eddie Murphy pour diriger son groupe Psychedelic Psoul, effectuant des tournées aux États-Unis et en Europe. Au milieu des années 1970, il travailla avec Betty Davis, la deuxième ex-femme du musicien de jazz Miles Davis, dont le groupe comprenait des membres des cuivres de Tower of Power et des Pointer Sisters. Il a également des crédits avec George Tyson et les Oak Ridge Boys.

La connexion et le partenariat musical avec Prince sont particulièrement significatifs. Graham est crédité d'avoir introduit Prince à la foi des Témoins de Jéhovah en 1975. Cette connexion personnelle a profondément influencé la musique et le mode de vie de Prince. La relation entre Larry Graham et Prince dépasse la collaboration musicale typique ; elle implique un cheminement spirituel partagé. Graham a introduit Prince à sa foi, ce que Prince a reconnu comme ayant influencé sa musique et son mode de vie. Cela suggère que l'influence de Graham s'est étendue au cœur philosophique et créatif de Prince, et pas seulement à son jeu de basse. La coproduction et l'instrumentation partagée sur l'album GCS 2000  sont des manifestations tangibles de ce lien profond. Cela met en lumière l'impact profond qu'un artiste peut avoir sur un autre, non seulement par la technique, mais aussi par des valeurs partagées et une connexion personnelle. Pour les bassistes, cela ajoute une couche de profondeur à la compréhension de l'œuvre ultérieure de Prince, reconnaissant la dynamique de "maître-disciple" dans un sens plus large. Cela montre également que l'influence de Graham transcende un contexte purement musical.

Leur partenariat musical s'est étendu à l'album GCS 2000 (1998), qui fut une collaboration entre Graham et Prince. Graham écrivit toutes les chansons (sauf une coécrite par Prince), et Prince en fut le co-arrangeur et co-producteur, les deux enregistrant la plupart des instruments et des voix. Graham joua également de la basse lors des tournées de Prince de 1997 à 2000. Il apparut dans la VHS Beautiful Strange de Prince en 1998 et le DVD Rave Un2 the Year 2000 en 1999. Il a depuis lors participé à divers événements internationaux avec Prince.

L'Héritage Durable : Une Influence Mondiale sur la Basse

Larry Graham occupe une place incontestable parmi les bassistes les plus influents du monde et est reconnu comme l'un des premiers innovateurs de la musique funk.5 Ses techniques de basse révolutionnaires et son groove distinctif ont été des éléments pivots.

Sa technique de "thumpin' and pluckin'" est devenue une pierre angulaire du funk, du R&B, et a imprégné divers autres genres. Elle a révolutionné le rôle de la basse, la rendant aussi proéminente qu'une guitare et augmentant considérablement son intensité rythmique.

De nombreux bassistes de renom, à travers différents genres, ont été directement influencés par Larry Graham. Parmi eux :

  • Bootsy Collins (Parliament-Funkadelic) : Il a affiné la technique, mettant l'accent sur le temps fort avec un filtre d'enveloppe.

  • Stanley Clarke : Il a revitalisé le rôle de la basse dans le jazz-fusion, utilisant le slap aux côtés d'accords grattés et de bends de cordes.

  • Louis Johnson ("Thunder-Thumbs"), Connu pour ses lignes de basse rapides et riches en médiums sur des titres emblématiques comme "Billie Jean" de Michael Jackson.

  • Marcus Miller, loué pour son approche tasteful et axée sur le groove du slap, ayant travaillé avec Miles Davis et Luther Vandross.

  • Flea (Red Hot Chili Peppers) a apporté une approche énergique du slap dans le rock alternatif teinté de funk.

  • Les Claypool (Primus) : Son approche unique combine le slap, le tapping et d'autres techniques.

  • Victor Wooten : Considéré comme l'un des bassistes slap modernes les plus doués techniquement, connu pour sa technique de double pouce slap et de tapping.

  • Mark King (Level 42) a popularisé le slap dans les classements avec des séquences précises de seizièmes de notes.

  • Keni Burke
  • Kim Clarke de Defunkt,
  • Nathan East, et
  • Doug Wimbish (Living Colour), connu pour son "Flamenco Slap" et l'utilisation d'effets, présent sur les premiers morceaux de hip-hop.

La technique du slap, initiée par Graham, est devenue immensément populaire et largement répandue, influençant d'innombrables artistes à travers les genres. Cependant, il est également noté que cette technique est parfois sujette à des moqueries ou associée à un jeu "désagréable" en raison de son utilisation abusive par des musiciens moins habiles. Cela crée un paradoxe : une technique révolutionnaire, en raison même de son succès et de son adoption, peut parfois être diluée ou même dénigrée dans la culture populaire, malgré son importance fondamentale. Pour les bassistes, cela souligne l'importance de comprendre les racines et l'intention derrière la technique, telle qu'exemplifiée par l'approche tasteful et rythmique de Graham, plutôt que sa simple application superficielle. C'est un appel à apprécier l'art qui l'a rendue grande en premier lieu.

Sa reconnaissance continue est attestée par sa 7e place sur la liste des "50 plus grands bassistes de tous les temps" du magazine Rolling Stone en 20202 Il est également membre du Rock and Roll Hall of Fame (en tant que membre de Sly and the Family Stone, intronisé en 1993) et du Museum of the Gulf Coast, Music Hall of Fame. Il a été intronisé au Texas High School Hall of Fame en 2022.

Les Outils du Métier : Façonner le Son Signature

Le son distinctif de Larry Graham est le fruit d'une combinaison de sa technique révolutionnaire et d'un choix méticuleux d'instruments et d'effets.

Parmi ses guitares basses emblématiques, la Fender Jazz Bass a été son instrument de prédilection à ses débuts avec Sly and the Family Stone et Graham Central Station. Elle était appréciée pour sa sonorité brillante, sa polyvalence et son manche étroit, qui facilitaient le développement de sa technique de slap. Elle lui offrait l'attaque nette et la richesse des graves nécessaires pour le "thumpin' and pluckin'". Des titres clés comme "Thank You (Falettinme Be Mice Elf Agin)" et "Dance to the Music" mettent en évidence cette basse.

À mesure que sa carrière et sa technique évoluaient, il collabora avec Moon Guitars, une entreprise japonaise, pour créer sa Moon Larry Graham Signature Bass. Cette basse fut conçue sur mesure pour répondre aux exigences de son jeu slap intense, en mettant l'accent sur la clarté et le punch sonore. Ses caractéristiques comprennent des électroniques actives pour un son puissant et clair avec une large plage dynamique. Sa configuration à double micro (généralement simple bobinage ou humbucker) offre une polyvalence tonale, permettant de mélanger les sons chauds du micro manche avec les tonalités brillantes du micro chevalet. Le manche et la touche en érable contribuent à la clarté et à la brillance, essentielles pour les mouvements rapides des doigts. Le corps est souvent en frêne, un bois réputé pour sa résonance et son équilibre entre les aigus brillants et les graves profonds, idéal pour le slap agressif. Des caractéristiques esthétiques personnalisées, telles que des finitions blanches ou dorées et des incrustations sur la touche, reflètent son style personnel. Graham est un promoteur actif de la basse Moon depuis les années 1980.

Il a également utilisé d'autres basses, notamment une Fender Precision Bass pour un son plus épais, plus chaud et classique. Son utilisation de basses Alembic haut de gamme, des instruments personnalisés réputés pour leur fabrication et leur clarté tonale, lui a permis d'expérimenter différents sons dans ses travaux solo et ses enregistrements ultérieurs. D'autres basses documentées incluent la Warwick Larry Graham Signature Bass Guitar, la Vox Sidewinder Bass, et la G&L L2000 Bass.

En ce qui concerne les amplis, l'Acoustic Control Corporation 360 Bass Amp / 360-361PP Combo est célèbre pour avoir été utilisé par Graham avec Sly & the Family Stone et plus tard avec Graham Central Station. Cet amplificateur fut essentiel à son son initial. Parmi son équipement moderne, on trouve également le TC Electronic BG250-112.

Graham a également employé divers effets pour sculpter sa sonorité unique. Le Roland AP-7 Jet Phaser était utilisé pour ses effets de phasing. Le Mu-Tron Octave Divider servait à ajouter des octaves inférieures à son son. La Dunlop Cry Baby 105Q Bass Wah lui permettait d'obtenir des effets wah-wah vocaux. Les pédales Lovetone Meatball (effets de filtre) et Lovetone Big Cheese (effets de fuzz) faisaient également partie de son équipement. Enfin, le Tech21 VT Bass DI / Rack est également présent dans son rig moderne. Il est confirmé qu'il utilise des cordes GHS Bass Boomer Light Gauge.

Le choix des instruments et des effets par Graham n'était pas arbitraire ; il soutenait et améliorait directement sa technique de "thumpin' and pluckin'". La sonorité brillante de la Jazz Bass et le punch ciblé de la basse Moon Signature, combinés à des effets spécifiques comme les phasers et les diviseurs d'octave, lui ont permis d'atteindre l'attaque percussive et la polyvalence tonale qui ont défini son son. Cela illustre comment les artistes pionniers repoussent souvent les limites de leurs instruments et de leur équipement, inspirant parfois même de nouvelles conceptions, comme sa basse signature Moon. Pour les bassistes, cette section est une mine d'or, montrant que l'obtention d'un son signature implique non seulement la technique, mais aussi une sélection et une intégration réfléchies de l'équipement. Les choix d'équipement de Graham étaient des prolongements délibérés de son jeu innovant, offrant un modèle aux bassistes en herbe pour considérer leur propre équipement en relation avec le son désiré.

Au-delà de la basse

Au-delà de ses contributions musicales révolutionnaires, la vie de Larry Graham est également marquée par un engagement personnel profond. Depuis 1975, il s'est beaucoup impliqué dans son œuvre de volontariat en tant que Témoin de Jéhovah. Cet aspect est une part significative de sa vie personnelle. Comme mentionné précédemment, il est crédité d'avoir introduit Prince à cette foi. Cela met en lumière son influence personnelle qui s'étend bien au-delà de la musique.

L'implication profonde de Graham dans sa foi et son travail bénévole démontre que sa vie est guidée par des principes qui dépassent la célébrité musicale. Cet engagement envers un cheminement spirituel, et son influence sur Prince à cet égard, suggèrent une approche holistique de la vie où les valeurs personnelles s'entremêlent avec les activités professionnelles. Cela révèle un homme qui a trouvé un but et un sens qui transcendent les projecteurs. Pour un public de musiciens, cela ajoute une dimension humaine à la légende, suggérant qu'une créativité et une influence durables peuvent être enracinées dans une base personnelle et des valeurs solides, offrant une perspective plus large sur ce qui constitue une vie réussie et épanouissante pour un artiste.

Larry Graham a également reçu plusieurs distinctions notables. Il a été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 1993 en tant que membre de Sly and the Family Stone. En 2001, il a reçu le "Pioneer Award" du Rhythm & Blues, aux côtés des autres membres de Sly and the Family Stone. Il est également membre du Museum of the Gulf Coast, Music Hall of Fame. En 2022, il a été intronisé au Texas High School Hall of Fame.

Sur le plan familial, il est le père de l'auteur-compositeur-interprète et producteur Darric Graham. Il est également l'oncle du rappeur et acteur canadien Aubrey Drake Graham, plus connu sous le nom de Drake.

Larry Graham Aujourd'hui : Le Voyage Funk Continue

Larry Graham reste continuellement actif dans le monde de la musique. Il a souvent exprimé sa philosophie créative en disant : "J'écris tout le temps. On n'arrête jamais de faire ça. C'est comme les gens qui peignent des tableaux. On ne voit peut-être pas tout ce qu'ils peignent, mais ils n'arrêtent jamais de peindre".Cette déclaration souligne une passion inépuisable pour la création. Son dernier album, CHILLIN', est sorti le 17 avril 2020, prouvant que son son reste intemporel et résonne auprès des nouveaux auditeurs comme des fans de longue date.

Il continue de se produire à l'échelle internationale, à la fois en tant qu'artiste solo et avec Graham Central Station. Il a notamment effectué une tournée mondiale réussie en 2010 et la tournée "Funk Around The World" en 2011. Il est apparu en tant qu'invité spécial au "Rock N' Soul Dance Party Superjam" de Jim James au Bonnaroo Music Festival en 2013. Plus récemment, il a collaboré avec la bassiste Nik West sur sa chanson "Thumpalenah (feat. Larry Graham)". Malgré des décennies passées dans l'industrie, la passion de Graham pour la musique et la créativité demeure intacte. Sa philosophie pour son album Raise Up (2012) était que "il est destiné à vous élever. Lorsque vous l'écoutez, il vous fera vous sentir mieux". Cela témoigne de son dévouement continu à utiliser la musique comme une force positive. De nombreux artistes de son époque ont pris leur retraite ou ont considérablement réduit leur production. Graham, cependant, continue d'enregistrer de la nouvelle musique, de se produire dans le monde entier, et de collaborer avec des artistes contemporains. Cette activité soutenue, même à la fin de la soixantaine, témoigne d'un niveau exceptionnel de dévouement, d'endurance physique et d'une source créative inépuisable. Cela défie la trajectoire typique de nombreux musiciens de sa génération. Il est une source d'inspiration. Cela démontre que le véritable art et la passion sont intemporels. Graham reste une légende vivante qui continue de contribuer, et non de se reposer sur ses lauriers passés, offrant un exemple puissant d'engagement musical tout au long de la vie.

Le Maître Incontesté des Graves

Larry Graham a laissé une empreinte indélébile sur le monde de la musique, transformant à jamais le rôle de la basse électrique. De son invention fortuite du "thumpin' and pluckin'", née de la nécessité de compenser l'absence d'un batteur, à son rôle fondamental au sein de Sly and the Family Stone, son leadership avec Graham Central Station, et sa carrière solo réussie ponctuée de collaborations influentes, il a redéfini ce que la basse pouvait être.

Son statut d'innovateur incontesté, de légende vivante et de l'un des bassistes les plus influents de tous les temps est universellement reconnu. Sa technique n'a pas seulement défini le funk, elle a également jeté les bases pour d'innombrables bassistes à travers des genres divers. La capacité de Graham à fusionner la puissance rythmique avec la mélodie a élevé la basse d'un instrument de soutien à un moteur percussif et mélodique à part entière.

Aujourd'hui, son groove continue de résonner, son influence est indéniable, et son héritage est gravé de manière permanente dans le tissu de la musique moderne. Larry Graham est, et restera toujours, l'architecte du funk à la basse, une source d'inspiration inépuisable pour les générations présentes et futures de musiciens.

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Photo par : René Keijzer

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