Portrait, Tim Commerford, le rythme brut du rock

Publié le 30 juillet 2025 à 07:03

Tim Commerford, né Timothy Robert Commerford le 26 février 1968 à Irvine, en Californie, est un musicien américain dont l'empreinte sur le rock moderne est indéniable. Principalement reconnu comme le bassiste et choriste de l'influent groupe de rock Rage Against the Machine, il a également marqué les supergroupes Audioslave et Prophets of Rage. Sa carrière est caractérisée par une quête inlassable de la tonalité de distorsion ultime, le poussant à concevoir ses propres pédales d'effets et même à bobiner ses propres micros. Cette approche méticuleuse et presque scientifique de son instrument a forgé un son distinctif, le positionnant comme une figure d'influence majeure parmi les bassistes de rock. En 2014, le magazine Paste l'a classé huitième sur sa liste des "20 bassistes sous-estimés", une reconnaissance qui souligne son talent unique et son impact souvent plus profond au sein de la communauté musicale qu'auprès du grand public.

La singularité de Commerford ne réside pas uniquement dans sa virtuosité technique, mais également dans sa démarche quasi-ingénierique et sa discrétion concernant son équipement. Sa capacité à développer une "sonorité signature" et à la maintenir avec une cohérence remarquable à travers diverses formations, telles que Rage Against the Machine et Audioslave, témoigne d'une compréhension approfondie de l'acoustique et de l'électronique des instruments. Cette maîtrise de l'ingénierie sonore, qui va bien au-delà du simple acte de jouer, est un facteur déterminant de son influence sur d'autres bassistes. Son approche de la tonalité est devenue un modèle, tout autant que ses lignes de basse, démontrant que l'innovation sonore est une composante essentielle de son art.

Timothy Robert Commerford a grandi à Irvine, en Californie, dans un environnement familial complexe. Ses parents ont divorcé alors qu'il était en cinquième année de primaire, et il a vécu avec son père, qui aurait été violent. Sa mère, quant à elle, a été diagnostiquée d'un cancer à cette période et est décédée en 1988. C'est dans ce contexte difficile que la musique est devenue un exutoire crucial pour le jeune Tim. À l'âge de 15 ans, son camarade de classe, Zack de la Rocha, l'a initié à la basse, un instrument dans lequel il a trouvé un véritable refuge. Ce lien profond avec la musique, né d'un besoin de canaliser des émotions intenses, a façonné son style et sa détermination.

Les expériences personnelles de Commerford, marquées par le divorce de ses parents, les abus présumés et le décès de sa mère, ont profondément influencé son expression artistique. La basse, en tant que "refuge" et "exutoire", lui a permis de transformer sa colère et ses traumatismes en une force créative. Le style puissant et parfois agressif qui caractérise son jeu peut être perçu comme une sublimation de ces épreuves. Son engagement ultérieur dans des groupes à forte charge politique, comme Rage Against the Machine et Prophets of Rage, s'inscrit dans cette continuité, offrant une plateforme pour exprimer des sentiments intenses et des convictions profondes.

Ses influences musicales sont variées, allant des figures emblématiques du rock aux pionniers du jazz. Il a été particulièrement marqué par des bassistes tels que Gene Simmons (KISS), Sid Vicious (Sex Pistols), Steve Harris (Iron Maiden) et Geddy Lee (Rush). Au-delà des bassistes, Commerford cite également Helmet (notamment l'album

Strap It On), Miles Davis (Nefertiti), Bad Brains (I Against I), le Branford Marsalis Quartet (Crazy People Music), et les Sex Pistols (Never Mind the Bollocks) comme des inspirations majeures, révélant une appréciation pour l'agression punk, la complexité du jazz et l'innovation du hardcore.

En 1991, un tournant majeur s'opère. Suite à la dissolution du groupe Lock Up, le guitariste Tom Morello, impressionné par Zack de la Rocha, décide de former une nouvelle entité musicale. Il recrute Brad Wilk à la batterie et, sur la suggestion de Zack, invite Tim Commerford à les rejoindre. C'est ainsi que Rage Against the Machine voit le jour, un quatuor destiné à marquer l'histoire du rock.

Vie Personnelle et Événements Marquants

Au-delà de la musique, Tim Commerford a développé une passion intense pour le VTT, qu'il a adopté comme son principal hobby dès 1993. Il est même devenu un rider professionnel et une figure reconnue dans l'industrie du VTT. Cette passion a parfois eu un impact direct sur sa carrière musicale, comme en 1995, lorsque Rage Against the Machine a dû annuler des concerts après qu'il se soit cassé le bras lors d'un accident de vélo.

Sur le plan de la santé, Commerford a révélé en 2022 qu'il luttait contre un cancer de la prostate et qu'il avait subi une ablation de la prostate deux mois avant de partir en tournée avec Rage Against the Machine. Cette transparence sur sa santé met en lumière une dimension plus vulnérable de sa personnalité publique.

Commerford est également connu pour ses opinions très tranchées et son adhésion à diverses théories du complot, concernant par exemple l'alunissage ou l'existence de l'organisation "ISIS". Ces vues extrêmes se manifestent non seulement dans ses déclarations publiques, mais aussi dans ses actions, comme l'incident notoire des MTV Video Music Awards en 2000. Lors de cet événement, il a grimpé sur l'échafaudage du décor, un geste qui lui a valu une nuit en prison, ainsi qu'à son garde du corps, et qui a poussé Zack de la Rocha à quitter la cérémonie. Cet épisode, loin d'être un simple coup de publicité, était une expression directe de son attitude anti-establishment et de ses convictions profondes. La constance entre ses croyances et ses actions publiques démontre que son activisme et sa personnalité ne sont pas de simples facettes de son image de rockstar, mais des éléments intégrés de son identité, influençant de manière significative ses choix musicaux et ses collaborations.

Sur le plan personnel, Commerford est marié à une militante anti-SIDA, a deux enfants et est végétalien. Ces aspects de sa vie enrichissent la compréhension de l'homme derrière le musicien, révélant un individu aux convictions fortes et à l'engagement personnel profond.

Une vie dédiée à la musique

Le parcours musical de Tim Commerford est jalonné de collaborations emblématiques et de projets audacieux, témoignant d'une constante évolution artistique et d'une volonté d'expérimentation.

Rage Against the Machine (1991–2000, 2007–2011)

Rage Against the Machine s'est formé en 1991, réunissant Zack de la Rocha au chant, Tom Morello à la guitare, Brad Wilk à la batterie et Tim Commerford à la basse et aux chœurs. Le groupe a rapidement signé avec Epic Records en 1992, connaissant un succès phénoménal grâce à son mélange unique de rap, de métal et de funk, imprégné de messages politiques virulents.

La discographie de Rage Against the Machine, à laquelle Commerford a contribué de manière fondamentale, est emblématique :

  • Rage Against the Machine (1992). Le single "Killing in the Name" a reçu une diffusion massive et est devenu un hymne du groupe.

  • Evil Empire (1996). L'interprétation de "Bulls on Parade" par le groupe au

    Saturday Night Live a provoqué une controverse et une interdiction de l'émission.2

  • Live & Rare (1998).

  • The Battle of Los Angeles (1999).

  • Renegades (2000).

  • Live at the Grand Olympic Auditorium (2003).

Tim Commerford était un pilier de la section rythmique, ses lignes de basse étant décrites comme "magmalike" , formant la base solide sur laquelle s'appuyaient les riffs de Morello et le flow de de la Rocha. Il était également connu pour avoir les opinions les plus extrêmes au sein du "Quatuor Rage". Le groupe s'est reformé pour des tournées entre 2007 et 2011, et a également eu des dates annulées en 2022-2023. Une anecdote notable est que ses crédits sur les albums de RATM étaient souvent sous des pseudonymes tels que "Y Tim K" ou "Tim.com".

Audioslave (2001–2007)

Après la dissolution initiale de Rage Against the Machine, Commerford, Morello et Wilk ont uni leurs forces avec l'ancien chanteur de Soundgarden, Chris Cornell, pour former le supergroupe Audioslave en 2001. Cette nouvelle formation a donné naissance à une trilogie d'albums studio :

  • Audioslave (2002).

  • Out of Exile (2005).

  • Revelations (2006).

La collaboration entre les instrumentistes de Rage et la voix puissante de Chris Cornell a été qualifiée d' "énorme". Le son du groupe a évolué, devenant plus léger et plus "funk-driven" sur Revelations. Le jeu de basse de Commerford sur les albums d'Audioslave est souvent décrit comme plus nuancé et raffiné, illustrant une approche où "moins c'est plus".

Prophets of Rage (2016–2019)

En 2016, Tim Commerford a retrouvé Tom Morello et Brad Wilk, et a été rejoint par les rappeurs Chuck D (Public Enemy) et B-Real (Cypress Hill) pour former le supergroupe Prophets of Rage. Ce groupe a sorti un EP,

The Party's Over (2016), suivi de leur album éponyme

Prophets of Rage (2017). Leur répertoire comprenait des reprises des chansons de Rage Against the Machine, Public Enemy et Cypress Hill, ainsi que de nouveaux morceaux originaux.

Projets Solo et Collaborations

Le parcours de Commerford révèle une progression artistique constante et une volonté de défier les attentes. Il est passé du rôle de bassiste et choriste dans des groupes établis à celui de chanteur principal et bassiste dans ses projets personnels, Future User et Wakrat. Cette évolution, combinée à l'exploration de genres musicaux variés – du rap metal au rock alternatif, en passant par le "progtronic" et le punk/hardcore avec des signatures temporelles inspirées du jazz – démontre une curiosité musicale profonde et une ambition artistique qui transcende son rôle initial. Il ne se contente pas de reproduire des formules à succès, mais cherche constamment à innover et à se réinventer.

Malgré la diversité des genres abordés, un fil conducteur thématique traverse de nombreux projets de Commerford. Des paroles politiquement chargées de Rage Against the Machine aux titres de Wakrat comme "Generation Fucked" et "Pigs in a Blanket", ou encore "Capitalism" de 7D7D, ses œuvres sont souvent imprégnées de messages sociaux et politiques forts. Le fait qu'il insiste sur l'importance du message et qu'il soit connu pour ses vues "extrêmes" révèle une continuité entre ses convictions personnelles et son expression artistique. Sa musique devient ainsi un véhicule pour ses idées et sa vision du monde, faisant de lui un artiste profondément engagé dont l'œuvre est indissociable de son identité.

  • Future User (2013–présent) : Fondé par Commerford avec Jordan Tarlow (claviers), Jon Knox (batterie) et le producteur Brendan O'Brien (guitares), Future User le voit endosser le rôle de chanteur et bassiste. Le groupe a sorti l'album SteroidsOrHeroin en 2015. Pour les premiers clips, Commerford s'est caché sous la persona de S.W.I.M., se démasquant plus tard dans la vidéo "Mountain Lion", qui mettait en scène son ami cycliste Lance Armstrong, tandis que Commerford semblait s'injecter un stéroïde. Le premier clip du groupe avait également fait parler de lui en montrant le joueur de tennis John McEnroe subissant le waterboarding. Le son de Future User est un mélange d'EDM, de prog et de son jeu de basse distinctif, qu'il a surnommé "progtronic".

  • Wakrat (2015–présent) : En 2015, Commerford a formé Wakrat, un groupe influencé par le punk et le hardcore, avec Mathias Wakrat à la batterie et Laurent Grangeon à la guitare. Leur album éponyme Wakrat est sorti en 2016, précédé du single "Knucklehead" en septembre 2015. Le son de Wakrat se caractérise par une basse "grooving et gigantesque", avec des signatures temporelles impaires inspirées du jazz, le tout exécuté avec une attitude punk-rock.

  • 7D7D (2022–présent) : En 2022, Commerford a lancé un nouveau projet, 7D7D, en collaboration avec Mathias Wakrat et Jonny Polonsky. Le groupe a débuté avec le single "Capitalism" en novembre 2022.

  • Autres contributions : Tim Commerford a également participé à d'autres projets notables. Il a contribué au titre "Time Slowing Down" avec Brad Wilk pour le projet "Sound City" de Dave Grohl en 2013. Il a également joué sur le titre "Momma Sed" de l'album V Is for Vagina de Puscifer, le projet parallèle de Maynard James Keenan. En 2010, il a été interviewé et est apparu dans le documentaire Rush: Beyond the Lighted Stage.

La discographie de Tim Commerford est vaste et témoigne de sa polyvalence et de son rôle central dans le paysage du rock alternatif et du métal. Les tableaux suivants offrent une vue d'ensemble structurée de ses contributions majeures, permettant de saisir l'étendue de son travail et sa progression artistique au fil des ans.

L'Arsenal de Tim Commerford : Matériel et Son Signature

Tim Commerford est réputé pour son approche obsessionnelle de la tonalité, qui l'a conduit à devenir un véritable "savant" de l'électronique. Il est connu pour bobiner ses propres micros et câbler ses amplificateurs et enceintes, un niveau de personnalisation qui dépasse la pratique courante des musiciens. Cette quête incessante du son parfait n'est pas seulement une expression artistique, mais aussi une démarche fonctionnelle. Sa configuration à trois amplificateurs et le mélange de tonalités claires et saturées visent à "remplir l'espace sonore" et à "épaissir le son". Cette stratégie compense notamment l'absence de guitare rythmique dans Rage Against the Machine, faisant de Commerford un "architecte du rythme" dont le rôle est autant sonore que musical. Son son unique est le fruit d'une ingénierie méticuleuse et d'une adaptation stratégique à la dynamique de chaque groupe.

Commerford a utilisé une variété de basses tout au long de sa carrière, chacune contribuant à sa sonorité distinctive :

  • Music Man StingRay : Cet instrument est son favori depuis ses débuts avec Rage Against the Machine. Il a largement utilisé une StingRay pendant les premières années de RATM. Music Man a même lancé plusieurs basses "Artist Series" personnalisées en 2021, intégrant les raffinements spécifiques de Commerford, tels qu'un repose-pouce sur le cache micro, une rampe de doigt réglable, un joint de manche sculpté à cinq boulons et un chevalet traversant avec des tampons muets ajustables. Il a également modifié ses propres StingRay en utilisant une Dremel pour abaisser les points de montage des vis de micro.

  • Fender Jazz Bass : Il a fréquemment utilisé une Fender Jazz Bass sur scène avec Rage Against the Machine. Pour l'enregistrement d'Evil Empire, il a employé une Jazz Bass avec des micros vintage modifiés et rebobinés, qu'il a regretté d'avoir détruite sur scène par la suite, la considérant comme la meilleure basse qu'il ait possédée en termes de sonorité.

  • Lakland : Commerford a eu recours à des basses Lakland, notamment la Lakland USA Series 44-60 (Vintage J) lors de performances récentes de Rage Against the Machine. Il a enregistré l'album de Wakrat avec des basses Lakland Joe Osborn Signature, montées avec des cordes Rotosound Tru Bass black nylon flatwounds.

  • Fender Custom Shop '63 Precision Bass : Il possède une Precision Bass Custom Shop aux couleurs des Denver Broncos, un instrument personnalisé reflétant sa rivalité sportive.

  • Rickenbacker 4001 : Il a été aperçu avec deux modèles différents de Rickenbacker 4001.

  • Music Man Stingray HH : Ce modèle a également été vu entre ses mains.

Amplification

La configuration d'amplification de Tim Commerford est une composante essentielle de son son distinctif. Il utilise une configuration à trois amplificateurs pour sculpter sa tonalité. Un ampli est dédié à un son clair, un autre à un overdrive modéré, et le troisième à une distorsion pleine. Le son clair reste constamment activé, tandis que les couches de distorsion peuvent être activées via un système de commutation de pédalier personnalisé.

Ses amplificateurs de choix incluent :

  • Ampeg SVT-VR : Il a été vu utilisant deux têtes Ampeg SVT-VR. Son son préféré enregistré avec RATM se trouve sur

    Evil Empire, où il a utilisé deux têtes SVT et deux cabinets Classic 8x10, à la fois microphonés et en direct.

  • Orange AD200 MK3 200-Watt Bass Head : Cet ampli est utilisé pour obtenir un "niveau supérieur d'overdrive", particulièrement pour les hautes fréquences et une distorsion plus "white noise".

  • Barefaced Cabinets : Commerford utilise les cabinets Barefaced Two10, Four10 et Eight10, louant leur "qualité sonore supérieure".

  • Ampeg SVT-2 Pro Head : Il est associé à cette tête d'ampli, fréquemment mentionnée dans les forums musicaux.

  • Ampeg PR-810h 8x10 Cabinet : Ce cabinet est associé à son '78 Classic SVT.

Pédales d'Effets

Tim Commerford est notoirement secret concernant sa chaîne d'effets, allant jusqu'à placer des pédales inutilisées sur son pédalier et à retirer les étiquettes de certains de ses équipements pour préserver l'énigme de sa tonalité. Il se décrit même comme le "Pablo Escobar de la basse" en raison de sa discrétion.

Malgré ce secret, plusieurs pédales ont été identifiées dans son arsenal :

  • MXR MC401 Boost/Line Driver.

  • Electro-Harmonix POG2 Polyphonic Octave Generator.

  • Marshall The Guv'nor / GV-2 Guv'nor Plus (pédales de distorsion utilisées avec RATM de 1991 à 1998).

  • COG Effects Skulls (fuzz personnalisée) et Fight The Power (octaver personnalisé).

  • Dunlop Cry Baby 105Q Bass Wah / CBM105Q Cry Baby Mini Bass Wah. Il utilise deux pédales wah simultanément, activées par une pièce de bois.

  • Boss TU-2 Chromatic Tuner.

  • Ampeg SCR-DI Bass Preamp with Scrambler Overdrive.

  • EBS MultiComp True Dual Band Compressor Pedal.

  • Aphex Punch Factory Model 1404 Optical Compressor.

  • Dunlop DC-Brick Multi-Power Supply.

  • MXR M133 Micro Amp (utilisée avec RATM).

  • Source Audio Soundblox 2 Multiwave Bass Distortion (utilisée avec Audioslave).

Un aspect essentiel de sa sonorité provient de ses micros personnalisés. Commerford a révélé qu'il bobinait ses propres micros à la main, un processus qui pouvait prendre environ deux semaines. Il affirme que cette méthode lui conférait plus de sustain et de feedback, car il recherchait délibérément un son "edgy, dirty tone" plutôt qu'une sonorité propre.

Philosophie du Son et Technique de Jeu

La sonorité de Commerford est souvent décrite comme "magmalike", constituant la base du son de titres comme "Killing in the Name". Sa technique distinctive repose sur le mélange d'un son de basse clair avec un son saturé séparé. Le son saturé apporte la distorsion et la puissance, mais il est subtilement mélangé au son clair pour préserver la dynamique et l'ampleur du son de basse, évitant ainsi une sonorité "petite et fine".

Un de ses principaux objectifs musicaux est de remplir l'espace sonore de la basse et de la guitare rythmique, notamment pendant les solos de Tom Morello, en "augmentant le niveau" de son son pour que rien ne disparaisse. Il joue presque exclusivement avec ses doigts et applique une attaque lourde et agressive, essentielle à sa sonorité. Pour optimiser sa tonalité, il suggère de jouer plus près du manche, à environ un ou deux pouces du micro.

Ses lignes de basse sont souvent saluées pour leur "principe de Boucles d'or" – ni trop simples, ni trop compliquées. Commerford excelle dans l'art de la retenue, un ingrédient clé de ses compositions, et laisse beaucoup d'espace, une caractéristique rare chez les bassistes. Cette approche délibérée démontre que les contraintes artistiques, comme son refus de se faire classer comme une "copie des Red Hot Chili Peppers" en évitant le slap (à l'exception d'une seule chanson), peuvent paradoxalement stimuler l'innovation. Cette limitation auto-imposée l'a poussé à développer un style de jeu aux doigts distinctif et une approche de la tonalité axée sur la distorsion et la profondeur, catalysant la création d'une identité sonore unique plutôt que de la freiner.

Tim Commerford est largement considéré comme l'un des bassistes les plus influents au monde. Son "son signature" avec la Music Man StingRay a établi l'une des sonorités de basse les plus reconnaissables de la musique moderne. Ses lignes de basse "musclées et orientées riff" avec Rage Against the Machine sont devenues des classiques, fréquemment étudiées et jouées par les bassistes en herbe.

Son influence va au-delà de la simple technique. Il inspire de nombreux bassistes à apprécier le rôle fondamental de la basse dans un arrangement musical, à comprendre la valeur de la retenue et de l'espace dans le jeu, et à explorer l'utilisation créative des pédales d'effets. Son jeu sur les albums d'Audioslave est cité comme une leçon de raffinement et d'efficacité, où "moins c'est plus". De nombreux fans et musiciens considèrent sa tonalité sur l'album

Evil Empire comme la "GOAT" (Greatest Of All Time). Malgré cette reconnaissance, Commerford se perçoit lui-même comme "un peu méconnu" (unsung) malgré ses contributions significatives. Son classement parmi les "bassistes sous-estimés" par le magazine Paste en 2014 crée un paradoxe : bien que son influence ne soit pas toujours pleinement reconnue par le grand public ou les critiques conventionnels, elle est profondément ressentie et valorisée par les musiciens, en particulier les bassistes. Cette "sous-estimation" renforce en réalité son statut de figure culte et d'inspiration pour ceux qui cherchent à développer un son et un style distinctifs, loin des projecteurs traditionnels.

Parmi les moments marquants de sa carrière, l'incident des MTV Video Music Awards en 2000, où il a escaladé l'échafaudage du décor, reste un exemple notoire de sa personnalité provocatrice et non-conformiste. Ce geste n'était pas un simple coup de publicité, mais une manifestation de ses "vues extrêmes" et de son attitude anti-establishment. Cela dépasse la simple performance musicale pour devenir une extension de sa personnalité et de ses convictions politiques. Pour Commerford, la scène est une plateforme d'expression de soi et de remise en question des normes, renforçant son image d'artiste authentique et sans compromis, ce qui, à son tour, contribue à son impact durable sur les fans et les musiciens. Un autre événement notable fut l'annulation de concerts de Rage Against the Machine en 1995, suite à une blessure au bras subie lors d'un accident de VTT, soulignant l'impact de ses passions personnelles sur sa carrière.

L'ère numérique a joué un rôle essentiel dans la préservation et la diffusion de l'héritage artistique de Tim Commerford. La profusion de vidéos officielles, de concerts complets et d'interviews disponibles sur des plateformes comme YouTube, ainsi que les vastes collections d'images haute résolution sur Getty Images et Shutterstock, démontre l'importance cruciale de ces ressources dans la perpétuation de son influence. Elles permettent aux fans et aux musiciens d'étudier son jeu, son équipement et sa personnalité en profondeur, bien au-delà des enregistrements studio, contribuant directement à la pérennité de son impact et à sa reconnaissance continue au sein de la communauté musicale.

Tim Commerford s'est imposé comme une figure incontournable du rock moderne, non seulement par son rôle de bassiste au sein de groupes emblématiques comme Rage Against the Machine et Audioslave, mais aussi par sa constante recherche d'innovation et son engagement artistique profond. Sa capacité à sculpter un son signature distinctif, fruit d'une ingénierie méticuleuse et d'une approche quasi-scientifique de son équipement, a redéfini le rôle de la basse dans le rock.

Son parcours, marqué par des expériences personnelles formatrices et une volonté inébranlable d'exprimer ses convictions, a donné naissance à un style de jeu puissant et à une discographie riche. Qu'il explore le rap metal, le rock alternatif, le "progtronic" ou le punk-hardcore aux signatures temporelles complexes, Commerford démontre une polyvalence rare et une détermination à défier les conventions. Sa discrétion légendaire concernant son équipement et sa personnalité provocatrice sur scène ne font qu'ajouter à son aura, renforçant son statut d'artiste authentique et sans compromis.

L'influence de Commerford sur les bassistes et la musique rock est durable, ses lignes de basse étant étudiées et admirées pour leur équilibre entre simplicité et complexité, et sa tonalité étant une source d'inspiration pour de nombreux musiciens. Bien qu'il se considère "un peu méconnu", son impact est profondément ressenti au sein de la communauté musicale, où il est célébré comme un architecte du rythme dont l'héritage continue d'inspirer les générations futures.

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