Portrait, Stuart Hamm, l'architecte mélodique

Publié le 26 juillet 2025 à 22:37

Loin de se contenter du rôle traditionnellement rythmique et fondamental de la basse électrique, Stuart Hamm s'est imposé comme une figure pivotale dans son évolution, un artiste solo à part entière qui a prouvé que les quatre cordes pouvaient chanter, orchestrer et captiver avec autant de force qu'une guitare solo. Reconnu mondialement pour ses collaborations avec des icônes de la guitare comme Steve Vai et Joe Satriani, son travail en tant que sideman, bien que spectaculaire, ne représente qu'une facette de sa contribution. Son œuvre la plus fondamentale réside peut-être dans sa propre discographie, un laboratoire où il a forgé un nouveau langage pour la basse.

S'inscrivant dans la lignée de pionniers tels que Jaco Pastorius et Stanley Clarke, qui avaient déjà commencé à émanciper la basse de sa fonction purement d'accompagnement, Hamm a propulsé cette révolution à un niveau supérieur dans les années 1980 et 1990. Il a contribué à remodeler le concept de la basse en tant qu'instrument soliste non accompagné en popularisant et en fusionnant un arsenal de techniques polyphoniques : le tapping à deux mains, le slap, le pop, le jeu en accords et l'utilisation complexe des harmoniques. Ce portrait biographique explorera la double carrière de Stuart Hamm, analysant comment ses collaborations de renommée mondiale et son œuvre solo se sont mutuellement enrichies pour faire de lui l'un des architectes les plus influents de la basse moderne.

Stuart Hamm est né le 8 février 1960 à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, dans un terreau familial exceptionnellement fertile sur le plan musical. Son père était un musicologue et compositeur de renom, ami du pionnier de l'avant-garde John Cage, tandis que sa mère était une chanteuse d'opéra et professeure de chant accomplie. Cette immersion précoce dans des univers musicaux variés et exigeants a façonné sa perception de la musique. Dès son plus jeune âge, il a été exposé à un éclectisme rare, naviguant entre la musique classique, l'opéra, la musique expérimentale, et le jazz-fusion ou le rock progressif que ses frères aînés écoutaient, avec des artistes comme The Mahavishnu Orchestra, Pink Floyd et Miles Davis.

Avant même de toucher une basse, le jeune Hamm a étudié le piano, la flûte et le violon, développant une compréhension profonde de l'harmonie, de la mélodie et de la composition, avec une affinité particulière pour la musique classique. C'est en 1973, à l'âge de 13 ans, que sa trajectoire change radicalement. Fasciné par la vision d'un bassiste jouant dans un parc, il se découvre une passion pour cet instrument. Il commence son apprentissage en autodidacte, à l'aide de méthodes comme celles de Mel Bay, avant de rapidement intégrer le groupe de jazz de son lycée. Ses premières influences majeures sont des bassistes qui, chacun à leur manière, repoussaient déjà les frontières de leur instrument : le son percussif et mélodique de Chris Squire de Yes, et les innovateurs du jazz-fusion que sont Stanley Clarke, Jeff Berlin et le révolutionnaire Jaco Pastorius, dont il étudie méticuleusement les enregistrements.

L'approche révolutionnaire de Hamm n'est donc pas le fruit du hasard ou d'une simple quête de virtuosité. Elle est la synthèse logique et quasi inévitable de son éducation musicale. Son étude du piano lui a inculqué une compréhension de la polyphonie et de l'harmonie, concepts étrangers à l'approche traditionnelle de la basse. Ses influences, de Squire à Pastorius, étaient toutes des figures qui traitaient la basse comme un instrument capable de porter la mélodie. Par conséquent, Stuart Hamm a abordé la basse non pas comme un bassiste conventionnel, mais comme un compositeur et un pianiste, cherchant instinctivement à transposer la complexité harmonique et la richesse mélodique qu'il connaissait sur un instrument au rôle traditionnellement rythmique. Cet éclectisme fondamental est la clé de voûte de toute son innovation future.

En 1978, Stuart Hamm franchit une étape décisive en s'inscrivant au prestigieux Berklee College of Music à Boston. Cette période marque un tournant, le plongeant dans un environnement effervescent où il côtoie quotidiennement des musiciens talentueux et passionnés venus du monde entier. C'est là, dès ses premières semaines, qu'il fait une rencontre capitale : celle du guitariste Steve Vai, un autre étudiant destiné à un avenir exceptionnel. Une alchimie musicale s'opère instantanément. Ils jouent ensemble dans des groupes locaux comme Axis et Morning Thunder et forgent une amitié durable. L'importance de leur collaboration précoce est telle que Hamm participe à l'enregistrement des démos que Vai enverra à Frank Zappa pour son audition, un événement qui lancera la carrière de Vai au sein de l'un des groupes les plus exigeants de l'histoire du rock.

C'est durant ces années d'intense créativité à Berklee que Hamm développe la technique qui deviendra sa signature : le tapping polyphonique à deux mains. Loin d'être un simple artifice de vélocité, cette approche naît d'un besoin purement musical. Profondément marqué par son répertoire de piano classique, il cherche des moyens de transposer des œuvres complexes de Debussy (Dr. Gradus Ad Parnassum), Bach (Prélude en C) et Beethoven (Sonate au Clair de Lune) sur sa basse. Le problème n'était pas de jouer vite, mais de jouer plusieurs lignes musicales simultanément. Le tapping à deux mains devient la solution, lui permettant de traiter le manche de la basse comme un clavier de piano, sa main gauche assurant la basse et l'harmonie tandis que sa main droite joue la mélodie. Parallèlement, il perfectionne d'autres techniques, étudiant le jeu de Larry Graham pour maîtriser le slap et le pop, qu'il enrichira plus tard de ses propres innovations comme le "flamenco rake".

Cette période de formation et d'expérimentation culmine lorsque son ami Steve Vai, désormais installé en Californie, l'invite à participer à son premier album solo. En 1984, Stuart Hamm fait ses débuts discographiques officiels sur l'album Flex-Able, marquant la première pierre d'une carrière qui allait changer la face de la basse électrique. La contribution la plus significative de Hamm n'est pas simplement l'utilisation du tapping, mais la conceptualisation de la basse comme un instrument polyphonique. Là où d'autres virtuoses de l'époque utilisaient cette technique pour imiter les licks rapides de guitare à la Eddie Van Halen, l'approche de Hamm était fondamentalement différente. Il ne cherchait pas à copier la guitare, mais à émuler le piano, pensant en termes de contrepoint, d'harmonie et de superposition des voix. Le choix de pièces comme la "Sonate au Clair de Lune" le démontre : son objectif n'était pas la vitesse, mais la texture et la richesse harmonique. Il a été l'un des premiers à véritablement traiter le manche de la basse comme un clavier, ouvrant la voie à une approche compositionnelle entièrement nouvelle pour l'instrument.

Si les années Berklee ont forgé la technique et la vision musicale de Stuart Hamm, ce sont ses collaborations avec deux des plus grands guitar heroes de leur génération qui l'ont révélé au monde entier. En devenant le bassiste de choix pour Steve Vai et Joe Satriani, il s'est non seulement imposé comme la référence du rock instrumental et du "shred", mais il a aussi démontré une capacité d'adaptation et une musicalité qui allaient bien au-delà de la simple virtuosité.

La collaboration entre Hamm et Vai est née de leur amitié et de leur respect mutuel à Berklee. Leur première collaboration enregistrée, sur l'album Flex-Able (1984), est un terrain d'expérimentation fortement influencé par l'univers musical de Frank Zappa. Hamm y apporte sa basse sur plusieurs titres, dont le morceau phare "The Attitude Song", où son jeu en slap, déjà très personnel, se fait remarquer.

Leur partenariat atteint un sommet avec l'album monumental Passion and Warfare (1990). Dans ce chef-d'œuvre du rock instrumental, le rôle de Hamm est crucial. Avec le batteur Chris Frazier, il forme une section rythmique capable d'ancrer les explorations sonores les plus audacieuses et les prouesses techniques de Vai. Sur des titres comme "The Animal", il fournit une base à la fois solide et incroyablement groovy, tandis que sur "Blue Powder", il se voit confier un solo de basse funk mémorable qui témoigne de la confiance que Vai place en lui. Auprès de Vai, Hamm n'est pas un simple accompagnateur ; il est un partenaire musical capable de naviguer dans des structures complexes et de dialoguer avec une virtuosité extrême, leur passé commun leur conférant une synergie unique.

C'est par l'intermédiaire de Steve Vai que Hamm rencontre Joe Satriani, initiant ainsi une des collaborations les plus emblématiques et durables de sa carrière. C'est surtout sur scène que leur alchimie éclate au grand jour. Aux côtés du batteur Jeff Campitelli, Hamm forme une section rythmique légendaire, un véritable "power trio" doté d'une puissance et d'une cohésion télépathiques. C'est cette expérience live, en tournée mondiale avec Satriani, qui expose le talent de Hamm à un public de masse et solidifie sa réputation de phénomène. Les fans l'adoptent, scandant affectueusement son nom lors des concerts.

En studio, Hamm devient un pilier du son de Satriani. Il participe à des albums essentiels comme Dreaming #11 (1988), Flying in a Blue Dream (1989), Time Machine (1993) et Crystal Planet (1998). Sur Crystal Planet, la quasi-totalité de l'album est enregistrée en conditions live en studio par le trio, capturant une énergie brute et spontanée. Sa présence est immortalisée sur des albums live majeurs qui ont marqué leur époque, notamment

G3: Live in Concert (1997) et le double album Live in San Francisco (2001). Son solo de basse sur cet album, un medley virtuose incluant des arrangements de pièces classiques et son incontournable version de "Linus and Lucy" (le thème de Peanuts), est devenu un moment culte de ses performances et un classique du genre.

La carrière de Hamm en tant que sideman n'est pas monolithique ; elle est une démonstration magistrale d'adaptation stylistique au plus haut niveau. Avec Vai, son jeu est souvent plus expérimental, faisant écho à l'influence de Zappa et à la complexité orchestrale de la musique. Avec Satriani, dont la musique est souvent plus ancrée dans un format de "chanson" rock instrumentale, son rôle est de fournir un groove puissant et implacable, tout en étant capable de fulgurances techniques qui répondent à celles du guitariste. Cette dualité a non seulement enrichi son propre jeu, mais a aussi prouvé qu'un bassiste virtuose peut être un caméléon, capable de servir la musique avant tout. C'est cette polyvalence, cette capacité à être à la fois le roc et l'étincelle, qui a fait de lui le choix évident pour les guitaristes les plus exigeants de sa génération.

Parallèlement à une carrière de sideman qui l'a propulsé sur les plus grandes scènes du monde, Stuart Hamm a cultivé une œuvre solo audacieuse et profondément personnelle. Ses albums sont bien plus que de simples démonstrations de virtuosité ; ils sont des plateformes d'expérimentation où il explore la pleine étendue de ses influences, repoussant constamment les limites de la basse en tant qu'instrument principal.

La fin des années 1980 voit l'éclosion de Hamm en tant qu'artiste solo avec une trilogie d'albums qui pose les bases de son langage musical unique.

  • Radio Free Albemuth (1988) : Ce premier album est une véritable déclaration d'intention. Inspiré par les romans de science-fiction de l'auteur culte Philip K. Dick, l'album est un voyage à travers le jazz-fusion, le rock progressif et même des incursions inattendues dans le country ("Country Music (A Night in Hell)") et la musique classique, avec sa transcription déjà légendaire de la "Sonate au Clair de Lune" de Beethoven. Pour ce premier opus, il s'entoure de musiciens de prestige comme Joe Satriani et le guitariste de fusion Allan Holdsworth.

  • Kings of Sleep (1989) : Poursuivant dans une veine conceptuelle, ce deuxième album puise son inspiration dans l'œuvre de l'auteur de cyberpunk William Gibson, notamment ses romans Neuromancer et Count Zero. Musicalement, l'album s'oriente vers un rock instrumental plus sombre et progressif, produisant des classiques de son répertoire comme "Black Ice" et "Count Zero". Il y réitère son amour pour la musique classique avec une adaptation du "Prélude en C" de J.S. Bach.

  • The Urge (1991) : Ce troisième album marque un tournant stylistique. Influencé par le succès massif rencontré sur la route avec Satriani, Hamm explore un format plus orienté vers la chanson, intégrant des pistes vocales et un mélange éclectique de rock, de funk et même de rap. L'album bénéficie d'une liste d'invités impressionnante, incluant le guitariste Eric Johnson, le batteur Steve Smith (Journey) et même Tommy Lee (Mötley Crüe). Des morceaux comme "Lone Star" et son solo de basse live "Quahogs Anyone?" (qui intègre le thème de "Peanuts", "Linus and Lucy") deviennent des incontournables de ses concerts.

Après une pause discographique de près d'une décennie en tant qu'artiste solo, Hamm revient en 2000 avec Outbound, un album qui le voit renouer avec une approche plus fusion et expérimentale. Depuis, il maintient une production régulière, chaque album étant une nouvelle exploration.

Just Outside of Normal (2010) continue de mélanger les genres, tandis que The Book Of Lies (2015) et The Diary of Patrick Xavier (2018) explorent des voies plus narratives et conceptuelles. Son album le plus récent, Holdfast (2023), est une œuvre aux influences prog-rock affirmées, enregistrée avec des musiciens de renom tels que le guitariste Alex Skolnick (Testament).

La carrière solo de Stuart Hamm peut être vue comme un dialogue constant entre son identité de "bass hero" et son âme de compositeur éclectique. Ses premiers albums sont des manifestes techniques et conceptuels, fruits de ses années de développement. The Urge représente une réaction à son environnement professionnel, une tentative de pont vers un public plus large. Ses œuvres plus récentes, quant à elles, montrent un artiste mature, moins préoccupé par la démonstration technique que par l'expression compositionnelle et la collaboration. Chaque album est une photographie de ses intérêts du moment, qu'ils soient musicaux, littéraires ou personnels, faisant de sa discographie un parcours artistique riche et non-linéaire.

Le nom de Stuart Hamm est indissociable d'une série d'innovations techniques qui ont durablement enrichi le vocabulaire de la basse électrique. Cependant, sa contribution ne réside pas seulement dans l'invention ou la popularisation de ces techniques, mais dans sa capacité à les intégrer dans un langage musical cohérent et expressif, où la virtuosité est toujours au service de la composition.

Au cœur du style de Hamm se trouve sa maîtrise du tapping à deux mains. Comme mentionné précédemment, cette technique est née de sa volonté de jouer des pièces pour piano sur la basse. Contrairement à d'autres bassistes qui l'utilisaient pour des lignes monodiques rapides, Hamm a développé une approche polyphonique. Il utilise sa main gauche et sa main droite de manière indépendante sur le manche, comme le ferait un pianiste, pour jouer simultanément des lignes de basse, des accords et des mélodies. Cette méthode est l'outil de composition qui lui a permis de réaliser ses célèbres arrangements de pièces classiques et de construire ses propres compositions solo complexes, transformant la basse en un instrument orchestral autonome.

Hamm a pris la technique du slap et du pop, ancrée dans le funk de Larry Graham, et l'a propulsée dans de nouveaux territoires musicaux. Il l'a adaptée avec succès à des contextes rock, fusion et même country, comme en témoigne son morceau humoristique et virtuose "Country Music: A Night in Hell". Dans son approche pédagogique, il insiste sur des principes fondamentaux : la recherche d'un son clair et musical, la relaxation du poignet et de l'avant-bras, et la décomposition de la technique en éléments maîtrisables (frappe du pouce, étouffement, etc.). Il a également développé des variations personnelles, comme le "flamenco rake", une technique de strumming percussif avec la main droite qui ajoute une texture unique à son jeu.

Issu de sa formation de pianiste, le jeu de Hamm est profondément harmonique. Il utilise fréquemment des accords et des double-stops pour enrichir ses lignes de basse et ses compositions. Conscient que les accords joués dans le registre grave de la basse peuvent sonner confus, il a popularisé l'utilisation des "dixièmes" (un intervalle composé d'une tierce et d'une octave), qui créent une harmonie claire et aérée. De plus, Hamm est un maître incontesté des harmoniques. Il les emploie sous toutes leurs formes – naturelles, artificielles (pincées ou tapées) et glissées – non pas comme de simples effets, mais comme de véritables outils mélodiques et harmoniques. Il est capable de construire des mélodies entières et des séquences d'accords complexes uniquement avec des harmoniques, comme il le démontre dans ses cours et ses compositions.

La philosophie fondamentale de Stuart Hamm est que la musique doit dicter la technique, et non l'inverse. Chaque innovation, du tapping polyphonique à l'utilisation orchestrale des harmoniques, est née d'un besoin de composition. Dans ses cours, chaque exercice est immédiatement mis en pratique dans un contexte musical. Son héritage technique ne réside donc pas seulement dans la complexité de ses manœuvres, mais dans sa démonstration constante que la virtuosité n'est qu'un outil au service de l'expression. Il a offert à une génération de bassistes non seulement de nouvelles techniques, mais aussi un modèle sur la manière de les utiliser pour créer de la musique.

Au-delà de ses réalisations en tant qu'artiste et musicien de session, une part considérable de l'héritage de Stuart Hamm réside dans son engagement constant envers l'éducation musicale. Il a consacré une part importante de sa carrière à la transmission de son savoir, démystifiant des techniques complexes pour des milliers de bassistes à travers le monde.

À une époque précédant l'avènement d'Internet et de YouTube, les cassettes vidéo pédagogiques étaient le principal moyen pour les musiciens d'apprendre auprès de leurs idoles. Dans ce domaine, Hamm a été un pionnier. Ses vidéos pour Hot Licks, notamment "Slap, Pop & Tap for the Bass" (1987) et sa suite "Deeper Inside the Bass" (1993), sont devenues des classiques du genre. Elles ont offert à des générations de bassistes un accès sans précédent à une analyse détaillée de ses techniques de slap, de tapping polyphonique, d'harmoniques et d'approches rythmiques uniques, le tout expliqué de manière claire et structurée.

L'expertise de Hamm en tant que pédagogue a également été reconnue dans le milieu académique. Il a occupé le poste prestigieux de Directeur des Programmes de Basse au Musicians Institute (MI) à Hollywood, l'une des écoles de musique moderne les plus réputées au monde. Il a également partagé son savoir dans d'autres institutions comme le Berklee College of Music. Parallèlement, il est devenu l'un des "cliniciens" les plus demandés au monde, parcourant les continents pour donner des masterclass et des démonstrations, souvent en partenariat avec les marques d'équipement qu'il représente.

Avec la révolution numérique, Stuart Hamm a su adapter ses méthodes d'enseignement. Il a développé un partenariat fructueux avec la plateforme d'apprentissage en ligne TrueFire, créant une série complète de cours interactifs surnommée "Stu U". Son catalogue de cours est remarquablement exhaustif, s'adressant à tous les niveaux. Il propose des cours pour débutants absolus comme "Bass Basics" , ainsi que des modules spécialisés et approfondis sur le funk, le slap, le tapping et même un cours entièrement dédié à la composition et à la performance en solo, "Solo Bass". Sa méthodologie est largement saluée pour son approche logique, progressive et toujours centrée sur la musicalité. Les étudiants apprécient son enthousiasme communicatif et sa capacité à rendre l'apprentissage à la fois amusant et concret, en appliquant immédiatement chaque technique à des exemples musicaux.

L'implication de Stuart Hamm dans l'éducation est un fil rouge qui traverse toute sa carrière. Il a su faire évoluer ses méthodes en parallèle avec la technologie, passant de la vidéo unidirectionnelle des années 80 aux cursus académiques formels, puis aux plateformes interactives du 21e siècle. Cette transition d'un format de "démonstration" à un format de "cursus" complet révèle une maturation de sa philosophie d'enseignement. Son héritage ne se mesure donc pas seulement aux disques qu'il a enregistrés, mais aussi aux milliers de bassistes qu'il a formés et inspirés, démocratisant des techniques autrefois considérées comme ésotériques et contribuant activement à l'évolution de son instrument.

Stuart Hamm est bien plus qu'un bassiste virtuose ; il est une force transformatrice dans l'histoire de la basse électrique. Sa carrière, riche et multiforme, l'a vu exceller en tant que sideman de luxe pour les plus grands guitaristes de rock, compositeur solo innovant, technicien révolutionnaire et pédagogue dévoué. Il a su créer des ponts entre des mondes musicaux souvent cloisonnés, fusionnant l'énergie du rock, la complexité du jazz-fusion, la rigueur de la musique classique et le groove du funk en un style unique et immédiatement reconnaissable.

Son impact le plus durable réside dans l'élargissement fondamental du vocabulaire de son instrument. En systématisant et en popularisant des techniques comme le tapping polyphonique, le jeu en accords et l'utilisation orchestrale des harmoniques, il a normalisé une approche qui était auparavant marginale. Après Stuart Hamm, le concept de "basse solo" a cessé d'être une curiosité pour devenir une discipline artistique à part entière, avec ses propres codes et ses propres maîtres.

Des générations de bassistes ont grandi avec ses enregistrements, ses concerts et ses vidéos pédagogiques. Les techniques qu'il a défrichées font désormais partie de l'arsenal attendu de nombreux bassistes modernes, une conséquence directe de son travail de pionnier et de vulgarisateur. L'héritage de Stuart Hamm n'est pas figé dans le passé ; il est vivant et vibrant dans le jeu de d'innombrables musiciens aujourd'hui, qui continuent d'explorer les vastes territoires qu'il a été l'un des premiers à cartographier. Il a non seulement montré ce que la basse pouvait faire, mais il a aussi inspiré des milliers de musiciens à se demander : que peut-elle faire de plus ?

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Les Basses "Signature"

  • Kubicki Ex-Factor : Au début de sa carrière, Hamm est souvent associé aux basses futuristes de Philip Kubicki. Leur design avant-gardiste et leurs caractéristiques innovantes correspondaient parfaitement à son approche non conventionnelle de l'instrument.

  • Fender "Urge" Bass : La collaboration de Hamm avec Fender marque un tournant historique. Il devient le tout premier bassiste à avoir un modèle de basse signature produit par la légendaire marque. Lancée en 1993, la "Urge Bass" était un instrument radicalement nouveau, conçu pour répondre aux exigences de son jeu. Elle fusionnait des idées des modèles classiques Precision et Jazz avec l'ergonomie des basses Kubicki. Ses caractéristiques étaient uniques pour l'époque : un diapason medium de 32 pouces pour faciliter le jeu en accords et le tapping, un corps compact en aulne, 24 frettes pour couvrir deux octaves complètes, une configuration de micros polyvalente P/J/J (Precision au milieu, deux Jazz en positions manche et chevalet) et une électronique active sophistiquée. Un prototype unique de couleur jaune a même été fabriqué spécialement pour Larry Hartke, le fondateur des amplis Hartke, témoignant des liens étroits entre les deux innovateurs. Le modèle a ensuite été mis à jour pour devenir la "Urge II".

  • Washburn et Warwick : Après son partenariat avec Fender, Hamm a continué à développer des modèles signature avec d'autres marques, notamment Washburn  et, plus récemment, la marque allemande Warwick, avec laquelle il a conçu un modèle basé sur leur design Streamer.

L'Amplification : Le Son Hartke

Pendant plus de 15 ans, le son de Stuart Hamm a été synonyme de la marque d'amplificateurs Hartke. Il est l'un des ambassadeurs les plus célèbres de leurs haut-parleurs à cônes en aluminium. Cette technologie offre une réponse en fréquence plus rapide, plus claire et plus large que les cônes en papier traditionnels. Pour un joueur comme Hamm, dont le style repose sur la précision, l'attaque et la clarté des notes (tapping, slap, harmoniques), ce son était idéal. Il permettait à chaque nuance de son jeu de percer dans le mix sans être noyée. Il a lui-même déclaré : "Je ne peux tout simplement pas être Stu sans ce son Hartke". Il a longtemps utilisé des têtes comme la HA5500 et des enceintes comme les 410XL ou la série HyDrive. Plus récemment, il a entamé une collaboration avec Markbass, qui a également développé une tête d'ampli signature pour lui, la "MB STU AMP 1000".

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