
La basse Bongo de Music Man, conçue en 2003 en collaboration avec DesignworksUSA, le groupe de design du constructeur automobile BMW, elle a été une déclaration audacieuse, s'affranchissant des conventions esthétiques du marché. Son design radical et futuriste, souvent qualifié de "siège de toilette" ou d'objet de culte, a polarisé la communauté des bassistes, mais a su se forger une réputation de "chef-d'œuvre moderne" au sein de la marque Music Man. Bien que le modèle original soit considéré comme un instrument de pointe, il restait inaccessible pour une grande partie du public en raison de son prix élevé.
Dans ce contexte, l'annonce de l'arrivée de la Bongo dans la gamme Sterling by Music Man (SBMM) a été accueillie avec une effervescence particulière, le modèle étant "le plus demandé" par la communauté depuis longtemps. La ligne Sterling a toujours eu pour mission de rendre les designs emblématiques de Music Man plus abordables, et la Bongo ne fait pas exception à cette philosophie.
Le succès de la Bongo originale repose sur une combinaison de caractéristiques techniques de haute qualité, conçues pour offrir un confort exceptionnel et une polyvalence tonale maximale. Le corps de l'instrument est traditionnellement fabriqué en tilleul (basswood), un bois de lutherie réputé pour sa légèreté et sa sonorité neutre et équilibrée. Cette neutralité fournit une toile sonore idéale pour son électronique sophistiquée.
L'une des signatures de la Music Man Bongo est son système électronique de pointe. Elle est équipée de micros doubles bobinages propriétaires, alimentés par des aimants en néodyme, connus pour leur puissance et leur son percutant. Ces micros sont couplés à un préampli actif de 18 volts, offrant une égalisation à 4 bandes (basse, médiums bas, médiums hauts, aigus). Ce circuit complexe est souvent décrit comme un élément "vital" du son Bongo, capable d'offrir une "diversité sonore inégalée" et une puissance qui "coupe dans le mix". Enfin, le manche en érable, disponible dans une variété de finitions et attaché au corps par un joint sculpté à 5 vis, assure un accès fluide aux 24 frettes de la touche.
La version Sterling Bongo conserve le design emblématique de l'originale tout en introduisant plusieurs modifications clés pour la rendre plus accessible. Ces changements ne sont pas de simples réductions de coûts, mais des choix de conception qui façonnent l'identité propre de l'instrument.
Le corps de la Sterling Bongo est fabriqué en acajou indonésien, une divergence notable par rapport au tilleul du modèle américain. Ce changement de bois a une incidence directe sur le caractère sonore de la basse. Alors que le tilleul de la Music Man est neutre pour laisser l'électronique dicter le son, l'acajou apporte naturellement une signature plus chaude et plus riche en médiums. Cette sonorité inhérente au bois de lutherie peut servir à compenser la simplification du circuit électronique et des micros, donnant à la basse un caractère sonore distinctif dès sa fondation.
Le manche est un point de convergence qualitatif, bien qu'il présente des spécificités. La Sterling Bongo est dotée d'un manche en érable torréfié avec une touche en palissandre, une configuration qui offre un toucher "lisse" et un confort de jeu remarquable. Le choix de l'érable torréfié est particulièrement pertinent, car ce traitement, généralement associé à des instruments plus onéreux, améliore la stabilité et la résonance du bois. Un autre changement subtil mais significatif concerne la fixation du manche. Au lieu des 5 vis du modèle original, la Sterling Bongo utilise une attache à 6 vis. Ce choix, qui pourrait sembler mineur, est un indicateur fort que le développement de la ligne Sterling n'est pas une simple réplique, mais un projet de conception indépendant, optimisé pour une production de masse tout en maintenant une excellente stabilité de l'instrument.
L'un des points de convergence les plus significatifs entre les deux versions de la Bongo est le confort de jeu. Les musiciens s'accordent à dire que la Sterling Bongo, comme son aînée, offre une jouabilité exceptionnelle. Le manche en érable torréfié avec sa touche en palissandre est salué pour son toucher doux, tandis que le corps profilé avec de profondes échancrures (cutaways) assure un accès aisé aux 24 frettes. Un testeur a même qualifié le manche de la Sterling Bongo de "l'un des plus confortables jamais joués". Cette ergonomie a permis à la Bongo de dépasser les critiques de son design et de s'établir comme un instrument de performance de premier ordre.
Malgré l'ergonomie, le design de la Bongo continue de diviser. Pour certains, son esthétique radicale est un attrait majeur, tandis que pour d'autres, elle reste un "siège de toilette" visuellement repoussant. La demande populaire pour la version Sterling démontre cependant que le confort et la jouabilité uniques du modèle l'emportent sur les considérations esthétiques pour une grande partie du marché. L'arrivée d'une version abordable a permis de capitaliser sur l'expérience de jeu culte, rendant l'instrument accessible à une nouvelle génération de musiciens qui recherchent la performance sans le prix prohibitif.
La principale interrogation des bassistes concernant la Sterling Bongo porte sur sa sonorité. Le cœur du débat se situe au niveau des micros et de l'électronique. La Sterling Bongo est équipée de deux micros doubles bobinages en céramique, une différence cruciale avec les micros en néodyme de la Music Man Bongo. Bien que les aimants en céramique soient parfois perçus comme "inférieurs" par rapport à d'autres alternatives sur le marché, de nombreux musiciens les préfèrent pour leur son percutant et puissant. Le choix de la céramique confère à la Sterling un caractère sonore unique, qui, bien qu'il ne soit pas une réplique exacte de l'originale, est tout à fait pertinent pour tous les genres. La Bongo de Music Man, avec ses micros néodyme, est réputée pour sa puissance et son punch exceptionnels, une qualité qui a toujours été un argument de vente majeur.
Le second changement majeur de la Sterling Bongo est la simplification du préampli, passant d'un circuit à 4 bandes sur la Music Man à un circuit à 2 bandes (basse, aigus) avec un contrôle de mélange des micros sur la Sterling. Certains puristes considèrent ce préampli à 4 bandes comme "vital pour le son Bongo" et estiment que son absence est un "deal breaker". Cependant, d'autres bassistes défendent la version Sterling, arguant que ses contrôles sont "vraiment utilisables" et que le bouton de mélange permet d'obtenir "une tonne de sons différents".
Cette simplification n'est pas un simple compromis. C'est une stratégie de conception délibérée qui permet à la Sterling Bongo de s'établir avec sa propre identité sonore. Elle peut manquer des nuances subtiles et des options de sculpture tonale avancées de l'originale, mais en contrepartie, elle offre un son puissant et direct, particulièrement adapté aux genres qui exigent une présence forte dans le mix, comme le rock et le metal. En réservant le préampli 4 bandes et les micros en néodyme au modèle haut de gamme, Music Man protège consciemment le statut de "graal" de l'originale. La Sterling Bongo devient ainsi une porte d'entrée, un instrument qui peut initier un musicien à l'esthétique et à l'ergonomie de la marque, créant un chemin de progression naturel vers le modèle américain.
Le prix de la Sterling Bongo est l'un de ses arguments les plus forts. Aux États-Unis, la version 4 cordes est proposée à 699,99 USD et la 5 cordes à 779,99 USD. Ces prix sont significativement inférieurs à ceux des Music Man Bongo originales, qui se vendent entre 2500 USD et 3300 USD. La situation est différente en Europe, où les prix sont plus élevés, avec le modèle 5 cordes affiché à environ 1290 euros. Malgré cette augmentation, l'écart de prix avec les modèles américains reste colossal.
Les premiers avis de la communauté mettent en lumière les points forts et les faiblesses de la Sterling Bongo.
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Points Positifs : Le design unique est un argument de vente majeur pour les fans de la première heure. Le confort de jeu, avec un manche rapide et un accès total aux 24 frettes, est universellement salué. La basse est perçue comme un excellent rapport qualité-prix, offrant un instrument performant à une fraction du prix du modèle américain. Le manche en érable torréfié est également un atout de qualité, souvent associé à des instruments plus haut de gamme.
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Points Négatifs : La principale critique concerne les compromis sur l'électronique. L'absence du préampli à 4 bandes et des micros en néodyme laisse certains puristes sur leur faim, qui estiment que l'instrument perd une part de l'identité sonore de l'originale. L'esthétique reste un point de clivage, même si cela est plus une question de goût personnel qu'une critique technique. Enfin, un point soulevé par un testeur est le manque de place pour le "slap and pop" près du micro chevalet, un détail ergonomique qui pourrait gêner certains styles de jeu.
En tout cas, plutôt que de proposer une simple copie dégradée, la Sterling Bongo se présente comme une réinterprétation intelligente. En modifiant les bois et en simplifiant l'électronique, la marque a créé un instrument qui possède sa propre identité sonore, distincte de l'originale mais fidèle à l'esprit de performance et de modernité de la Bongo.
Cependant, il est important de noter qu'elle n'est pas destinée aux puristes du son Music Man original. Si la finesse de sculpture tonale du préampli à 4 bandes ou la puissance brute des aimants en néodyme est un prérequis, alors l'investissement dans le modèle américain reste la seule solution. La Sterling Bongo est donc un excellent instrument à part entière, qui sert également de passerelle vers la marque Music Man. Elle démocratise une légende et mérite pleinement sa place sur le marché.
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