James Robert Haslip, né le 31 décembre 1951 dans le Bronx, New York, incarne l'archétype du bassiste moderne dont la curiosité intellectuelle et la rigueur technique ont permis l'émergence de nouveaux langages musicaux. Fils d'immigrants portoricains, Haslip a grandi dans un environnement où l'espagnol était la langue maternelle et où les rythmes afro-caribéens constituaient la toile de fond de la vie quotidienne. Cette immersion précoce dans la syncope et la polyrythmie latine — écoutant des icônes comme Tito Puente, Ray Barretto et Celia Cruz — a forgé chez lui une compréhension intuitive du temps qui deviendra sa marque de fabrique.
Un Parcours de Formation Multi-Instrumentiste
Contrairement à de nombreux bassistes qui choisissent l'instrument par défaut, le parcours de Haslip témoigne d'une exploration méthodique du spectre sonore. Dès l'âge de sept ans, il s'initie à la batterie, développant une coordination motrice essentielle pour le futur bassiste de jazz fusion qu'il deviendra. Il explore ensuite les cuivres, jouant de la trompette, du bugle, de l'euphonium et du tuba dans des corps de tambours et clairons. Cette expérience avec les cuivres est fondamentale : elle lui enseigne non seulement la gestion de la colonne d'air pour le phrasé mélodique, mais aussi le rôle structurel des fréquences graves, notamment à travers la pratique du tuba.
Ce n'est qu'à l'âge de 15 ans, après avoir été subjugué par le son d'une basse Hagstrom lors d'une fête de collège, que Haslip se consacre définitivement à la basse électrique. Un aspect singulier de sa technique réside dans son autodidaxie forcée par sa nature de gaucher. Ayant fait l'acquisition d'un instrument pour droitier, il choisit de ne pas inverser les cordes et apprend à jouer avec la corde de Sol en haut et la corde de Mi (puis de Si) en bas. Cette configuration inversée a créé un paradigme de doigté unique, influençant son approche des accords et des intervalles de dixième, qu'il utilise avec une fluidité expressive rare.
La Fondation des Yellowjackets et la Révolution de la 5 Cordes
En 1977, Jimmy Haslip cofonde les Yellowjackets, un groupe qui deviendra l'un des piliers du jazz fusion contemporain. Sa collaboration initiale avec Robben Ford et Russell Ferrante sur l'album The Inside Story jette les bases d'un son qui mêle virtuosité jazz, énergie rock et sensibilités R&B. Haslip s'est distingué comme l'un des pionniers de la basse à cinq cordes, un outil qu'il a adopté très tôt pour étendre le registre grave de ses arrangements sans sacrifier la clarté mélodique dans les aigus.
Son style se caractérise par une utilisation intensive de la basse fretless, offrant une qualité vocale à ses solos, et par une maîtrise des rythmes complexes. Sa brève période d'étude avec Jaco Pastorius au milieu des années 70 a été un catalyseur, l'inspirant à pousser l'instrument au-delà de sa fonction d'accompagnement. En 2012, après 35 ans de service et plus de vingt albums avec les Yellowjackets, Haslip quitte le groupe pour se consacrer à sa famille et à une pléthore de projets indépendants, allant de la production pour Jeff Lorber à des collaborations avec des guitaristes comme Allan Holdsworth et Joe Vannelli.
Analyse Technique et Équipement
L'équipement de Jimmy Haslip a évolué pour soutenir sa technique de "cordes inversées". Bien qu'il soit associé à diverses marques de prestige, sa capacité à adapter son toucher à n'importe quel instrument est le signe de sa maîtrise. Il privilégie des instruments offrant un sustain long et une réponse précise aux harmoniques.
Données Clés et Discographie de Jimmy Haslip
| Catégorie | Détails |
|---|---|
| Instruments | Basse électrique (4, 5, 6 cordes), fretless |
| Groupes Principaux | Yellowjackets (1977-2012), Blackjack, Jing Chi, ARC Trio |
| Albums Solo | Arc (1993), Red Heat (2000) |
| Technique Signature | Gaucher, cordes inversées, usage précoce de la 5 cordes |
| Collaborations Notables | Eric Marienthal, Bruce Hornsby, Kiss, Chaka Khan, Donald Fagen |
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