Tracy Wormworth, la funk new wave (1958-)

Publié le 15 décembre 2025 à 09:52

Tracy Ann Wormworth, née le 15 décembre 1958 à New York City , est une bassiste électrique dont la carrière est caractérisée par une polyvalence stylistique remarquable. Naviguant avec aisance entre les grooves de la new wave, du rock alternatif, et du jazz fusion, elle est l'une des musiciennes de session les plus respectées de sa génération.   

Tracy Wormworth est issue d'une véritable dynastie musicale. Elle est la fille du batteur de jazz Jimmy Wormworth et la sœur du batteur James Wormworth (connu pour son travail dans l'orchestre de Conan O'Brien) et de la vocaliste Mary Wormworth. Le fait de grandir dans un environnement où le jazz et les musiques rythmiques étaient omniprésents, avec une section rythmique familiale naturelle à portée de main, a été la source de sa polyvalence et de sa capacité innée à établir un groove solide dans n'importe quel contexte. Elle a également été inspirée très tôt par le légendaire Marcus Miller, soulignant son affinité pour le funk et la fusion.   

Sa carrière décolle lorsqu'elle rejoint The Waitresses, un groupe de new wave originaire d'Akron, Ohio. Elle intègre le groupe après le départ de Dave Hofstra et est présente sur la photo de couverture arrière de leur premier album, Wasn't Tomorrow Wonderful?. Elle restera avec eux jusqu'à leur dissolution en 1984, définissant le son du groupe de l'intérieur.   

Le style de jeu de Tracy Wormworth est reconnu pour être "très mélodique avec beaucoup d'arpèges". Cependant, sa véritable innovation réside dans son approche tonale unique, conçue pour s'adapter et transcender les genres.   

Le secret de son son, notamment sur les enregistrements de The Waitresses, réside dans la combinaison d'une technique instrumentale spécifique : elle joue avec un médiator (pick) et utilise une pièce de feutre scotchée sur le chevalet comme sourdine (mute). L'utilisation du médiator assure une attaque nette, agressive et très présente dans le mix, caractéristique du new wave et du post-punk. Simultanément, la sourdine en feutre étouffe le sustain de la corde, résultant en un son court, percussif et "thuddy". Elle a elle-même expliqué qu'avec le jazz, elle utilise une technique de sourdine pour émuler le son classique de la contrebasse acoustique (upright bass), en se concentrant sur le contour de l'accord plutôt que sur la complexité mélodique pure. Cette combinaison de l'attaque du médiator et de l'étouffement du son lui confère une identité sonore distincte, capable de livrer un groove funky et précis, tout en conservant la clarté exigée par la new wave.   

Une étude de cas parfaite de son style est la ligne de basse sur le titre "Christmas Wrapping" (1981) des Waitresses. Cette ligne est souvent citée comme l'une des meilleures lignes de basse jamais enregistrées pour une chanson de Noël, car elle fusionne avec succès le funk et l'ambiance new wave. Elle montre comment Wormworth utilise le groove pour propulser le morceau, privilégiant l'impact rythmique et la mélodie à la vitesse.   

La polyvalence de Wormworth l'a conduite à un autre rôle emblématique : bassiste de The B-52s. Elle rejoint le groupe en 1990 et participe à leur sixième album studio, Good Stuff (1992), puis au disque Funplex (2008), où elle est listée comme membre officielle du groupe. Son travail chez The B-52s consiste à fournir une assise rythmique fiable et dansante, stabilisant le son excentrique et souvent exubérant du groupe.   

Son adaptabilité se reflète également dans son équipement. Pour The B-52s, elle utilise une basse Atelier Z à 5 cordes, tandis que pour ses tournées avec des artistes comme Joan Osborne, elle préfère une Sadowsky à 4 cordes à travers un rig Eden. Le choix d'une 5-cordes pour The B-52s indique une nécessité d'étendre la tessiture vers le bas, s'adaptant à l'évolution sonore du groupe au début des années 90, et témoigne de sa capacité à choisir l'outil idéal pour chaque contexte musical.   

La liste des collaborations de Tracy Wormworth est un témoignage de son statut dans l'élite des musiciens de session et de tournée. Elle a été bassiste de tournée pour des artistes aussi divers que Sting, Cyndi Lauper, et la légendaire Phyllis Hyman.   

Plus impressionnant encore est son travail dans le monde du jazz/fusion, où elle a tourné avec le saxophoniste Wayne Shorter et la violoniste Regina Carter. Collaborer avec un titan comme Shorter exige non seulement une maîtrise du groove, mais aussi une compréhension avancée de l'harmonie et de l'improvisation libre. Cette disparité de crédits — du R&B (Des'ree, Lena Horne, Paula Abdul ) au jazz fusion exigeant — prouve une adaptabilité harmonique instantanée et une fiabilité professionnelle extrême.   

La carrière d'un musicien de session de haut vol comme Wormworth repose sur une base solide de compétences techniques (incluant le sight-reading rapide) et une intelligence musicale permettant de servir la vision de chaque artiste sans imposer son propre style. Son rôle de membre du house band sur The Rosie O'Donnell Show, jouant avec des invités allant de Little Richard à Liza Minnelli , souligne cette capacité à s'intégrer instantanément à des styles variés. Enfin, le fait qu'elle ait été auditionnée pour les Rolling Stones après le départ de Bill Wyman  confirme que sa réputation s'étendait aux plus hautes sphères du rock international. 

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