Aujourd'hui, Chris Wolstenholme, les graves de Muse (1978-)

Publié le 2 décembre 2025 à 08:34

Christopher Tony Wolstenholme, né le 2 décembre 1978 à Rotherham, dans le Yorkshire du Sud (Angleterre) , est reconnu mondialement comme le bassiste et choriste du groupe de rock alternatif Muse. Son parcours musical débute loin des quatre cordes, ancré d'abord dans la guitare et la batterie. Ce n'est qu'après avoir déménagé dans le Devon à l'âge de 11 ans  qu'il intègre la scène locale, jouant initialement de la batterie pour un groupe nommé Fixed Penalty.   

La genèse de son style unique réside dans sa transition forcée vers la basse. Lorsque Matthew Bellamy et Dominic Howard forment Rocket Baby Dolls (l'ancêtre de Muse), ils sollicitent Wolstenholme pour tenir la basse. Réticent au départ, il abandonne la batterie pour l'instrument qui fera sa gloire. Cette formation rythmique initiale est cruciale : elle explique sa capacité à verrouiller rythmiquement avec Dominic Howard tout en approchant la basse avec une mentalité mélodique et percussive, souvent étrangère aux bassistes "traditionnels".   

Depuis la formation de Muse en 1994, Wolstenholme n'a cessé de redéfinir le rôle de la basse au sein du trio rock. Dans une configuration à trois (guitare, basse, batterie), la basse ne peut se contenter de souligner la fondamentale ; elle doit combler l'espace spectral laissé vacant par l'absence de guitare rythmique ou de claviériste permanent. Wolstenholme a relevé ce défi en développant un son massif, saturé, quasi-industriel, devenant le pilier sonore sur lequel reposent les envolées lyriques et guitaristiques de Bellamy.

Le style de jeu de Wolstenholme se distingue par une endurance physique exceptionnelle et une approche quasi-mécanique de l'exécution, visant à imiter les séquenceurs électroniques.

Le Paradigme de l'Ostinato et "Hysteria"

L'exemple le plus probant de sa virtuosité technique est sans conteste la ligne de basse de "Hysteria", issue de l'album Absolution (2003). Souvent citée comme la meilleure ligne de basse du XXIe siècle, elle repose sur un flux ininterrompu de doubles croches. La difficulté ne réside pas uniquement dans la vélocité (94 BPM en doubles croches), mais dans la constance de l'attaque. Wolstenholme traite cette ligne comme une mélodie de premier plan, utilisant des notes chromatiques d'approche et des cordes à vide pour créer une texture dense et motrice. L'exécution de ce morceau requiert une indépendance totale des doigts de la main droite (jeu aux doigts) et une endurance musculaire capable de maintenir une intensité égale pendant toute la durée du titre, sans fléchir sous la compression massive des pédales de distorsion.   

L'Usage des Cordes à Vide et Accordages

Pour maximiser la résonance et l'ampleur du son, Wolstenholme exploite abondamment les cordes à vide. Il utilise fréquemment l'accordage en Drop D (Ré-La-Ré-Sol), mais va parfois plus loin en désaccordant la corde de La en Sol pour des riffs à l'unisson ou des octaves puissantes. Cette technique lui permet de faire sonner la basse comme un mur de son, le sustain des cordes à vide créant un tapis sonore continu.   

Le "Son Muse" est le résultat d'une recherche organologique complexe, mêlant lutherie moderne et traitement du signal multi-canal.

Les Instruments : La Fidélité au Graphite

Wolstenholme est indissociable de la marque britannique Status Graphite.

  • La Série S2 et Signature : Il privilégie les basses dotées de manches en graphite tissé. Contrairement au bois, le graphite offre une rigidité absolue et une réponse fréquentielle très homogène, dépourvue des "zones mortes" (dead spots) souvent présentes sur les manches en bois. Cette clarté cristalline est indispensable pour conserver la définition des notes lorsqu'elles traversent plusieurs étages de saturation extrême.   

  • Modèle Signature Chris Wolstenholme : Conçu en collaboration avec Rob Green de Status, ce modèle intègre une électronique active spécifique permettant de sculpter les médiums, fréquence critique pour percer dans le mix dense de Muse.

La Chaîne de Traitement (Signal Path)

Le secret de sa texture sonore réside dans la séparation du signal (Bi-amping ou Tri-amping) :

  1. Canal Clair (Clean) : Une partie du signal est envoyée vers un amplificateur (souvent Ampeg SVT ou Markbass) sans distorsion majeure. Cela garantit la préservation des fréquences sub-basses (le "bas du spectre"), assurant l'impact physique de l'instrument.

  2. Canal Saturé (Distortion) : Le second signal passe par des unités de saturation. Les pièces maîtresses incluent la Big Muff Pi (Russe) d'Electro-Harmonix pour un fuzz épais et baveux, et surtout la pédale rare Human Gear Animato. L'Animato, une distorsion japonaise, confère ce grain agressif et "déchiré" si caractéristique de l'album Absolution.   

  3. Canal Synthétiseur : Pour des titres comme Time is Running Out ou Uprising, Wolstenholme utilise des pédales de synthèse comme l'Akai Deep Impact SB1 ou le Markbass Super Synth, générant des ondes carrées ou en dents de scie qui doublent le signal de la basse électrique. 

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