Oubliez l'image du contrebassiste caché au fond de l'orchestre, ne jouant que des fondamentales. Le 1er décembre 2001 est né à Prague un musicien qui a décidé de changer la donne : Indi Stivín. À seulement 24 ans aujourd'hui, ce virtuose tchèque est en train de réécrire les règles de notre instrument, prouvant qu'une contrebasse peut chanter, pleurer et danser avec autant d'agilité qu'un violon. Pour gravebasse.com, il incarne l'avenir de la contrebasse solo.
Petit-fils du légendaire flûtiste Jiří Stivín, Indi a la musique dans le sang. Il commence par le violon, ce qui forgera son oreille et sa précision, mais tombe amoureux de la "grosse dame" à cordes à l'âge de neuf ans. Son choix surprend, mais sa détermination est totale. Formé par les meilleurs professeurs de l'Opéra de Prague, il développe une technique qui allie la puissance de l'école tchèque à une finesse moderne.
C'est en 2018 que le grand public découvre le phénomène. Lors de la finale de l'Eurovision Young Musicians à Édimbourg, diffusée dans toute l'Europe, un jeune homme de 16 ans s'avance sur scène avec son immense instrument. Il n'y joue pas du Bach ou du Bottesini, mais sa propre composition : la "Bohemian Suite". Accompagné par le BBC Scottish Symphony Orchestra, il livre une performance époustouflante, faisant oublier la lourdeur physique de l'instrument pour ne laisser place qu'à la musique. Il prouve ce soir-là que la contrebasse a l'âme d'une soliste.
Indi Stivín ne se contente pas d'interpréter. Frustré par le répertoire parfois limité de la contrebasse, il compose. Son style, ancré dans le romantisme et le folklore de Bohême, met en valeur les capacités lyriques de l'instrument. Il a également fondé son propre ensemble, le Collegium Stivinum, qu'il dirige parfois depuis son instrument, renouant avec la tradition des chefs-instrumentistes du XVIIIe siècle.
Si vous pensez que la contrebasse est un instrument lent et grave, écoutez Indi Stivín. Sa main gauche parcourt la touche à une vitesse vertigineuse, et son archet tire des harmoniques cristallines. Il est la preuve vivante que la seule limite de l'instrument est l'imagination du musicien. Joyeux anniversaire à ce jeune maître!
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