Chaque groupe a son mythe fondateur. Pour Travis, l'un des groupes phares du post-Britpop , une partie de ce mythe repose sur son bassiste. Douglas "Dougie" Payne, né le 14 novembre 1972 à Glasgow, en Écosse , est l'incarnation de l'heureux accident, un artiste qui est devenu musicien par nécessité et dont l'approche non conventionnelle a défini le son mélodique du groupe.
L'histoire de Dougie Payne est intrinsèquement liée à celle du chanteur Fran Healy. Tous deux ont fréquenté la Glasgow School of Art. Payne, qui avait joué du piano et du saxophone dans sa jeunesse (ce dernier par obsession pour David Bowie ) et s'était mis à la guitare , n'avait jamais touché une basse de sa vie.
En 1994, Fran Healy lui demande de rejoindre son groupe, alors appelé Glass Onion (un nom inspiré des Beatles ). La proposition était simple : "Joue de la basse". Payne a refusé pendant des semaines, insistant : "Je ne sais pas jouer de la basse". Healy, imperturbable, lui apporta une "basse bon marché", un petit ampli et une cassette de cinq chansons, lui disant simplement "Essaie" ("Have a go").
Ce recrutement n'était pas basé sur la compétence technique, mais sur l'amitié et une sensibilité artistique partagée. Cette origine "art school" , commune à de nombreux groupes britanniques influents, a façonné l'esthétique de Travis : l'accent est mis sur la chanson, le concept et la mélodie, plutôt que sur la virtuosité.
Cet apprentissage "sur le tas" est la clé pour comprendre le style de Payne. N'ayant pas été formé aux conventions du jeu de basse rock (c'est-à-dire suivre la grosse caisse et jouer les notes fondamentales), il a appris l'instrument à travers les chansons de Healy. Il a été forcé de trouver des notes qui servaient la mélodie vocale.
Il n'est donc pas surprenant que son "premier héros de la basse" soit Paul McCartney , lui-même connu pour ses lignes de basse mélodiques qui agissent comme des contre-chants. L'influence des Beatles est omniprésente dans l'ADN de Travis.
Le résultat est un style souvent décrit comme "mélodique" et "pas flashy", mais qui "élève les chansons à un autre niveau". Au lieu de simplement ancrer le rythme, Payne crée des harmonies secondaires. C'est ce qui donne à des classiques comme "Why Does It Always Rain On Me?" ou "Driftwood" leur richesse et leur mouvement. Son apprentissage "accidentel" l'a paradoxalement libéré, lui permettant de développer une voix unique sur l'instrument, une voix qui privilégie la mélodie et la retenue.
Le parcours de Dougie Payne chez Travis est une boucle créative complète. Il a commencé comme non-musicien, a maîtrisé son instrument en s'inspirant des plus grands mélodistes, puis a utilisé cet instrument comme un outil pour devenir lui-même un compositeur.
En plus de ses contributions essentielles aux chœurs , Payne a commencé à écrire ses propres chansons, souvent reléguées aux faces B des singles, comme "The Score" ou "Know Nothing". Son implication en tant que compositeur a atteint un sommet avec l'album Ode to J. Smith en 2008. Sur cet album, il a co-écrit cinq des onze chansons , y compris le single "Something Anything". C'était la première fois qu'un single de Travis n'était pas l'œuvre exclusive de Fran Healy.
De l'école d'art à compositeur de singles, le parcours de Dougie Payne est un témoignage de la primauté de la vision artistique sur la technique pure.
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