Pour l'anniversaire de celui qui fut le premier bassiste de Bon Jovi, Alec John Such, né un 14 novembre 1951 et décédé le 5 juin 2022 , sa contribution au mastodonte du rock est souvent débattue, mais son rôle fondateur est indéniable. Il était, comme l'a dit Jon Bon Jovi lui-même, "un original".
Les hommages rendus par les membres du groupe lors de son décès se sont moins concentrés sur sa musicalité que sur son rôle dans la formation même du groupe et son caractère "sauvage et plein de vie".
Such n'a pas été recruté pour être un virtuose ; il était la colle. Vétéran de la scène florissante du New Jersey , il dirigeait le Hunka Bunka Ballroom à Sayreville, où il avait engagé le premier groupe de Jon, Jon Bon Jovi & The Wild Ones. Lorsque Jon Bon Jovi a eu besoin de musiciens pour capitaliser sur le succès de son single "Runaway", Such a été l'homme providentiel. Il était un ami d'enfance du batteur Tico Torres, avec qui il avait joué dans Phantom's Opera, et il avait été le partenaire de Richie Sambora dans un groupe précédent nommé The Message. L'affirmation selon laquelle il était "essentiel à la formation du groupe" n'est pas une hyperbole ; il a littéralement fourni le batteur et le guitariste de la formation classique.
Alec John Such est crédité sur les cinq premiers albums studio, l'ère la plus emblématique du groupe : Bon Jovi (1984), 7800° Fahrenheit (1985), Slippery When Wet (1986), New Jersey (1988), et Keep the Faith (1992). Il est le visage de la basse sur des succès mondiaux.
Cependant, la réalité en studio était plus complexe. Depuis longtemps, des rumeurs circulaient sur l'implication d'un "bassiste fantôme" ("ghost player"), Hugh McDonald. McDonald, qui deviendra le remplaçant "non officiel" de Such après 1994, était en fait le bassiste de studio de Bon Jovi depuis le début. C'est lui qui a joué sur la démo originale de "Runaway" avant même que le groupe ne soit formé et, selon de nombreuses sources, sur la majorité des albums, y compris Slippery When Wet , bien que Such soit le seul crédité sur la pochette.
Jon Bon Jovi a lui-même confirmé cette situation, expliquant qu'ils avaient "longtemps 'ghosté'" Such en raison de son "incapacité à suivre" ("inability to keep up") alors que le groupe cherchait à "améliorer son jeu" ("up our game"). Cela redéfinit la perception du rôle de Such : il n'était pas le son de Bon Jovi, mais il était le visage de la basse de Bon Jovi, un membre visuel et unificateur essentiel à l'image du groupe.
Le départ de Such en 1994, après la sortie de la compilation Cross Road, fut le premier changement majeur dans la formation. La raison officielle était l'épuisement ("burned out"). Étant de dix ans l'aîné des autres membres, il ne voulait plus de ce rythme de travail infernal. Such a également laissé entendre que des considérations financières avaient joué un rôle, suggérant que Jon Bon Jovi était satisfait de ne pas avoir à payer un pourcentage de membre à part entière à son remplaçant.
Après son départ, Such s'est retiré de la musique. Il a géré des groupes locaux du New Jersey et a possédé un magasin de motos à New York.
Le moment de rédemption est arrivé en 2018, lorsque Bon Jovi a été intronisé au Rock & Roll Hall of Fame. Such a rejoint le groupe sur scène, retrouvant sa place pour l'événement. Son discours fut une reconnaissance touchante de son véritable rôle. Il a déclaré : "Quand Jon Bon Jovi m'a appelé... j'ai vite réalisé à quel point il était sérieux et il avait une vision... Je suis seulement trop heureux d'avoir fait partie de cette vision.". Ce fut la validation finale de son héritage : non pas celui d'un technicien, mais celui d'un architecte fondateur, sans qui la vision n'aurait peut-être jamais pris forme.
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