Aujourd'hui, Nikolai Fraiture, la basse discrète de The Strokes, né en 1978

Publié le 13 novembre 2025 à 07:36

Pour les millions de fans qui ont défini leur jeunesse au début des années 2000 par la bande-son de $Is This It$, Nikolai Fraiture est une présence à la fois constante et discrète. Né Nikolai Philippe Fraiture le 13 novembre 1978 , il est l'homme tranquille sur le flanc de la scène, l'ancre visuelle et sonique qui maintient l'équilibre entre les guitares enchevêtrées de Nick Valensi et Albert Hammond Jr. et la voix écorchée de Julian Casablancas. Pourtant, réduire Fraiture à un simple rôle de soutien serait une profonde erreur de lecture. En tant que bassiste cofondateur de The Strokes (depuis 1998) , il est l'architecte de certaines des lignes de basse les plus fondamentales et identifiables du rock moderne.  

La mythologie de The Strokes ne commence pas dans un club moite du Lower East Side, mais dans un couloir d'école. Fraiture, d'origine franco-russe, a rencontré Julian Casablancas à l'âge de six ans alors qu'ils fréquentaient tous deux le Lycée Français de New York. Ce lien d'enfance est la pierre angulaire du groupe.   

Une anecdote fondatrice illustre parfaitement leur dynamique. À 16 ans, Fraiture reçoit sa première basse en cadeau de fin d'études de la part de son grand-père. Il la donne presque aussitôt à Casablancas, qui en avait davantage besoin à l'époque. Ce n'est que deux ans plus tard, vers 18 ans, que Fraiture récupère un instrument et commence sérieusement à jouer. Cette dynamique précoce—celle de facilitateur et de fondement—est devenue une métaphore de son rôle au sein du groupe. Il est le point de stabilité sur lequel la vision créative de Casablancas a pu s'épanouir, une fraternité qui a donné au groupe une cohésion que peu de leurs contemporains possédaient.   

Le son de Fraiture sur les deux premiers albums cruciaux de The Strokes est une étude de cas en matière d'esthétique sonore. Il a décrit lui-même cette approche comme étant "all grit and grime" (tout en crasse et en saleté). Ce n'était pas seulement une question de technique, mais un choix délibéré de production et d'attitude.   

Fraiture a révélé plus tard que, pendant cette période, ses cordes de basse étaient "rarement changées". La "sueur et la saleté des petits clubs remplissaient les sillons" de ses cordes filées. Ce manque d'entretien, combiné à son choix d'équipement—principalement des basses Fender Jazz et Precision  jouées agressivement au plectre, près du chevalet —a créé ce son percussif, mat et pourtant profondément mélodique. C'est un son qui ne fait pas que suivre les accords ; il crée des contre-mélodies tout en agissant comme un instrument de percussion.   

Il a également fait preuve d'une ingéniosité sonore précoce. Pour la ligne de basse emblématique de "12:51", qui sonne comme un synthétiseur, Fraiture a expliqué qu'il s'agissait simplement de son ampli guitare avec l'égaliseur complètement baissé, une tentative délibérée d'imiter le son synth-pop de The Cars.

La trajectoire fulgurante de The Strokes semblait inévitable, mais une anecdote peu connue des débuts du groupe montre à quel point tout cela était fragile. Alors que le groupe commençait à peine à faire parler de lui, Fraiture a contracté la fièvre pourprée des montagnes Rocheuses lors de vacances à la Nouvelle-Orléans.   

La maladie s'est avérée débilitante, provoquant une fatigue extrême, de la confusion et de la fièvre. Malgré les ordres du médecin lui imposant le repos au lit, Fraiture, alors âgé de 20 ans, a fait preuve d'une ténacité extraordinaire. Il continuait de jongler entre ses cours à l'université, deux emplois (dans un vidéo-club et comme promeneur de chiens) et les répétitions du groupe. Le groupe a dû annuler des concerts. Casablancas, son ami d'enfance, avait déclaré à l'époque : "Ça craint, mais nous comprenons tous... Nous savons qu'il est vraiment malade". La détermination de Fraiture à continuer ("Je ne vais pas mettre toute ma vie en attente à cause de ça" ) a été un point de bascule critique, démontrant une résilience qui allait s'avérer nécessaire pour la décennie à venir. 

L'identité musicale de Fraiture ne se limite pas à son rôle d'ancre. Pendant les pauses du groupe, il a exploré sa propre voix en tant que compositeur et leader. Son premier projet solo, sous le nom de Nickel Eye, a abouti à l'album $The Time of the Assassins$ (2009). L'album a révélé un côté plus sombre et plus folk de son écriture, citant des influences comme Leonard Cohen et Neil Young.   

Plus récemment, il a lancé le groupe Summer Moon (formé en 2016), où il passe de "bassiste" à "leader", assumant le rôle de chanteur principal et de bassiste. Ce projet montre également son intérêt profond pour les textures électroniques, notamment son amour pour les synthétiseurs de basse vintage comme le rare Multivox Basky II et les classiques Moog.

En ce jour anniversaire, Nikolai Fraiture représente bien plus que le simple bassiste de The Strokes. Il est un architecte sonore dont les choix esthétiques ont contribué à définir un genre. Son héritage n'est pas celui d'une virtuosité tape-à-l'œil, mais celui d'une constance mélodique et d'une fondation rythmique si solide qu'elle en est devenue emblématique.

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