Bon anniversaire Brian Wheat, co-fondateur de Tesla... Le groupe !

Publié le 5 novembre 2025 à 22:09

Parmi les figures qui célèbrent leur naissance en ce 5 novembre, il en est une qui incarne la résilience, l'authenticité et l'antithèse fondamentale de l'époque qui l'a vu naître. Brian Wheat, né le 5 novembre 1963 , n'est pas seulement le bassiste et co-fondateur du groupe de hard rock multi-platine Tesla. Il est l'architecte discret d'un son, un survivant de l'excès par la vulnérabilité, et un homme dont l'identité est si profondément ancrée dans la réalité qu'il a intitulé son autobiographie Son of a Milkman (Fils de Laitier).   

Ce titre n'est pas une simple anecdote ; c'est sa thèse. À une époque dominée par le glam metal, les cheveux crêpés, le spandex et l'hédonisme de la démesure, Wheat et Tesla ont consciemment cultivé une image "no frills" (sans fioritures), "blue-collar" (col bleu). Alors que ses pairs rédigeaient des mémoires sur les groupies et les drogues, Wheat a attendu des décennies pour livrer un "tell all"  non pas sur ses conquêtes, mais sur ses luttes contre l'anxiété, la dépression et les troubles alimentaires. Aujourd'hui, en célébrant son anniversaire, nous explorons l'homme qui a tenu bon, le pilier qui a permis aux guitares de s'envoler.   

L'histoire de Brian Wheat commence, comme tant d'histoires de rock, par une révélation. Mais sa révélation n'était pas le blues du diable ou la fureur du punk ; c'était la mélodie pure. Le plus jeune de six enfants, il a grandi à Sacramento, en Californie. Ses frères écoutaient du hard rock, mais c'est en se faufilant dans la chambre de son frère qu'il a attrapé un disque qui allait changer sa vie : Revolver des Beatles.   

"J'ai mis 'Eleanor Rigby'", a-t-il raconté, "et le son de la voix de McCartney et des cordes m'a transformé en fanatique des Beatles, et principalement en fanatique de Paul McCartney". Son admiration pour McCartney est devenue une boussole existentielle. Dans une interview, il a résumé sa dévotion par une phrase devenue célèbre : "Je suis d'avis que le 8ème jour, Dieu a créé Paul McCartney".   

Cette idolâtrie a défini son destin instrumental. Il ne voulait pas seulement jouer de la musique ; il voulait être Paul. Confronté au choix entre Lennon et McCartney, il a choisi McCartney. À l'âge de 12 ans, alors qu'il se remettait d'une jambe cassée, il a reçu une guitare, mais sa voie était déjà tracée. Il a rapidement vendu son vélo Schwinn pour 40 dollars et a acheté sa première basse. Cet acte de dévotion précoce a cimenté une passion qui allait devenir son identité.   

Cette influence n'a jamais été superficielle. Wheat n'était pas un simple imitateur ; il était un étudiant. Il analyse l'évolution de McCartney, notant comment il est passé de "jouer simplement la fondamentale" sur les premiers albums pop à développer des lignes de basse incroyablement mélodiques et complexes sur des chansons comme "Something" ou "Drive My Car". C'est cette philosophie – la basse comme un instrument de soutien mélodique, pas seulement un gardien du rythme – qu'il allait apporter à Tesla.   

En 1981, Brian Wheat et le guitariste Frank Hannon ont formé un groupe appelé City Kidd. Après avoir solidifié leur line-up avec le chanteur Jeff Keith, le guitariste Tommy Skeoch et le batteur Troy Luccketta, le groupe a signé chez Geffen Records et a changé son nom en Tesla, en hommage à l'inventeur excentrique.   

Dès le début, Tesla était une anomalie. Leur premier album, Mechanical Resonance (1986), est sorti en plein âge d'or du hair metal. Pourtant, leur musique était différente. Elle était "bluesy, no-frills, '70s-style hard rock". Ils portaient des jeans et des t-shirts, ressemblant plus à Aerosmith ou AC/DC qu'à leurs contemporains de Mötley Crüe ou Poison.   

Wheat lui-même a réfléchi à ce paradoxe. "Nous étions comme ce groupe sans image", dit-il. À l'époque, c'était une source de frustration. "Dans les années 80, on se plaignait de ne pas avoir de presse et de couverture médiatique." Mais avec le recul, il admet : "Je pense que cela nous a permis d'avoir la longévité que nous n'aurions peut-être pas eue. C'est une épée à double tranchant".   

Son style de jeu reflète cette philosophie "sans fioritures". Wheat fait une distinction cruciale : "Il y a des gars qui sont des bassistes, et puis il y a des gars qui jouent de la basse. Je joue de la basse, je ne suis pas un bassiste". Pour lui, la virtuosité passe après la chanson. Dans un groupe à deux guitaristes comme Tesla, son rôle n'est pas de rivaliser pour l'espace, mais de "tenir le fort" ("hold down the fort"). Il est le fondement, le groove implacable qui permet à Hannon et Skeoch de briller.   

Strictement un joueur au médiator , son approche est un mélange de ses deux plus grandes influences : la mélodie de Paul McCartney et l'attaque rock'n'roll de Pete Way (UFO). Son équipement est une extension de cette dualité. Bien qu'il soit surtout connu pour ses Gibson Thunderbird, qui lui donnent ce grognement rock , il est tout aussi à l'aise avec une basse violon Hofner. C'est cet hommage direct à McCartney qui a défini le son de l'un des plus grands triomphes de Tesla : l'album live Five Man Acoustical Jam (1990) et son improbable single à succès, la reprise de "Signs".   

Le véritable héritage de Brian Wheat, cependant, pourrait ne pas résider dans ses lignes de basse, mais dans l'honnêteté brute de son histoire personnelle. Son autobiographie, Son of a Milkman, co-écrite avec Chris Epting et dotée d'une préface de Joe Elliott de Def Leppard , révèle la plus grande contradiction de sa vie.   

Alors que Tesla, en tant que groupe, rejetait l'image extérieure du glam metal, Wheat luttait en privé contre les pressions internes dévastatrices de cette même époque. Au sommet du succès de Tesla, alors que "MTV était énorme" , Wheat, qui avait été un "gros gamin", est devenu obsédé par son poids. Il a développé une boulimie. "J'ai commencé à me mettre les doigts au fond de la gorge pour m'empêcher de prendre du poids!", a-t-il avoué.   

Cette lutte pour l'image s'accompagnait d'une bataille de toute une vie contre une anxiété et une dépression invalidantes. Il souffrait de crises de panique depuis l'âge de 14 ans. Alors que le groupe jouait dans des arènes à guichets fermés, Wheat était en coulisses, se "parlant à lui-même pour ne pas sauter du rebord". Son personnage "col bleu" sur scène n'était pas seulement une esthétique ; c'était, par moments, un mécanisme de défense. Il admettait "se tenir près de la batterie" au lieu de "tenter ses meilleures figures à la Pete Way" parce que son estime de soi était au plus bas.   

Son livre, a-t-il révélé, était une forme de thérapie. L'idée lui avait été suggérée pour la première fois par son médecin en 1991, au plus fort de sa tourmente. En partageant enfin son histoire, Wheat a redéfini ce que signifie être un "rocker". Il a montré que la vraie force "col bleu" ne réside pas dans la posture, mais dans la capacité de survivre à sa propre obscurité.   

Aujourd'hui, Brian Wheat n'est pas seulement le bassiste de Tesla. Il est le co-fondateur qui a maintenu le groupe uni à travers les ruptures et les réunions. Il est propriétaire d'un studio d'enregistrement réputé, J Street Recorders, où des groupes comme Papa Roach et Deftones ont enregistré. Il est producteur, auteur-compositeur, manager et même photographe et artiste.   

Son héritage est celui de la résilience. Il est l'homme qui a transformé son admiration pour Paul McCartney en une carrière d'une vie. Il est le pilier "sans image" qui a assuré la longévité de son groupe en refusant de se plier aux modes. Et il est le survivant qui a trouvé le courage de dire au monde que même lorsque vous vivez le "rêve du rock'n'roll", vous pouvez toujours souffrir comme n'importe quel autre être humain.   

Fidèle à son image de "fils de laitier", Brian Wheat a livré le travail, surmonté ses démons et continue, à ce jour, de "tenir le fort". Joyeux anniversaire, Brian.

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