Présenter Eric Bass uniquement comme le bassiste du groupe de rock multi-platine Shinedown serait une simplification excessive. Né un 23 octobre 1974, il est une force créative aux multiples facettes : un auteur-compositeur prolifique, un producteur méticuleux et un artiste solo qui est devenu l'un des principaux architectes du son du groupe. Son parcours est celui d'une évolution remarquable, passant du statut de membre d'un groupe à celui de pilier créatif central, façonnant l'identité sonore de Shinedown pour une nouvelle ère.
Originaire de Charleston, en Caroline du Sud, Eric Bass a grandi dans une famille très musicale qui l'a encouragé à jouer du piano dès son plus jeune âge. Son parcours instrumental est un témoignage de sa curiosité musicale : il est passé du trombone à 13 ans à la guitare, puis à la batterie dans la fanfare de son lycée, une expérience qu'il considère comme "rythmiquement inestimable" pour sa carrière. Fait notable, il est entièrement autodidacte à la guitare et à la basse, une caractéristique qui a sans doute contribué à son approche non conventionnelle de l'instrument. Ses premiers groupes, comme Sheldon et Deepfield, ont été des terrains d'expérimentation où il a découvert une passion grandissante pour le processus de studio, l'enregistrement et la production.
Eric Bass a rejoint Shinedown en 2008, juste après l'enregistrement de l'album The Sound of Madness, en remplacement de Brad Stewart. Son influence au sein du groupe a grandi de manière exponentielle au fil des ans. Il a commencé par apporter des contributions significatives à l'écriture de chansons sur l'album Amaryllis (2012), avant de prendre les rênes de la production. Ce parcours a culminé avec les albums acclamés par la critique Attention Attention (2018) et Planet Zero (2022), qu'il a entièrement produits seul.
Cette double casquette de musicien et de producteur a fondamentalement façonné son approche de la basse. Il ne se contente pas de jouer des lignes de basse ; il conçoit des parties qui s'intègrent dans l'architecture sonore globale de la chanson. Son expérience derrière la console de mixage a directement influencé ses choix en tant qu'instrumentiste. Par exemple, sa technique consistant à faire passer son signal de basse à travers des amplificateurs de guitare est une astuce de producteur classique pour qu'un instrument perce un mixage dense, plutôt qu'un choix traditionnel de bassiste. Il traite la basse comme un outil de composition, l'utilisant pour ajouter de la texture et de l'agressivité, bien au-delà de son rôle d'ancre rythmique.
La signature sonore d'Eric Bass est unique et méticuleusement conçue. Elle repose sur un mélange de deux signaux : un signal direct (DI) qui préserve la puissance et la clarté des basses fréquences, et un second signal passé à travers un amplificateur de guitare (notamment une tête Dime D100) pour créer un son saturé et agressif dans les médiums. Cette méthode lui permet de conserver un fondement solide tout en ajoutant une hargne quasi-guitaristique qui s'accorde parfaitement avec le son lourd de Shinedown.
Ses influences incluent des bassistes réputés pour leur musicalité et leur son distinctif, tels que Robert DeLeo de Stone Temple Pilots, Chris Wolstenholme de Muse et Tim Commerford de Rage Against the Machine. Son équipement a évolué au fil du temps, incluant des basses signature avec Dean, puis Prestige Guitars, ainsi que des amplificateurs Ampeg et Hartke.
En 2025, Eric Bass a dévoilé son premier album solo, I Had a Name, le point culminant de son parcours artistique. Cet album conceptuel est né d'une histoire qu'il a imaginée dans une chambre d'hôtel à Milan, un récit dystopique qui sert de toile de fond à une exploration musicale et émotionnelle profonde. Le fait qu'il ait écrit, joué de tous les instruments, enregistré et produit l'intégralité de l'album seul est l'expression ultime de son identité d'architecte musical complet.
Ce projet révèle une dimension encore plus profonde de son art. Bass a déclaré qu'il n'avait pas l'intention consciente d'écrire un disque autobiographique, mais qu'il a réalisé après coup que les luttes des personnages de son histoire reflétaient ses propres expériences avec la dépression et la neurodivergence. Ce processus créatif est fascinant : la construction d'un monde extérieur fictif est devenue un mécanisme inconscient d'exploration et de compréhension de sa propre santé mentale. L'album n'est pas seulement une histoire qu'il raconte ; c'est une histoire qui, en retour, lui a révélé des aspects de lui-même. Cela élève le projet bien au-delà d'un simple "album solo" pour en faire un acte profond de catharsis artistique et de réalisation de soi, offrant une vision nuancée de la relation entre la vie intérieure d'un artiste et sa production créative.
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