En ce 24 octobre, le monde de la musique célèbre l'anniversaire de William George Perks Jr., mondialement connu sous le nom de Bill Wyman. Né en 1936 à Lewisham, Londres, Wyman est bien plus que "l'ancien bassiste des Rolling Stones" ; il fut le garant du rythme, la fondation stoïque sur laquelle Mick Jagger et Keith Richards ont pu bâtir leur légende pendant plus de trente ans.
Contrairement aux autres membres fondateurs, Wyman n'était pas un adolescent lorsqu'il a rejoint le groupe. En décembre 1962, il avait déjà 26 ans, était marié, père de famille et avait servi dans la Royal Air Force. Il se présentait à l'audition non pas comme un bohémien affamé, mais comme un musicien sérieux qui possédait son propre matériel, notamment un imposant amplificateur Vox AC30 qu'il avait lui-même modifié. La légende veut que le groupe ait été plus impressionné par son amplificateur que par son jeu, mais la vérité est que son arrivée, couplée à celle de Charlie Watts peu après, a cimenté la section rythmique qui allait définir le son des Stones.
Surnommé "l'homme de pierre" (Stone Man) pour son impassibilité légendaire sur scène, Wyman offrait un contraste visuel et sonore saisissant. Tandis que Jagger tourbillonnait et que Richards lacérait l'air de ses riffs, Wyman se tenait immobile, presque en retrait, sa basse tenue à la verticale. Mais cette immobilité était trompeuse. Son jeu de basse, profondément influencé par le R&B, le blues de Chicago et la soul de la Motown, était tout sauf statique.
Wyman n'était pas un bassiste démonstratif, mais un architecte du groove. Il maîtrisait l'art de l'espace et du silence, préférant des lignes mélodiques subtiles et efficaces qui s'enroulaient autour de la batterie de Watts. Des lignes de basse emblématiques comme celles de "Gimme Shelter", la pulsation menaçante de "Sympathy for the Devil" ou le funk minimaliste de "Miss You" (où il a brillé sur un synthétiseur basse) témoignent de sa musicalité instinctive. Il est souvent cité comme l'inventeur de la basse fretless (sans frettes) au début des années 60, ayant lui-même retiré les frettes d'une basse bon marché pour expérimenter.
Au sein de la dynamique explosive des "Glimmer Twins" (Jagger/Richards), Wyman était l'archiviste méticuleux. Il a tenu un journal détaillé de l'intégralité de sa carrière avec le groupe, documentant chaque concert, chaque session d'enregistrement et chaque dépense. Ces journaux deviendront la base de son autobiographie exhaustive, Stone Alone (1990), une source inestimable sur l'histoire du groupe.
En dehors des Stones, Wyman fut le premier membre à sortir un album solo, Monkey Grip (1974), suivi de Stone Alone (1976), qui explorait des territoires funk et rock décontractés. Il a également composé un titre pour les Stones, "In Another Land" (sur l'album Their Satanic Majesties Request), qu'il chante lui-même.
En 1993, après des mois de délibération, Bill Wyman annonce officiellement son départ des Rolling Stones. Trente ans de service lui suffisaient. Il aspirait à une vie plus calme, loin des tournées mondiales gargantuesques, et souhaitait se consacrer à d'autres passions : la photographie (ses œuvres ont été exposées), l'archéologie (c'est un détectoriste passionné) et, bien sûr, la musique, mais à son propre rythme.
Il a rapidement formé les "Bill Wyman's Rhythm Kings", un supergroupe décontracté réunissant des amis prestigieux (comme Albert Lee, Gary Brooker ou Georgie Fame) pour jouer le répertoire qu'il aimait le plus : le blues, le jump-blues et le rock'n'roll des débuts.
Aujourd'hui, Bill Wyman incarne une certaine idée de l'élégance et de la discrétion dans le rock. Il a prouvé qu'il n'était pas nécessaire d'être au premier plan pour être indispensable. Il était l'ancre, le point d'équilibre qui a permis au navire Rolling Stones de naviguer à travers trois décennies de chaos créatif et de succès planétaire. Joyeux anniversaire, Monsieur Wyman.
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