Aujourd'hui, Billy Cox (né en 1941)

Publié le 18 octobre 2025 à 11:49
Billy Cox Photo : Forum / Backgrid UK / DD1

Né le 18 octobre 1941, William « Billy » Cox est une figure fondamentale de l'histoire du rock. Son nom est indissociable de celui de Jimi Hendrix, non pas comme un simple sideman, mais comme l'ancre musicale et émotionnelle qui a permis au guitariste le plus révolutionnaire de tous les temps de s'aventurer dans des territoires sonores inexplorés. La carrière de Cox est un témoignage du pouvoir de la section rythmique, prouvant que le génie d'un bassiste ne réside pas toujours dans la virtuosité, mais dans la profondeur du groove, la solidité du soutien et une connexion quasi télépathique avec le soliste.

Des casernes de l'armée au « Chitlin' Circuit » : la forge d'une fraternité musicale

Né à Wheeling, en Virginie-Occidentale, Billy Cox a grandi dans un environnement musical riche et éclectique. Son père était un pasteur baptiste et sa mère une pianiste classique, l'exposant dès son plus jeune âge au gospel, à la musique classique et même au country grâce à l'émission de radio WWVA Jamboree diffusée à proximité. Après avoir déménagé à Pittsburgh, il a exploré plusieurs instruments — piano, violon, saxophone, trompette — avant de trouver sa véritable vocation. Le moment décisif est survenu lorsqu'il a entendu la ligne de basse du tube de Lloyd Price, « Personality ». Le son profond et résonnant de la basse électrique l'a captivé instantanément ; il avait trouvé son instrument.

Sa rencontre avec Jimi Hendrix en 1961 à Fort Campbell, dans le Kentucky, relève de la légende. Cherchant à s'abriter de la pluie dans un club de l'armée, Cox a entendu un jeu de guitare si unique qu'il a immédiatement su qu'il était en présence de quelque chose de spécial. Cette rencontre a marqué le début d'une amitié indéfectible et d'un partenariat musical qui allait changer l'histoire du rock.

Après leur service militaire, ils se sont installés à Nashville et ont formé les King Kasuals. C'est là, sur le légendaire « Chitlin' Circuit », qu'ils ont perfectionné leur art. En tant que groupe maison et en accompagnant des géants du R&B comme Sam Cooke, Etta James et Little Richard, ils ont développé un langage musical commun, profondément enraciné dans le blues et le R&B. Ce vocabulaire partagé, forgé au fil d'innombrables concerts exigeants, s'est avéré être la condition préalable essentielle à leur travail révolutionnaire ultérieur. Lorsque Hendrix a eu besoin d'un bassiste qui comprenait intuitivement ses racines rythmiques et harmoniques, il n'a pas seulement appelé un ami, il a appelé le seul musicien qui parlait couramment sa langue musicale.

L'ancre dans la tempête psychédélique : le retour auprès de Hendrix

En 1969, alors que le Jimi Hendrix Experience se désintégrait sous le poids des frustrations musicales et personnelles, Hendrix a appelé son vieil ami. L'arrivée de Cox n'était pas un simple changement de personnel ; c'était une décision stratégique pour ramener de la stabilité. Il était à la fois un « confident et un ami », une « ancre émotionnelle et musicale » dont Hendrix avait désespérément besoin.

Sa première grande apparition fut au festival de Woodstock avec le groupe élargi Gypsy Sun and Rainbows. Sa performance lors de l'interprétation historique de « The Star-Spangled Banner » est révélatrice de sa compréhension de son rôle. Après avoir joué les premières notes, Cox a consciemment choisi de se retirer, reconnaissant que c'était le moment de Hendrix, un monologue musical qui ne nécessitait aucun accompagnement. Il était, comme il l'a dit plus tard, la « Terre » lorsque Jimi devenait l'« Espace ».

Son style contrastait fortement avec celui de son prédécesseur, Noel Redding. Redding, un guitariste reconverti, avait une approche plus mélodique et rock. Cox, quant à lui, offrait un jeu de basse « funky, épuré » et centré sur le groove, créant un espace et une poche rythmique solide pour que Hendrix puisse s'exprimer. Son jeu était « sans ego », entièrement au service de la musique.

La création du funk-rock avec le Band of Gypsys

La formation du Band of Gypsys avec le batteur Buddy Miles a marqué un tournant. Ce trio de musiciens afro-américains a fusionné le R&B, le funk et le rock psychédélique pour créer un son entièrement nouveau. Bien que formé en partie pour régler une obligation contractuelle, le groupe a atteint des sommets artistiques inattendus.

L'album live Band of Gypsys est un document de cette révolution sonore. Il a jeté les bases du funk-rock, un genre qui allait dominer une partie des années 70. Les « fatback grooves » de Cox et ses lignes de basse funk-blues économiques étaient au cœur de ce nouveau son, apportant une « fluidité lourde et roulante » qui a révélé une nouvelle dimension dans le jeu de Hendrix.

Le morceau « Machine Gun » est l'apogée de cette synergie. La section rythmique imite le bruit des tirs, avec la basse de Cox fournissant une pulsation implacable et hypnotique sous la représentation sonore de la guerre par Hendrix. La performance de Cox sur ce titre est une masterclass de groove, simple en apparence mais d'une efficacité redoutable. Pour créer ce son, Cox utilisait un équipement simple mais puissant, comme le montre le tableau ci-dessous.

Le dernier gitan debout : un héritage de groove

Après la mort tragique de Hendrix en 1970, la carrière de Cox a continué. Il a sorti un album solo, Nitro Function (1971), a travaillé comme musicien de session et a notamment joué avec le Charlie Daniels Band, démontrant sa polyvalence.

Cependant, une grande partie de sa vie a été consacrée à la préservation de l'héritage de Hendrix. Pendant des décennies, il a participé à des tournées hommage comme l'Experience Hendrix Tour et a dirigé sa propre formation, la Band of Gypsys Experience. Il a également co-écrit des livres sur Hendrix, devenant un gardien essentiel de cette histoire.

Plus récemment, il est revenu à une carrière solo avec des albums comme Last Gypsy Standing (2009) et Old School Blue Blues (2011). Ces albums sont un retour à ses racines blues et une réflexion sur son incroyable parcours. Le titre Last Gypsy Standing reconnaît avec émotion son statut de seul survivant du trio emblématique. Intronisé au Musicians Hall of Fame en 2009, Billy Cox n'est pas prisonnier de son passé ; il en est le conservateur actif, tout en continuant à créer une musique qui reste fidèle au principe fondamental qu'il a défendu toute sa vie : le pouvoir inébranlable du groove.

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