Portrait, Martin Motnik, constructeur de fondation

Publié le 29 septembre 2025 à 16:20

Martin Motnik, au-delà de son rôle de bassiste de la légende du heavy metal Accept, il représente l'archétype du musicien du 21e siècle : un artiste dont la carrière est un savant mélange de passion viscérale, de polyvalence stratégique, de sens des affaires aiguisé et d'une persévérance à toute épreuve. Son parcours n'est pas une ligne droite vers la célébrité, mais une mosaïque complexe d'expériences qui l'ont façonné en l'un des musiciens les plus complets et respectés de la scène actuelle.

Cet article propose une plongée en profondeur dans la carrière de cet artiste aux multiples facettes. Nous explorerons son parcours depuis ses débuts en Allemagne jusqu'à son rôle actuel au sein d'un groupe emblématique, en passant par ses collaborations prestigieuses en tant que musicien de session pour des icônes comme Uli Jon Roth. Nous analyserons également son travail en tant qu'artiste solo, avec des albums acclamés qui révèlent sa voix musicale unique, et son rôle de pionnier dans le domaine de l'enregistrement en ligne, une innovation qui a redéfini les possibilités pour les musiciens de studio du monde entier.

Avec plus de 5 000 concerts sur cinq continents et des crédits d'enregistrement sur plus d'un millier de titres, l'histoire de Martin Motnik est celle d'un dévouement total à son art. C'est l'histoire d'un musicien qui a su naviguer avec intelligence et talent dans une industrie en constante mutation, prouvant que la réussite durable repose sur bien plus que la seule virtuosité technique. C'est le récit d'un véritable virtuose polyvalent.

Né le 10 novembre 1972 à Ludwigshafen, en Allemagne de l'Ouest, le parcours musical de Martin Motnik est tout sauf conventionnel. Loin de l'image du prodige découvrant son instrument de prédilection dès le plus jeune âge, son cheminement fut une exploration progressive. Il commence par la flûte à l'âge de six ans, un instrument qui ne suscite que peu d'intérêt chez lui. Quelques années plus tard, ses parents accèdent à sa demande pour une guitare acoustique, qu'il troquera pour une guitare électrique à l'âge de dix ans. Ce n'est qu'à l'âge de 13 ans, sous l'impulsion de son frère aîné Frank, qu'il trouve enfin sa véritable vocation : la guitare basse.

Cette découverte marque un tournant décisif. Dès qu'il a sa première basse entre les mains, une véritable passion s'enflamme. Il se lance dans un régime de pratique quasi obsessionnel, autodidacte, passant la majeure partie de son adolescence à décortiquer et à émuler le jeu de ses idoles. Il ne s'agit pas d'un apprentissage académique, mais d'une immersion totale dans les œuvres de maîtres qui définissent le rôle de la basse dans le rock : la puissance mélodique et percussive de John Entwistle (The Who), la virtuosité technique révolutionnaire de Billy Sheehan (groupe de David Lee Roth) et le jeu complexe et novateur de Geddy Lee (Rush). Cette période d'auto-formation intensive, loin des conservatoires, forge non seulement sa technique, mais aussi son éthique de travail et une approche très personnelle de l'instrument. Il confiera plus tard en plaisantant à moitié qu'il n'a pas vraiment eu d'adolescence, tant son temps était consacré à la pratique, une obsession qui ne nécessitait aucune motivation extérieure.

Cependant, le chemin vers une carrière musicale professionnelle est loin d'être direct. Confronté à l'insistance de ses parents pour qu'il obtienne une "véritable" éducation, Motnik mène une double vie. Tout en jouant dans des groupes de la région de Mannheim-Heidelberg dès l'âge de 16 ans, il suit un parcours académique et professionnel des plus classiques. Il travaille d'abord dans une banque, une expérience qu'il trouve rapidement ennuyeuse, avant de s'inscrire à l'université locale pour obtenir un MBA (Master of Business Administration). Cette dualité entre la discipline du monde des affaires et la liberté créative de la musique va s'avérer être un atout fondamental pour la suite de sa carrière. Cette formation non musicale, bien que source de frustration à l'époque, lui a fourni un ensemble de compétences uniques. La pensée stratégique, la gestion de projet et la compréhension des modèles économiques acquises durant son MBA n'étaient pas un détour, mais plutôt un investissement involontaire dans son avenir. Ces compétences allaient devenir le catalyseur de son succès entrepreneurial, notamment lorsqu'il créera plus tard un modèle économique innovant pour les musiciens de studio. Cette période a également été marquée par une certaine anxiété, un sentiment d'être un "imposteur" parmi ses pairs musiciens, souvent issus de formations académiques prestigieuses, un sentiment qu'il explorera ouvertement bien des années plus tard.

L'année 2003 marque un point de bascule. Fraîchement diplômé de son MBA, Martin Motnik prend la décision audacieuse de se consacrer entièrement à la musique. Conscient que les opportunités sont limitées dans sa région natale, il déménage à Munich, un centre névralgique de la scène musicale allemande, pour transformer sa passion en profession. Cette période sera un véritable terrain d'essai, un creuset où il va forger la polyvalence qui deviendra sa marque de fabrique.

Loin de se cantonner à un seul style, il multiplie les expériences au sein de formations aux univers musicaux très distincts. Ce n'est pas une démarche hasardeuse, mais la construction délibérée d'un portefeuille de compétences. Chaque groupe est une nouvelle corde à son arc, une preuve de sa capacité d'adaptation et de sa fiabilité en tant que musicien professionnel.

Peu après son arrivée à Munich, il rejoint Darkseed, un groupe de metal gothique bien établi. Son intégration est rapide et il participe à l'enregistrement de l'album Ultimate Darkness, sorti en 2005. Cette expérience lui permet de s'immerger dans les textures sombres et atmosphériques du genre, affinant son sens de la mélodie et du soutien harmonique dans un contexte heavy.

Parallèlement à son engagement dans Darkseed, il rejoint en 2005 le groupe de hard rock The Roxx. Il enregistre avec eux l'album Unleash Your Demon (2007) et le DVD live qui l'accompagne. Ce projet lui offre un contraste stylistique total, le plongeant dans une énergie plus directe, ancrée dans le rock'n'roll, où le groove et la puissance rythmique sont primordiaux.

Sa réputation grandissante lui ouvre les portes d'Eisbrecher, l'un des groupes phares de la scène Neue Deutsche Härte (Nouvelle Dureté Allemande), un genre popularisé par des groupes comme Rammstein. En tant que bassiste de tournée, il se produit sur de grandes scènes et se familiarise avec les exigences d'une production de grande envergure. Cette collaboration avec un groupe signé chez Sony Music est une étape cruciale qui solidifie son statut de musicien professionnel de premier plan en Allemagne.

En plus de ses engagements fixes, il continue le travail de session en studio. En 2006, il enregistre les parties de basse pour l'album Wasteland du groupe de metal symphonique Atargatis, démontrant une fois de plus sa capacité à s'intégrer rapidement dans des projets variés et à répondre à des cahiers des charges musicaux spécifiques.

Cette période de 2003 à 2008 est fondamentale. En naviguant simultanément entre le metal gothique, le hard rock et le metal industriel, Martin Motnik ne cherchait pas simplement un groupe permanent. Il construisait méthodiquement une réputation d'instrumentiste fiable, capable de maîtriser les codes et les subtilités de multiples sous-genres du rock et du metal. Ce portfolio d'expériences diversifiées allait s'avérer être son atout le plus précieux pour la prochaine étape, encore plus ambitieuse, de sa carrière : la conquête du marché américain.

De Los Angeles à la Scène Mondiale

Malgré ses succès en Allemagne, Martin Motnik ressent une forme de frustration. Il sent qu'il a atteint un plafond de verre et que le rêve de faire de la musique sa profession à plein temps, à un niveau international, reste difficilement accessible depuis son pays natal. Fasciné depuis toujours par la musique américaine, il décide de faire le grand saut. En 2008, il achète un billet d'avion pour Los Angeles, se donnant trois mois pour voir s'il a une chance de percer sur la scène la plus compétitive du monde.

Son arrivée aux États-Unis marque le début d'une nouvelle phase, intense et décisive. Il fréquente assidûment les jam sessions locales, où il rencontre rapidement d'autres musiciens et commence à tisser son réseau. Son premier groupe américain est Ecotonic, avec lequel il tourne en Californie du Sud et enregistre l'album When Sparks Fly en 2010. Cependant, une opportunité bien plus prestigieuse va se présenter peu de temps après son arrivée, une rencontre qui va valider son choix audacieux de traverser l'Atlantique. Il est engagé pour partir en tournée nord-américaine avec le légendaire guitariste Uli Jon Roth, l'un des membres fondateurs de Scorpions. Cette expérience est une révélation et le conforte dans sa décision de poursuivre sa carrière aux États-Unis. La collaboration sera si fructueuse qu'il repartira en tournée avec Roth en 2009 et 2012.

Son parcours américain le mène ensuite à Las Vegas en 2010, où il travaille comme musicien professionnel dans les casinos, avant de s'installer à Nashville en 2019, la capitale de la musique, où il réside encore aujourd'hui. Là-bas, lorsqu'il n'est pas en tournée mondiale, il maintient un contact direct avec la scène en jouant régulièrement dans les clubs de la célèbre rue Broadway, un témoignage de son amour pour la performance live, quel que soit le contexte.

Entre 2014 et 2018, il s'engage dans une expérience professionnelle unique et extrêmement formatrice : il travaille pour la compagnie de croisières Carnival Cruise Lines. D'abord engagé comme bassiste, ses compétences et son professionnalisme lui valent d'être promu au poste de directeur musical. Cette période, souvent perçue avec un certain dédain dans le milieu du rock, fut pour Motnik un véritable camp d'entraînement rémunéré. Chaque semaine, il devait maîtriser et diriger des répertoires pour des soirées à thèmes variés : Motown, country, rhythm and blues, disco, jazz, musique latino-américaine.... Cette immersion forcée dans une multitude de genres a exponentiellement enrichi son vocabulaire musical et renforcé sa capacité d'adaptation. Loin d'être une simple parenthèse, cette expérience sur les navires de croisière a parfaitement illustré la réalité du musicien moderne. Elle lui a offert une stabilité financière, un "salaire régulier", tout en exigeant une polyvalence et un professionnalisme extrêmes. Sa promotion au poste de directeur a également mis en lumière ses compétences en leadership et en organisation, des qualités qui vont bien au-delà du simple fait de jouer d'un instrument. Cette période a été le test ultime de la polyvalence qu'il cultivait depuis des années, un microcosme de l'industrie musicale contemporaine où l'équilibre entre intégrité artistique, viabilité commerciale et diversité des compétences est la clé d'une carrière durable.

Le Pionnier du Studio, StudioBassist.com

Parallèlement à sa carrière sur scène, Martin Motnik a développé une autre facette de son activité qui s'est avérée tout aussi importante et, à bien des égards, révolutionnaire. En s'appuyant sur son sens des affaires et sa compréhension des nouvelles technologies, il a été l'un des pionniers de l'enregistrement de musique en ligne en créant son site web, www.studiobassist.com.

Cette initiative a fondamentalement redéfini ce que signifie être un musicien de session à l'ère numérique. Traditionnellement, ce travail était confiné géographiquement aux grands pôles de l'industrie musicale comme Los Angeles, Nashville ou New York. En créant une plateforme en ligne, Motnik a fait voler en éclats ces barrières géographiques. Il a transformé sa polyvalence et son expertise en un service accessible à l'échelle mondiale, permettant à des artistes, des producteurs et des compositeurs du monde entier de l'engager pour enregistrer des pistes de basse personnalisées pour leurs projets, le tout à distance. Il n'a pas seulement participé à cette nouvelle économie de la collaboration à distance ; il en a été l'un des architectes. Cet esprit d'entreprise est une manifestation directe de la pensée stratégique qu'il a développée des années plus tôt lors de son MBA.

Le volume de son travail de studio est stupéfiant et témoigne du succès de son modèle. Avec plus de 1 000 crédits d'enregistrement à son actif, il a collaboré avec un éventail incroyablement large d'artistes. Sa clientèle ne se limite pas à des artistes indépendants ; il a enregistré pour et avec des légendes de la musique. La liste de ses collaborateurs inclut des noms qui forcent le respect : Hal Blaine (batteur) et Don Randi (pianiste) du légendaire Wrecking Crew, Gregg Bissonette (batteur pour Ringo Starr, David Lee Roth), Chris Slade (batteur pour AC/DC), Phil Campbell (guitariste de Motörhead), Bruce Kulick (guitariste de Kiss) et bien d'autres.

Au-delà de l'aspect commercial, cette activité est ancrée dans une véritable philosophie de travail. Motnik exprime un plaisir sincère à collaborer avec d'autres artistes et à les aider à concrétiser leur vision musicale. Pour lui, le processus créatif en studio est aussi gratifiant que l'énergie de la scène. Il a déclaré que ses meilleures journées sont celles où il peut satisfaire à la fois sa passion pour l'enregistrement et son amour pour la performance live, considérant ces deux aspects non pas comme des activités distinctes, mais comme les deux faces d'une même pièce, celle de sa vie de musicien complet.

En dehors de son travail de session et de ses engagements au sein de groupes, Martin Motnik a également développé une carrière solo qui offre un aperçu fascinant de son identité artistique la plus pure. Ses deux albums solo sont des déclarations musicales audacieuses, des projets où la basse n'est pas un simple instrument de soutien, mais le cœur battant et la voix principale de la composition.

Bass Invader (2005)

Sorti en 2005, son premier album, Bass Invader, est un véritable tour de force. Réalisé en collaboration avec le batteur de renommée mondiale Gregg Bissonette, l'album est une vitrine de sa virtuosité et de son ambition en tant que compositeur. C'est une œuvre instrumentale où la basse occupe le devant de la scène, explorant une gamme stylistique impressionnante. Les 14 pistes de l'album naviguent avec aisance entre des ambiances latines, des ballades mélodiques et des morceaux de rock technique endiablés, incluant même une reprise survoltée de Racer X.

L'album met également en vedette le guitariste suédois Mattias "IA" Eklundh sur deux titres, dont une reprise du classique de Rush, "YYZ", un hommage à l'une de ses plus grandes influences.

Bass Invader n'est pas seulement une démonstration technique ; c'est un manifeste artistique, la preuve qu'un bassiste peut porter un projet musical entier sur ses épaules, avec créativité et panache.

Dream Chaser (2021)

Seize ans plus tard, pendant le confinement mondial dû à la pandémie, Motnik utilise ce temps d'arrêt forcé pour créer son deuxième album solo, Dream Chaser. Cet album représente une nouvelle étape de maturité artistique et la concrétisation d'un rêve de longue date : collaborer avec ses héros musicaux. Le projet a été en partie financé par une campagne de crowdfunding, une approche moderne qui témoigne de sa capacité à engager directement sa communauté de fans.

Le résultat est une collection de dix morceaux instrumentaux d'une richesse et d'une diversité incroyables. L'album explore un large éventail de styles, du rock mélodique à la fusion, en passant par le jazz, le R&B et la musique classique, mais toujours avec une approche centrée sur la musicalité et la qualité des compositions plutôt que sur la simple démonstration technique.

Ce qui rend Dream Chaser exceptionnel, c'est la liste prestigieuse de musiciens invités. Chaque titre présente un soliste de renommée mondiale, une brochette de talents qui témoigne du respect et de l'estime que Martin Motnik a gagnés au sein de l'industrie musicale. Jouer aux côtés de tels noms sur son propre album est la validation ultime de son parcours.

Ces deux albums, bien que séparés par plus d'une décennie, racontent une histoire : celle d'un artiste qui, tout en servant la musique des autres, a toujours cultivé sa propre voix, une voix riche, technique et profondément musicale.

L'appel du Métal, rejoindre Accept

En 2019, la carrière de Martin Motnik prend une tournure spectaculaire. Après des années à construire sa réputation en tant que musicien de session, artiste solo et directeur musical, une opportunité se présente qui va le propulser sur le devant de la scène heavy metal mondiale. En avril 2019, le groupe légendaire Accept annonce qu'il a été choisi pour succéder au bassiste fondateur Peter Baltes, une figure emblématique du metal allemand.

Le processus qui a mené à son intégration est un mélange de timing, de préparation et d'audace. Peu de temps après avoir déménagé à Nashville en février 2019, apprenant le départ de Baltes, Motnik contacte le groupe. Le guitariste et leader d'Accept, Wolf Hoffmann, l'invite alors à une session d'improvisation. L'alchimie est immédiate. Cependant, son véritable baptême du feu a lieu dans des conditions extrêmes. Il rejoint officiellement le groupe juste avant le début de la tournée "Symphonic Terror", un projet ambitieux avec un orchestre. Il ne dispose que d'une semaine et demie pour apprendre un setlist de 22 chansons complexes, un défi colossal qui témoigne de sa capacité de travail, de sa mémoire musicale et de son professionnalisme sans faille.

Son rôle au sein d'Accept évolue rapidement. Il n'est pas simplement un remplaçant ou un "mercenaire" engagé pour les tournées. Il devient un membre à part entière, pleinement intégré au processus créatif du groupe. Cette intégration se concrétise par sa participation active à la composition des chansons pour les albums qui suivront :

Too Mean to Die (2021) et Humanoid (2024). Il n'est plus seulement l'exécutant, mais l'un des artisans du son du groupe.

Rejoindre un groupe avec une histoire et une identité visuelle aussi fortes qu'Accept a également nécessité des ajustements personnels et techniques. Musicien virtuose avec une voix solo distincte et une préférence marquée pour le jeu aux doigts, Motnik a dû adapter son style pour servir l'esthétique du groupe. Comme il l'explique lui-même, on lui a poliment demandé de jouer avec un médiator et de porter sa basse plus bas sur scène, conformément à l'image classique du groupe. Sa réponse révèle une humilité professionnelle profonde : "bien sûr, je fais ce que la musique exige (et ce que le patron veut, ha ha)". Cette volonté de modifier complètement sa technique et sa présence scénique démontre que son objectif principal est de servir la chanson et le collectif, plutôt que son propre ego. Cette philosophie, qu'il résume en disant que dans Accept, "il ne s'agit pas de virtuosité mais de précision et d'énergie", est la clé de son intégration réussie au sein d'une institution du metal. C'est une leçon puissante sur l'art de la collaboration musicale au plus haut niveau.

La palette technique de Motnik est exceptionnellement large. Dans ses travaux solo et de session, il déploie un arsenal complet de techniques modernes de la basse. Il est connu pour son utilisation experte du tapping à deux mains, du slapping percussif, du jeu aux doigts (plucking) nuancé et d'une utilisation impressionnante des harmoniques pour créer des textures et des mélodies. Son jeu sur basse fretless, comme on peut l'entendre sur son album Bass Invader, témoigne d'une grande justesse et d'une expressivité lyrique.

Ce raffinement technique contraste fortement avec l'approche qu'il adopte au sein d'Accept. Pour servir la puissance brute et l'énergie du groupe, il passe à un jeu au médiator agressif et puissant. Il explique qu'il "rentre vraiment dedans" pour obtenir le son percussif et tranchant nécessaire, au point de casser parfois des cordes.15 Cette dualité stylistique est la marque d'un musicien qui comprend que la technique doit toujours être au service de la musique, et non l'inverse.

Instruments

L'arsenal de basses de Martin Motnik reflète sa polyvalence. Chaque instrument est choisi pour un rôle spécifique.

  • Jens Ritter Roya 5-cordes : Depuis 2004, c'est son instrument principal, une basse de luthier haut de gamme connue pour son design unique et sa qualité sonore exceptionnelle. C'est la basse que l'on entend sur une grande partie de ses travaux solo et de session.

  • Basses Sadowsky : Pour les concerts avec Accept, il utilise principalement des basses Sadowsky. Ces instruments, réputés pour leur fiabilité, leur puissance et leur clarté dans un mix chargé, sont parfaitement adaptés à l'énergie du heavy metal.

  • Fender Precision : Après son déménagement à Nashville, il a ajouté plusieurs Fender Precision à sa collection. Le son classique et direct de la P-Bass est un standard dans de nombreux genres, de la country au rock, ce qui en fait un outil de travail indispensable pour un musicien de studio à Nashville.

  • Autres basses : Il utilise également des basses fretless (notamment une Ritter Roya 5-cordes fretless) et acoustiques (comme une Ibanez AEB10) pour des applications spécifiques en studio, enrichissant encore sa palette sonore.

Amplificateurs et Effets

L'approche de Motnik en matière d'amplification et d'effets est pragmatique et efficace, privilégiant un son de base solide.

  • Amplificateurs Gallien-Krueger : Il est un utilisateur de longue date des amplis Gallien-Krueger, une marque de référence pour les bassistes de rock et de metal, connue pour son son clair, puissant et percutant. Il utilise également la pédale de préampli GK Plex.

  • Pédales d'effets Line 6 : En concert, il utilise souvent des pédales Line 6, notamment le multi-effets M9, principalement pour un réglage de compresseur qui unifie son son et lui donne plus de punch.

  • Micros Fishman Fluence : Les guitares d'Accept sont équipées de micros Fishman Fluence, et Motnik utilise également ces micros pour obtenir le son metal tranchant et précis caractéristique du groupe.

  • Chaîne de signal en direct : Sa philosophie sonore avec Accept est étonnamment directe. Il explique que son signal va de la basse à un système sans fil, puis directement à la console de mixage. L'ingénieur du son, O-Cho, n'ajoute qu'une légère compression et une touche de simulation de préampli SansAmp pour un peu plus de "growl". L'essentiel du son puissant que l'on entend vient directement de la basse et de son attaque agressive au médiator.

Le parcours de Martin Motnik, de sa chambre d'adolescent en Allemagne aux plus grandes scènes du monde avec Accept, est bien plus que l'histoire d'un musicien talentueux. C'est une véritable feuille de route pour l'artiste professionnel à l'ère moderne. En synthétisant les multiples facettes de sa carrière, on découvre un modèle de réussite construit sur des piliers fondamentaux qui transcendent les genres musicaux.

Sa carrière est une démonstration magistrale de l'alliance entre le talent artistique et un sens aigu des affaires. Son MBA, loin d'être un handicap, lui a fourni les outils pour innover avec StudioBassist.com, transformant son art en une entreprise viable et pionnière. Il a compris que pour prospérer, le musicien d'aujourd'hui doit aussi être un entrepreneur.

Sa polyvalence est le fil conducteur de toute sa carrière. Que ce soit en maîtrisant les répertoires d'une croisière, en s'adaptant aux exigences de dizaines de clients en studio, ou en naviguant entre le metal gothique et le hard rock, il a cultivé une adaptabilité qui lui a ouvert toutes les portes. Cette capacité à servir la musique, quelle qu'elle soit, est sa plus grande force.

Enfin, son histoire est une leçon d'humilité professionnelle. Malgré une virtuosité qui lui permettrait de briller en solo, il a su mettre son ego de côté pour s'intégrer dans un collectif légendaire comme Accept, modifiant sa technique et son style pour le bien du groupe. Cette mentalité, axée sur la "précision et l'énergie" plutôt que sur la démonstration, est la marque des plus grands musiciens de groupe.

Martin Motnik n'est donc pas seulement le bassiste d'Accept. Il est un musicien de session de classe mondiale, un artiste solo créatif, un innovateur technologique et un professionnel accompli. Il incarne la figure du "bassiste complet", un exemple inspirant pour toute une génération de musiciens qui cherchent à construire une carrière durable et enrichissante dans le paysage complexe et exigeant de la musique contemporaine.

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