Quand on parle de bassistes “au service du riff”, Cliff Williams arrive tout de suite. Né le 14 décembre 1949, anglais, il devient la basse d’AC/DC à la fin des années 70 et s’inscrit dans cette catégorie rare : un musicien dont le jeu est si discret qu’on peut le sous-estimer… jusqu’à réaliser que sans lui, le rock d’AC/DC perdrait son plancher.
Son histoire commence loin des stades : Romford, puis un déménagement vers la région de Liverpool. Dans l’Angleterre des sixties, le Merseybeat n’est pas qu’un style : c’est une contagion culturelle. Cliff prend le virus, apprend en écoutant des disques, en “repiquant” les notes, avec un apprentissage surtout empirique — une école typique des musiciens de rock de cette époque.
Avant AC/DC, il se forge une vraie expérience de groupe (notamment Home, Bandit, etc.), ce qui explique un trait majeur de sa personnalité musicale : il sait tenir la baraque. La basse, chez lui, n’est pas un discours : c’est une charpente.
Lorsqu’il rejoint AC/DC, le cahier des charges est clair : tenir le bas du spectre comme une poutre, serré avec la batterie, et coller aux guitares. Son premier album studio avec le groupe est souvent associé à la période où AC/DC devient une machine de guerre : Powerage (1978).
Ce qui fascine, c’est que Williams incarne une philosophie musicale : la basse peut être “simple” sur le papier et pourtant vitale dans l’impact. Des lignes majoritairement en croches, une attaque régulière, une mise en place qui ne cherche pas la lumière — mais qui fait lever les foules. Il l’a dit lui-même en substance : le plus important, ce n’est pas la ligne, c’est le feel (la sensation globale).
Dans AC/DC, les guitares font les slogans ; la section rythmique fait le sol. Williams, c’est ce sol. Sa basse ne “raconte” pas au-dessus du morceau : elle pousse le morceau. C’est particulièrement évident sur les titres mid-tempo où le groupe respire : quand la guitare découpe le riff, la basse verrouille les fondamentales, et tout devient mécanique… au bon sens du terme : une mécanique humaine.
On peut écouter la période Powerage comme une leçon : comment une basse, sans fioritures, peut donner l’impression que le groupe roule à 120 km/h même quand le tempo n’est pas extrême. Et sur scène, sa présence calme et stable (souvent en retrait) renforce encore ce rôle : l’énergie vient du collectif, pas de l’ego.
AC/DC est intronisé au Rock and Roll Hall of Fame (2003), et Cliff fait partie de cette histoire institutionnelle du rock, même si son aura reste celle d’un artisan.
Son parcours rappelle un truc essentiel pour un blog de basse : parfois, le “meilleur” jeu n’est pas le plus bavard. C’est celui qu’on ne remarque pas… parce qu’il fonctionne trop bien.
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