Hier, le paysage sonore du Royaume-Uni s'est retrouvé orphelin de l'une de ses fréquences les plus vitales. La disparition de Gary "Mani" Mounfield, à l'âge de 63 ans, ne marque pas seulement la fin d'une existence, mais la clôture définitive d'un chapitre culturel qui a redéfini l'identité musicale britannique à la fin du XXe siècle. Bassiste emblématique des Stone Roses et de Primal Scream, Mani n'était pas un simple musicien accompagnateur ; il était le moteur à combustion interne de la scène "Madchester", l'homme qui a su injecter le groove funk et la sensualité du dub dans la rigidité du rock indépendant blanc.
Sa mort, survenue dans sa résidence de Stockport deux ans presque jour pour jour après celle de son épouse Imelda, confère à sa légende une dimension tragique et romantique, celle d'un homme dont le cœur, ayant battu au rythme des plus grandes foules de l'histoire, a fini par céder au silence du deuil.
Crumpsall : L'Identité Forgée dans le Nord
Gary Mounfield est né le 16 novembre 1962 à Crumpsall, un quartier du nord de Manchester. Pour comprendre Mani, il faut comprendre Manchester à cette époque. C'était une ville post-industrielle, marquée par le déclin des filatures de coton et une architecture victorienne noircie par la suie, mais animée par une résilience communautaire farouche. Cette géographie a façonné son caractère : dur en surface, mais imprégné d'une chaleur humaine et d'un humour dévastateur typiques du Nord de l'Angleterre.
Fils de Colin Mounfield, Mani a grandi dans l'orbite immédiate de l'une des institutions les plus sacrées de la ville : le Manchester United Football Club. Son père y travaillait comme chef cuisinier, ce qui a permis au jeune Gary de côtoyer de près ses idoles sportives. Cette proximité avec le monde du football professionnel a eu un impact profond sur sa psychologie de musicien. Il a appris très tôt la valeur de l'esprit d'équipe, de la loyauté tribale et de la performance sous pression. Pour Mani, un groupe de rock n'était pas une entreprise artistique abstraite, c'était un "gang", une équipe unie contre le reste du monde, une mentalité qu'il conservera toute sa vie, que ce soit avec les Roses ou Primal Scream.
L'Éducation Musicale : Entre Punk et Soul
Si le punk rock de 1976-1977 a été le détonateur pour sa génération — lui donnant la permission de saisir un instrument sans formation académique — les fondations musicales de Mani étaient bien plus diversifiées et rythmées que le simple nihilisme à trois accords des Sex Pistols. Il a quitté l'école Xaverian College de Rusholme à 16 ans, en 1979, une époque charnière où la jeunesse britannique cherchait une échappatoire à la morosité économique thatchérienne.
Contrairement à de nombreux bassistes de rock de sa génération qui idolâtraient Jean-Jacques Burnel ou Paul Simonon, Mani puisait son inspiration dans la Northern Soul. Ce mouvement underground, né dans les clubs du nord de l'Angleterre comme le Wigan Casino, vénérait la soul américaine rare, rapide et syncopée. "J'ai toujours été dans la bonne vieille Northern Soul et les grooves funk", expliquait-il. Cette immersion dans la musique noire américaine a été cruciale. Elle lui a appris que la basse n'était pas seulement un instrument de fondation harmonique, mais le moteur de la danse. Elle devait être fluide, mélodique et, surtout, elle devait "swinguer".
C'est cette éducation rythmique, acquise sur les pistes de danse plutôt que dans les conservatoires, qui allait plus tard distinguer les Stone Roses de leurs contemporains "indie". Là où d'autres groupes frappaient le temps avec rigidité, Mani et Reni (le futur batteur des Roses) le caressaient avec une souplesse funk.
Les Premiers Pas : De The Waterfront à The Mill
La légende de Mani commence véritablement au début des années 80, dans les salles de répétition humides de Manchester. Son premier projet significatif fut un groupe nommé The Waterfront. Bien que ce groupe n'ait jamais joué en public et n'ait laissé que deux pistes enregistrées pour la postérité, son importance historique est capitale.
The Waterfront réunissait déjà les futurs architectes des Stone Roses : Mani, John Squire à la guitare, et occasionnellement Ian Brown au chant. Fait intéressant, à cette époque, Mani jouait de la guitare rythmique. Ce n'est qu'au sein de ce groupe qu'il a opéré la transition vers la basse. Il déclarera plus tard avoir trouvé la basse "plus gratifiante", se sentant plus à l'aise dans le rôle de celui qui tient la baraque plutôt que de celui qui cherche la lumière des projecteurs.
Après la dissolution de The Waterfront, Mani a continué à affiner son art avec The Mill, un groupe formé avec Clint Boone, futur claviériste des Inspiral Carpets. Ces années d'obscurité ont été essentielles. Elles ont permis à Mani de développer son style unique, mélangeant l'agressivité du punk avec les lignes de basse plus complexes et mélodiques inspirées par la Motown et le reggae. Il attendait son heure, perfectionnant ce qui deviendrait sa signature : un jeu au médiator précis mais doté d'un groove "au fond du temps" (laid-back).
L'Intégration et l'Épisode des Skinheads
L'histoire de l'intégration de Mani dans les Stone Roses en novembre 1987 est entrée dans la mythologie du rock. Le groupe, formé en 1983, avait déjà usé plusieurs bassistes, dont Pete Garner, et peinait à trouver sa forme définitive. Ils avaient le look, l'attitude, et le génie mélodique de John Squire, mais il leur manquait le ciment rythmique.
L'amitié entre Mani et Ian Brown, le chanteur charismatique, s'est scellée bien avant l'audition, lors d'une confrontation physique avec des skinheads du National Front. Mani a raconté comment il avait rejoint Brown pour "s'occuper de quelques skinheads du National Front dans le nord de Manchester qui bousculaient beaucoup de mes potes". Cet épisode violent a cimenté un lien de fraternité indéfectible. Lorsque le poste de bassiste s'est libéré, Mani était le choix naturel, non seulement pour ses compétences musicales, mais pour sa loyauté prouvée au combat.
La Symbiose Mani/Reni : Une Révolution
Dès les premières répétitions, il est devenu évident que l'arrivée de Mani avait débloqué le potentiel du groupe. Le batteur Alan "Reni" Wren était un virtuose capable de polyrythmies complexes et d'une finesse jazzy. Avec les bassistes précédents, Reni devait souvent se retenir. Avec Mani, il a trouvé un partenaire capable de verrouiller le groove tout en lui laissant l'espace nécessaire pour s'exprimer.
Ed Power, journaliste musical, a noté que le recrutement de Mani a "changé quelque chose" fondamentalement : "Brown, Squire et Reni étaient des rêveurs", mais Mani a apporté l'ancrage nécessaire. Techniquement, Mani jouait souvent des contre-mélodies dans les registres médiums et aigus de la basse, laissant les fréquences les plus basses à la grosse caisse de Reni, créant ainsi un spectre sonore large et dynamique. Cette technique est particulièrement audible sur des titres comme Waterfall, où la basse ondule autour du riff de guitare comme une rivière, plutôt que de simplement doubler la tonique.
L'Album Éponyme : Le Chef-d'œuvre de 1989
Sorti en 1989, l'album The Stone Roses est souvent cité comme l'un des meilleurs débuts de l'histoire du rock britannique. Si la guitare cristalline de Squire et l'arrogance vocale de Brown sont souvent mises en avant, c'est la basse de Mani qui donne à l'album sa texture unique.
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I Wanna Be Adored : L'ouverture de l'album est une leçon de minimalisme et de tension. La basse entre seule, avec une ligne ascendante simple mais résonnante, jouée sur une Rickenbacker 4005 semi-acoustique. Le son est caverneux, presque sacré. Mani ne joue pas seulement des notes ; il sculpte une atmosphère. Cette introduction de 40 secondes est sans doute l'une des plus célèbres de l'histoire du rock.
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She Bangs The Drums : Ici, Mani adopte une approche plus pop et entraînante. La ligne de basse est bondissante, propulsant le morceau vers l'avant avec une énergie punk contenue par une précision pop.
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I Am The Resurrection : Le final épique de l'album. La première partie est une chanson pop classique, mais c'est la coda instrumentale qui révèle le génie du duo Mani/Reni. La ligne de basse funky et syncopée qui sous-tend le jam final est, selon Reni, inspirée du riff de Taxman des Beatles joué à l'envers. Mani maintient ce riff hypnotique pendant des minutes, permettant à Squire de tisser ses solos de guitare hendrixiens par-dessus. C'est le moment où le groupe transcende le format chanson pour atteindre une forme de transe musicale.
La Genèse de Fools Gold
En novembre 1989, les Stone Roses sortent le single qui allait définir l'ère "Madchester" : Fools Gold. Ce morceau de 9 minutes 53 secondes est un hybride parfait entre rock indé et dance music.
La genèse de la ligne de basse, qui est l'épine dorsale du morceau, est fascinante. Mani a expliqué qu'elle est née d'un accident heureux : "C'était censé être la face B de What The World Is Waiting For. J'ai juste commencé à déconner sur des claviers, essayant de poser une basse au clavier... et nous avons récupéré une boucle de batterie funky de Reni et l'avons samplée... et j'ai juste trouvé la ligne de basse".
Musicalement, cette ligne est un chef-d'œuvre de simplicité efficace. Elle est basée sur une gamme pentatonique mineure, mais jouée avec un "swing" si prononcé qu'elle en devient presque liquide. Elle tourne en boucle, hypnotique, invitant à la transe. Bien que le morceau utilise des boucles de batterie (le célèbre break "Funky Drummer" de James Brown, réapproprié), c'est l'exécution organique de Mani qui empêche le morceau de sonner mécanique. En concert, Mani jouait cette ligne avec une endurance physique remarquable, ne déviant jamais du "pocket" malgré la longueur du morceau.
Apprendre aux Indie Kids à Danser
Fools Gold a eu un impact sociologique majeur. Jusqu'alors, dans les concerts de rock indé, le public sautait ("pogo"). Avec Fools Gold, le public a commencé à danser. Les hanches se sont déliées. Alexis Petridis du Guardian a résumé cet impact : "La basse torturante et implacable de Mani était la sauce secrète des Stone Roses – elle a appris aux enfants de l'indie à danser".
Ce morceau a jeté un pont entre les cultures rock (les guitares, les paroles, l'attitude) et rave (la répétition, le groove, l'Ecstasy). Mani, avec son passé de fan de soul et de funk, était le passeur idéal entre ces deux mondes. Il a légitimé le groove aux yeux d'un public blanc habitué au post-punk austère.
Spike Island : Le Mythe et la Réalité
Le 27 mai 1990, les Stone Roses ont organisé leur propre "Woodstock" sur Spike Island, une île artificielle dans l'estuaire de la Mersey, site d'usines chimiques désaffectées. 27 000 fans ont fait le pèlerinage.
Sur le plan technique, le concert fut un désastre. Le vent emportait le son, et le système de sonorisation était insuffisant pour la taille de la foule. Cependant, de nombreux témoignages rapportent que si les guitares et les voix se perdaient dans la brise, les fréquences basses de Mani, omnidirectionnelles et puissantes, restaient le seul point de repère constant pour la foule. Sa basse agissait comme un phare, un battement de cœur géant unifiant la masse. Ce jour-là, Mani n'était pas seulement le bassiste ; il était le garant de la cohésion de l'événement.
La Traversée du Désert Juridique
Après le triomphe de Spike Island, le groupe est entré dans une période sombre. Un conflit juridique majeur avec leur label Silvertone les a empêchés de sortir de la musique pendant plusieurs années. Pendant cette période d'inactivité forcée, alors que la pression médiatique montait et que les relations internes commençaient à s'effriter, Mani a joué un rôle crucial de médiateur. Sa personnalité joviale, son humour et son absence d'ego surdimensionné ont souvent servi de tampon entre les personnalités plus volatiles de Brown et Squire.
Second Coming : Le Virage Led Zeppelin
Lorsque le groupe revient enfin en 1994 avec l'album Second Coming, le paysage musical a changé (Oasis et Blur dominent désormais), et le son du groupe aussi. Sous l'impulsion de John Squire, désormais obsédé par le blues-rock des années 70, les Stone Roses délaissent la pop psychédélique légère pour un son lourd, inspiré de Led Zeppelin.
Pour Mani, ce changement de direction a nécessité une adaptation technique. Il a dû troquer la fluidité mélodique de ses débuts pour un jeu plus lourd, plus ancré au sol, capable de soutenir les riffs massifs de Squire.
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Love Spreads : Sur ce single, Mani utilise une basse Gibson EB-3 (similaire à celle de Jack Bruce de Cream) pour obtenir un son plus "boueux" et distordu, saturant les médiums-bas.
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Breaking Into Heaven : L'intro de ce morceau reste un moment fort de l'album. Pendant plusieurs minutes, Mani et Reni tissent une toile rythmique complexe, mêlant des éléments de funk tribal et de rock progressif. C'est la preuve que même dans un contexte plus "rock dinosaure", leur alchimie restait intacte.
La Désintégration et la Fin Tragique
La tournée de Second Coming a marqué le début de la fin. Le départ soudain de Reni en 1995 a été le coup de grâce musical. Remplacé par Robbie Maddix, un batteur compétent mais dépourvu de la connexion télépathique avec Mani, le groupe a perdu son âme rythmique.
Puis, en avril 1996, John Squire quitte le navire. Mani, par loyauté envers Ian Brown et envers les fans, décide de continuer. "J'ai décidé, avec Ian Brown, qu'il était temps de mettre fin à la saga des Roses", annoncera-t-il finalement en octobre 1996, après une performance désastreuse au festival de Reading où le groupe, amputé de ses membres clés, n'était plus que l'ombre de lui-même. Cette décision de dissoudre le groupe fut un acte de miséricorde, préservant ce qui restait de leur héritage.
L'Appel de Bobby Gillespie
À 34 ans, Mani se retrouvait sans groupe, mais avec une réputation intacte. Il n'a pas eu à attendre longtemps. Bobby Gillespie, leader de Primal Scream, l'a immédiatement sollicité. Primal Scream était l'un des rares groupes que Mani respectait suffisamment pour envisager de rejoindre : "Je vais rejoindre Primal Scream, qui est l'un des trois seuls groupes que j'aurais jamais envisagé de rejoindre" (les autres étant The Jesus and Mary Chain et Oasis).
L'arrivée de Mani a sauvé Primal Scream. Le groupe écossais sortait d'une période difficile après l'album Give Out But Don't Give Up, perçu comme une pastiche des Rolling Stones. Ils avaient besoin de retrouver leur crédibilité et leur groove. Mani leur a apporté les deux.
Vanishing Point : L'Immersion Dub
L'album Vanishing Point (1997) marque le début de l'ère Mani. Le son du groupe devient plus sombre, plus cinématique, fortement influencé par le dub reggae et le krautrock.
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Kowalski : Sur ce titre, Mani livre une ligne de basse d'une lourdeur sismique. Il utilise l'espace entre les notes (le "silence") autant que les notes elles-mêmes, une technique typique du dub. Le son est profond, filtré, évoquant une menace urbaine latente.
XTRMNTR : La Violence Sonore
L'apogée créative de cette période est sans conteste l'album XTRMNTR (2000). Disque de protestation politique, violent et abrasif, il nécessitait un son de basse radicalement différent.
Pour obtenir la texture sonore unique de l'album, décrite comme "un troupeau de frelons" ou "le son d'un buffle d'eau" 17, Mani et le producteur Kevin Shields (My Bloody Valentine) ont expérimenté aux limites de la destruction matérielle.
Andrew Innes, guitariste du groupe, a révélé le secret de ce son : "Nous avions un ensemble de haut-parleurs Ampeg grillés... ils sonnaient tellement flous et méchants. Ils venaient de lâcher et j'ai pensé 'Ça sonne putain de bien! Je vais mettre un micro devant!'".
Sur des titres comme Swastika Eyes et Kill All Hippies, la basse de Mani n'est plus un instrument d'accompagnement ; c'est une arme d'assaut sonore. Distordue, compressée, elle propulse les morceaux avec une urgence militante. Mani prouvait ici sa capacité à évoluer, passant du groove "baggy" fluide des années 80 à l'agression industrielle du nouveau millénaire.
Le Concept des Trois Bassistes
Au milieu des années 2000, Manchester a vu naître un projet aussi ambitieux que périlleux : Freebass. L'idée était de réunir trois légendes locales de la basse : Mani (Stone Roses), Peter Hook (Joy Division/New Order) et Andy Rourke (The Smiths). Sur le papier, c'était un "supergroupe" de rêve pour les amateurs de fréquences basses.
Cependant, la réalité fut plus complexe. Andy Rourke a quitté le projet avant son aboutissement, laissant Mani et Hook, deux personnalités fortes avec des styles très distincts, aux commandes.
It's A Beautiful Life et la Guerre des Mots
L'album It's A Beautiful Life, sorti en 2010, est le fruit de cette collaboration difficile. Il contient des morceaux notables comme The God Machine ou Stalingrad, qui tentent de fusionner le jeu mélodique aigu de Hook avec le groove fondamental de Mani. Bien que l'album ait ses moments, il a souffert d'un manque de direction claire et a reçu des critiques mitigées.
La tension a culminé en septembre 2010, lorsque Mani a lancé une attaque virulente sur Twitter contre Peter Hook. Frustré par la promotion de l'album et des conflits personnels, Mani a accusé Hook de vivre sur "l'argent du sang d'Ian Curtis" et a qualifié l'album de "tas de merde".
Cet épisode, bien que violent, a révélé la passion brute de Mani. Il s'est excusé peu après, qualifiant ses propos de "réaction venimeuse" due à des problèmes personnels, et les deux hommes se sont réconciliés. Cela a montré que pour Mani, la musique était toujours une affaire de cœur et de tripes, jamais une simple transaction commerciale.
La Mécanique de la Réunion
Le 18 octobre 2011, l'impossible s'est produit. Les Stone Roses ont annoncé leur reformation complète. Mani a quitté Primal Scream — avec la bénédiction de Bobby Gillespie qui comprenait que "quand la famille appelle, on doit y aller" — pour reprendre sa place aux côtés d'Ian, John et Reni.
Heaton Park : La Consécration
Les concerts de retour à Heaton Park en juin 2012, devant 220 000 personnes sur trois soirs, ont été un triomphe émotionnel et technique. Mani, arborant une basse personnalisée avec le drapeau de l'Union Jack ou des motifs Pollock, était le pivot visuel et sonore du groupe. Les doutes sur leur capacité à retrouver la magie ont été balayés dès les premières mesures de I Wanna Be Adored. La section rythmique Mani/Reni n'avait rien perdu de sa souplesse.
La Tournée Mondiale et l'Adieu
La tournée s'est poursuivie jusqu'en 2017, avec des moments forts comme le concert à La Cigale à Paris en 2013. Dans cette salle intime, loin des stades, l'alchimie du groupe était palpable. Un critique présent notait : "Mani à la basse = la machine rythmique... rarement avais-je ressenti un tel sentiment d'amour sur scène".
Cependant, l'élan créatif s'est essoufflé. Malgré deux nouveaux singles en 2016 (All For One et Beautiful Thing), l'album tant attendu n'est jamais venu. En juin 2017, à Glasgow, le groupe se sépare définitivement. Mani, fidèle à lui-même, se retire discrètement, annonçant sa retraite de la musique en 2021 pour se consacrer à sa famille et à la pêche, une autre de ses passions.
L'Amour et la Stabilité
Derrière l'image du fêtard invétéré de l'Hacienda se cachait un homme profondément attaché aux valeurs familiales. Mani a trouvé son équilibre auprès d'Imelda Mounfield, une organisatrice d'événements respectée. Ils se sont mariés et ont eu des jumeaux, Gene et George, nés en janvier 2013. Installé à Heaton Moor, Stockport, Mani jouissait d'une vie tranquille, loin des excès de sa jeunesse, se consacrant à l'éducation de ses fils.
Le Combat contre le Cancer et le Deuil
Le destin a frappé cruellement en novembre 2020, lorsqu'Imelda a été diagnostiquée avec un cancer de l'intestin de stade 4. Le couple a affronté cette épreuve avec une dignité remarquable, levant des fonds pour des œuvres caritatives. Imelda est décédée le 18 novembre 2023, à l'âge de 52 ans. Ce fut un coup dévastateur pour Mani. "Mani était dévasté par la nouvelle", rapportent les proches, et il s'est retiré encore plus de la vie publique pour protéger ses enfants.
La Fin d'une Ère
Mani avait prévu de briser le silence en 2026 avec une grande tournée de conférences au Royaume-Uni, où il comptait raconter les anecdotes de sa vie incroyable. Ce projet ne verra jamais le jour. Le 20 novembre 2025, à peine deux ans après la mort de son âme sœur, Gary Mounfield s'est éteint chez lui, victime d'un malaise soudain.
La synchronicité des dates — mourir si près de l'anniversaire de la mort de sa femme — a ému le monde entier. Beaucoup y ont vu le signe d'un "cœur brisé" qui ne pouvait plus battre seul. Son frère Greg a annoncé la nouvelle avec une sobriété déchirante : "C'est avec le cœur le plus lourd que je dois annoncer le triste décès de mon frère Gary Mani Mounfield. RIP RKID".
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