
Une pédale de volume est souvent perçue comme un simple variateur de niveau, un accessoire utilitaire dont la fonction principale est de monter ou de descendre le volume. Pour les bassistes, cependant, ce n'est pas le cas. Une pédale de volume bien choisie est un outil essentiel de contrôle dynamique, qui ouvre un univers de possibilités tonales et expressives. Qu'il s'agisse de créer des swells d'une subtilité infinie, d'obtenir une coupure de son instantanée pour un accord, ou de permettre un accordage silencieux sur scène, l'utilité d'une pédale de volume va bien au-delà de sa fonction de base. La série Jim Dunlop Volume X, qui inclut les modèles DVP3 et DVP4, est une réponse à nos besoins, offrant une conception robuste et une polyvalence qui méritent une analyse approfondie. Le présent rapport se propose d'examiner en détail ces pédales, en évaluant leur pertinence et leurs performances pour le bassiste le plus exigeant.
Pour apprécier pleinement la série Jim Dunlop Volume X, il est essentiel de comprendre sa conception physique et ses spécifications techniques. Dunlop a proposé deux versions de la pédale afin de répondre à différents besoins en matière d'espace et de fonctionnalité.
DVP3 et DVP4 : l'histoire de deux formats
La principale distinction entre les modèles DVP3 et DVP4 réside dans leur taille, une considération cruciale pour tout musicien soucieux de l'immobilier de son pedalboard. La DVP4, ou Volume (X) Mini, est explicitement présentée comme faisant "la moitié de la taille" de la DVP3, tout en conservant les mêmes fonctionnalités. Ce format compact est conçu pour s'intégrer facilement aux pedalboards surchargés ou de voyage. Pour le DVP3, les dimensions officielles sont 65,4 mm de hauteur, 98,0 mm de largeur et 253,8 mm de longueur, pour un poids de 1,242 kg. Ces mesures sont importantes, car elles peuvent influencer de manière significative la disposition d'un rig.
Outre les dimensions, il existe une différence fondamentale dans l'agencement des E/S auxiliaires. Le DVP3 dispose d'une sortie "Tuner" dédiée, qui permet un accordage silencieux sur scène sans avoir à déconnecter la pédale du signal principal. Le DVP4, en revanche, rationalise cette fonction en un seul jack "AUX" qui peut être commuté, via un interrupteur interne, entre la fonctionnalité "Tuner" et "Expression". Le choix entre les deux modèles dépend donc de la priorité accordée à l'espace par rapport à la commodité des E/S dédiées.
L'une des caractéristiques les plus vantées de la série Volume X est sa technologie brevetée "Low Friction Band-Drive". Ce mécanisme est le cœur de la pédale et se distingue des conceptions traditionnelles à entraînement par corde, qui sont connues pour leur vulnérabilité à la rupture au fil du temps. En remplaçant la corde par une bande, Dunlop a cherché à résoudre un point de défaillance courant dans la conception des pédales de volume, offrant ainsi une fiabilité et une constance des sensations supérieures pour les musiciens qui se produisent fréquemment. La construction de la pédale reflète cet engagement en faveur de la durabilité, avec un châssis en aluminium robuste et une bande de roulement agressive antidérapante.
Bien que le mécanisme à entraînement par bande offre des avantages évidents en termes de durabilité, le ressenti du balayage de la pédale peut être une question de préférence personnelle. Certains utilisateurs trouvent que le mouvement est "très lisse et solide", tandis que d'autres, habitués aux pédales à corde, peuvent trouver que le mouvement est "trop collant" ou "moins progressif". C'est une distinction subtile mais importante qui peut influencer le style de jeu. La tension de la bascule est cependant entièrement réglable à l'aide d'une clé Allen de 7/64 pouces (fournie avec le DVP4) ou d'un tournevis à tête plate de 1/4 pouce (pour le DVP3), ce qui permet aux musiciens de personnaliser la sensation de la pédale en fonction de leur toucher.
Fonctionnalités clés et spécifications techniques
Les pédales Volume X sont des unités passives et ne nécessitent aucune source d'alimentation pour fonctionner en mode volume. Cette conception simplifie l'installation du pedalboard, réduisant le nombre de câbles et le risque de points de défaillance. Les principales connexions comprennent une entrée jack de 1/4 pouce pour l'instrument et une sortie jack de 1/4 pouce pour l'amplificateur.
Les pédales sont équipées d'un potentiomètre de 250 kΩ pour le mode volume et d'un potentiomètre de 10 kΩ pour le mode expression.4 En mode expression, il est possible d'utiliser un potentiomètre interne de 50 kΩ pour régler la valeur minimale d'un paramètre d'effet contrôlé par la bascule. Un autre interrupteur interne permet d'inverser la polarité du talon et de la pointe. Cette flexibilité intégrée est un atout majeur pour les bassistes qui souhaitent contrôler leurs effets de manière plus personnalisée.
Le ton est primordial. La question de savoir si une pédale de volume altère le son, ou "aspire le ton" (tone suck), est un sujet de préoccupation majeur. La série Dunlop Volume X, comme toute pédale passive, est confrontée à ce dilemme.
Les commentaires des utilisateurs sur la question de la "perte de tonalité" sont contradictoires, certains signalant un effet négatif sur leur son tandis que d'autres affirment qu'il n'y a "aucune perte de tonalité". Cette disparité s'explique par la nature du signal électrique et l'agencement du pedalboard.
Une pédale de volume passive est essentiellement un potentiomètre qui réduit le signal. Le problème survient lorsque cette pédale est placée dans la chaîne de signal avec d'autres pédales true-bypass et des câbles plus longs. Cela crée une charge d'impédance qui peut agir comme un filtre passe-bas, atténuant les hautes fréquences et donnant un son "sourde et sans vie". Ce problème est particulièrement marqué sur les pédales passives dotées d'une sortie accordeur, car le signal est divisé, ce qui ajoute une charge supplémentaire et peut dégrader le son.
La solution est simple et a été testée et vérifiée par des musiciens. En plaçant un buffer de haute qualité ou une pédale dotée d'un buffer toujours actif (comme une pédale Boss ou un accordeur doté d'un bon buffer) juste avant la pédale de volume, la perte de signal est évitée. Le buffer amplifie le signal pour qu'il puisse traverser la charge d'impédance sans perte de clarté. Cela permet aux musiciens de bénéficier de la simplicité d'une pédale passive tout en conservant l'intégrité de leur tonalité, résolvant ainsi le problème des rapports contradictoires sur la "perte de tonalité".
L'impédance est un autre facteur important qui affecte la tonalité. Les pédales de volume passives sont équipées de potentiomètres dont la valeur de résistance (en ohms) doit être adaptée au type de micros. Les pédales de la série Dunlop Volume X sont équipées de potentiomètres de 250 kΩ pour le volume. Selon les principes de l'impédance, une pédale de 250 kΩ à 500 kΩ est idéale pour les micros passifs, tandis qu'une pédale de 25 kΩ à 50 kΩ est préférable pour les micros actifs. Le potentiomètre de 250 kΩ de la série Volume X est donc parfaitement adapté aux basses passives. Un utilisateur a d'ailleurs confirmé que la pédale fonctionnait "très bien avec des basses actives et passives", ne notant "aucune perte de tonalité". Cette observation pratique confirme que le DVP3/DVP4 peut être utilisé avec succès dans diverses configurations pour les bassistes, ce qui en fait un outil polyvalent.
Le ressenti du mouvement de la pédale de volume et la fluidité de son balayage sont des aspects hautement personnels. Certains utilisateurs apprécient le mouvement du DVP4, le décrivant comme "solide" et "fluide". Cependant, d'autres critiques mentionnent que le balayage n'est pas aussi progressif que celui de certains concurrents et qu'il présente un "saut" de volume perceptible vers la position de la pointe.
La série Dunlop Volume X ne se contente pas de contrôler le volume. Sa double fonctionnalité et sa conception intelligente permettent des applications stratégiques pour le musicien de basse.
Le placement d'une pédale de volume dans la chaîne de signal a un impact profond sur la tonalité. Il existe deux options principales pour les bassistes :
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Avant les effets de gain (Pre-Gain) : Placer la pédale en amont des pédales d'overdrive ou de distorsion lui permet de fonctionner comme le bouton de volume de la basse. Elle contrôle la quantité de signal qui entre dans la pédale de gain, ce qui permet des transitions subtiles entre les sons clairs et saturés.13 Un bassiste peut utiliser la pédale pour obtenir un son clair en position "talon" et faire monter le volume progressivement pour saturer l'effet et l'ampli, créant ainsi un "swell de gain" qui va au-delà du simple changement de volume.
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Après les effets de gain (Post-Gain) : En plaçant la pédale de volume après les pédales de gain ou dans la boucle d'effets de l'ampli, elle agit comme un contrôle de volume principal pour le rig. Dans ce scénario, le caractère de saturation des effets de gain reste constant, et seule l'intensité du signal change. Cela est idéal pour ajuster le volume final sans modifier le caractère tonal de l'effet.
Créer des swells et des coupures de son silencieuses
La principale application de la pédale de volume est la création de swells dynamiques. En utilisant un positionnement pré-gain, le bassiste peut désactiver le son au niveau de la pédale, frapper une note, et augmenter le volume de manière progressive, créant un effet de fondu enchaîné sur la note soutenue, ce qui peut être particulièrement efficace avec les effets de délai et de réverbération.
Pour les performances en direct, la sortie accordeur est un atout majeur. La sortie accordeur du DVP3 et la sortie AUX du DVP4, en mode accordeur, reçoivent un signal constant, quelle que soit la position de la pédale. Cela permet un accordage instantané et silencieux sur scène en plaçant la pédale en position talon, ce qui coupe le signal vers l'ampli tout en laissant l'accordeur recevoir le signal pour un ajustement rapide et discret.
La double fonctionnalité des pédales Volume X est l'une de leurs caractéristiques les plus puissantes. En mode expression, les pédales peuvent contrôler un paramètre d'effet sur des unités numériques et des pédales d'effets modernes qui acceptent les entrées expression. Pour l'utiliser, il faut connecter la pédale à l'effet via un câble stéréo (TRS) et basculer le sélecteur interne en mode "EXP".
La capacité de personnaliser le fonctionnement de la pédale est particulièrement avantageuse ici. Le potentiomètre interne de 50 kΩ permet aux utilisateurs de définir la valeur minimale du paramètre contrôlé par la bascule. Cette personnalisation permet aux bassistes de définir avec précision le point de départ de leur balayage, garantissant une utilisation optimale avec des effets complexes. Un bassiste peut par exemple utiliser le DVP3 pour contrôler le filtre d'une pédale wah, le mix d'un délai, ou la vitesse d'une modulation, en s'assurant que la pédale ne balaie que la plage de paramètres souhaitée. Cette polyvalence est ce qui fait du Dunlop Volume X un outil précieux pour les bassistes qui utilisent des rigs numériques avancés comme le Kemper, le Quad Cortex, ou les pédales Strymon/Eventide.
Le Face-à-Face Dunlop et la concurrence
Dunlop vs. Ernie Ball VP Jr : L'éternel débat
Le débat entre la Dunlop Volume X et la Ernie Ball VP Jr est un classique dans la communauté des musiciens. Le point de friction principal est le mécanisme de la pédale. L'Ernie Ball VP Jr. est connue pour la fluidité de son action grâce à son système d'entraînement par corde, mais cette corde est également son point faible, car elle a tendance à se casser avec le temps et l'usage. Le mécanisme breveté à entraînement par bande de Dunlop est une réponse directe à ce problème, offrant une durabilité et une tranquillité d'esprit supérieures, en particulier pour les musiciens qui se produisent fréquemment.
Sur le plan de la tonalité, les deux pédales sont passives et sont confrontées aux mêmes problèmes potentiels de "perte de tonalité". Les solutions pour y remédier (l'ajout d'un buffer) sont identiques pour les deux. Le choix se résume donc à une question de ressenti et de fiabilité à long terme. La Dunlop est souvent perçue comme un choix plus solide et plus fiable, tandis que l'Ernie Ball est parfois préférée pour la sensation de son balayage.
D'autres marques ont également des produits dignes d'intérêt pour les bassistes. La série Lehle (par exemple, la Mono Volume S) est une option haut de gamme qui utilise un contrôle optique et intègre un buffer. Elles sont réputées pour leur transparence et leur robustesse, mais sont également nettement plus chères. Le Boss FV-500H est une autre pédale très populaire, souvent louée pour sa construction en "tank" et sa fiabilité inébranlable. Les marques telles que Mission Engineering sont également spécialisées dans les pédales de volume et d'expression, en mettant l'accent sur les solutions bufférisées pour résoudre le problème de l'aspiration de la tonalité. Enfin, des marques plus spécialisées pour les bassistes, comme EBS, proposent des pédales spécifiquement conçues pour l'instrument.
En fin de compte, la série Dunlop Volume X est un choix judicieux pour celui qui valorise la fiabilité et la polyvalence. Pour le musicien qui se produit sur scène et qui a besoin d'un outil fiable et sans défaillance, le DVP3 est un choix de premier ordre. Pour celui qui a un pedalboard surchargé ou de voyage, le DVP4 est une solution compacte qui ne fait aucun compromis sur la fonctionnalité. Pour le bassiste de studio ou de création qui souhaite contrôler des paramètres d'effets complexes en temps réel, les fonctions de personnalisation en mode expression font de cette pédale un atout inestimable pour un rig moderne.
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