Sarah Murcia, Eyeballing

Avec Eyeballing, Sarah Murcia signe un album qui ne ressemble à aucun autre : un quartet inattendu (contrebasse, saxophones, tuba, piano/é-drums) explore des terrains où l’improvisation, le chant parlé, la pop décadrée et les grooves obliques se mêlent en une musique à la fois instinctive et hautement réfléchie. 

L’album ouvre sur des textures denses et narratives comme The Caretaker et Monkey, où la voix de Murcia oscille entre poésie décalée et cadence rythmique presque percussive, invitant l’auditeur à entrer dans un univers où les mots comptent autant que les sons. 

La présence du tubiste François Thuillier ajoute une dimension orchestrale – ses lignes de tuba s’imposent parfois comme un contrepoint aux basses profondes de Murcia, brouillant subtilement les repères sonores.  Quant au saxophone d’Olivier Py, il traverse l’espace musical comme un souffle incandescent, faisant vibrer les ensembles d’une énergie maîtrisée.  Enfin, Benoît Delbecq, tour à tour pianiste et maître des e-drums, donne à cet écrin une pulsation hybride, où l’électronique et l’acoustique dialoguent sans concessions. 

Ce qui frappe dans Eyeballing, c’est cette capacité à croiser les genres sans les réduire, à convoquer des influences jazz, pop ou improvisées sans jamais sacrifier l’audace. L’auditeur est invité à entendre d’abord les sons, puis les liens entre eux, comme une invitation à repenser l’écoute.